
4 7 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
• ■ tréfors des égiifes de S. Pierre Si de S. Paul, Si les
A N. 7 74. fit i l bien fermer , que le roi n’y pouvoit entrer
qu’en brifant les portes. Enfuite il envoïa au roi
un é c r it, où il le conjuroit par tous les divins myf-
teres, de ne point entrer fans fon congé fur les ter-
'res des Romains. Cette proteftationfut portée par
trois évêques, Euftrate d’Albane, André de Pre-
nèfte Si Théodore de Tibur : Si le roi 1 aïant reçue
à Vicerbe, y eut tant d égard , qu il s en retourna
f chez lui. .
Cependant il aifuroit le roi Charles, qu il avoit
rendu les villes prifes, Si fait juftice à leglife R omaine.
Charles pour s’éclaircir avant toutes chofes
de la vérité du fait, envoïa à Rome un évêque nommé
George,Vulfard abbé de S. MartindeTours, Si
Albin fon favori : à qui l’on fit voir fur les lieux tout
le contraire , Si que Didier n avoit rien rendu.
Charles aïant encore effaïé plufieurs fois d obliger
Didier à traiter à l’amiable : palfa enfin les Alpes,
Si l’aifiegea dans Pavie, où il s’étoit enfermé. Cependant
tous les Lombards de Rieti Si de Spolete
vinrent fe donner au pape Adrien ; qui les aïant at-
femblezdans l’églife, de S. Pierre ,leur fit prêter ferment
de fidélité pour lui Si fes luccefleurs : ajares
quoi ilsfe firent couper la barbe Si les cheveux a la
maniéré des Romains 1 Si le pape leur donna pour
duc l’un d’entr’eux, qu’ils choifirent, nomme Hil-
debrand. Leshabitans de Fermo Si d’Oilimo, d’An-
cone Si de Foligni, en firent de même.
Le fiege de Pavie dura fix mois, Si le roi Char-
Charles à R om e . les y pafl’a l’hyver Si le carême de 1 annee 774-
L i v r e q u a r a n t e -q u a t r i e ’m e .' 4 7 7
Quand il vit approcher la fête de Pâques , il réfolut
de fatisfaire le defir ardent qu’il avoit de vifiter les A
égiifes des faints apôtres ; Si marcha vers Rome ,
accompagné de plufieurs évêques Si plufieurs ab-
bez. Il menoic auffi des ducs, des comtes Si d’autres
feigneurs, Si des troupes pour fa sûreté. Il hâta
fa marcha pour arriver à Rome le famedi-faint,
qui étoit le fécond jour d’Avril. Le pape Adrien
extrêmement furpris de cette agréable nouvelle ,
envoïa toûs les magiftrats de Rome au devant du
ro i, jufqu’à trente milles , ou dix lieuës, où ils le
reçurent avec la banniere. Quand il fut â un mille
de Rome, le pape envoïa au devant toutes les
compagnies de la milice avec leurs chefs ; Si tous
les enfans que l’on inftruifoit dans les écoles, portant
des rameaux dé palmes Si d’oliviers, Si chantant
des acclamationsà la loüange du roi. On por-
toit auifi devant lui les croix comme on avoit ac-
coûtumé de faire à la réception d’un exarque ou
d’un patrice: en un mot on lui rendit les plus grands
honneurs.
Le roi Charles étoit alors âgé de vingt-fept ans , e¡¡n
delà plus grande taille, les yeux grands Si vifs, le
nez aquilin, le vifage gai. On voit encore fon
portrait fur quelques fceaux de fes lettres. Si-tôt
qu’il vit les croix que l’on portoit à fa rencontre,
il defcendit de cheval avec les feigneurs qui l’ac-
compagnoient, Si s’avança à pied jufqu’à l’églife de
faint Pierre. Le pape étoit venu dès le grand matin
; Si l’attendoit avec fon clergé , fur les degrez
que le roi baifa tous; puis il embraifale pape, Si le
O o o iij