
peuple 8i des évêques voifins, il reçût d’eux la
confécration épifcopale le quinzième de Juin, l’an
7 66. Il rebâtit magnifiquement le monaftere de S.
Pierre de Salibourg, dont il avoit été abbé ; &
en transfera le corps de faint Rupert dans une nouvelle
églife dédiée au faint, qui devint la cathédrale.
Boruth duc des Carantnas, ou Carinthiens aïant
donné fon fils Carafte en otage aux Bavarois, demanda
qu’il fût baptifé, & élevé à la maniéré des
chrétiens. Il fit la même priere pour fon neveu
Chetimar ; & ils furent depuis l’un après l’autre
ducs de Carinthie. Le duc Chetimar venoit tous
les ans au monaftere de faint Pierre s’offrir à Dieu ,
& faire quelque prefent. Il pria faint Virgile de venir
vifiter fon peuple, & le confirmer dans la foi :
& S. Virgile n’y pouvant aller , y envoïa à fa place
un évêque nommé Modefte, avec quatre de fes
prêtres, un diacre, & quelques clercs : lui donnant
le pouvoir de confacrer des égiifes, & faire des ordinations.
Modefte y demeura tant qu’il vécut.
Après fa mort le duc Chetimar pria encore S. V ir gile
de venir ; mais il le refufa à caufe d’une ré-
voire qui s’étoit élevée dans le païs. Il y envoïa feulement
un des quatre prêtres qui avoient accompagné
l’évêque Modefte : & qu’une autre fédition
obligea bien-tôc à quitter. Après qu’elle fut appai-
fee, faint Virgile y envoïa deux autres prêtres : l’un
après J’autre ; mais le duc Chetimar étant mort ,
& le païs en trouble, il demeura quelques années
fans prêtre. Enfuite à la priere du duc Vatune,
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faint Virgile y envôïa jufques à quatorze prêtres, à
quatre diverfes fois. Tels furent les commence-
mens de leglife de Carinthie.
S. Virgile voulant déraciner les reftes d’idolâtrie,
qui pouvoient fe trouver encore dans fon diocefe,
& y affermir la f o i , en fit la vifice en perfonne: au
grand contentement des peuples, qui defiroient de
le voir depuis long-temps. Les feigneurs de chaque
païs venoient au-devant de lui avec pompe, les per-
fonnes de pieté l’accompagnoient en foule : c'étoit
à qui le recevroit II confacra plufieurs égiifes, ordonna
des clercs, & par la Carinthie , vint jufques
aux confins des Huns , où le Drave fe rend dans le
Danube. Etant de retour chez lu i, il connut que fa
fin étoit proche : &: aïant célébré les faints myfte-
res, il fut attaqué d’une legere maladie qui l’emporta
le vingt-feptiéme de Novembre,l’an 780. Il
fut enterré dans le-monaftere de faint Pierre, quil
avoit gouverné & rebâti.
Le roi Didier voïant que tous fes artifices avoient
été inutiles, pour obliger le pape Adrien à le venir
trouver & facrer les enfans de Carloman ; forcit de
Pavie avec eux & avec fes troupes, & marcha vers
Rome. Il envoïa devant en avertir le pape, qui
répondit : Si le roi ne rend les villes qu’il a promi-
fe s , &c ne nous fait entièrement juftice , il eft inutile
qu’il fe donne la peine de venir ; car il eft im-
poflïble que je paroiffe devant lui. Cette réponfe
n’arrêta pas Didier ; & le pape fçaehant qu’il ap-
proehoit, raffembla les troupes qu’il put pour la de-
Îenfe de Rome, y fit porter tous les ornemens & les
O o o ij