252 H I STOIRE ECCLES I ASTIQUE.
a _ puis d’Y o r c ,& par le commandement de S. Ceolfrid
ion abbé, car le monaftere de Jarou étoit dans le dio-
cefe d’Hagulftad. Depuis que, Bede fut prêtre il s’appliqua
à écrire principalement fur l’écriture fainte. Il
compofa premièrement fa petite explication fur l'é-
pître de S. Jean, puis l’explication fur l’apocalypfe,
dédiée à Hubert fornommé Eufebe, depuis ion abbé.
Eniuite il commenta les a êtes des apôtres par l’ordre
d’Acca, qui fut évêque d’Hagulftad depuis l’an 70 g.
Il expliqua enfuite l’évangile de iàint Luc , puis
les trente queftions fur les livres des rois à la prière
de Northeme alors prêtre de Londres, & depuis,
archevêque de Cantorberi. Enfuite il donna le commentaire
fur Samuel, dont il commença le troifié-
me livre après la mort de l’abbé S. Ceolfrid, c’eft-à-
dire en 7 1 6 . Il donna l’explication for faint Marc
long-tems après celle de S. Luc ; il en fit une fur fàint
Paul, & for les épîtres canoniques, recueillie avec
un grand travail des écrits de iàint Auguftin,' Il
acheva le livre des fix âges du monde la neuvième
année de l’empereur Léon Ifaurien, c’eft-à-dire
l ’an 724.
Cet ouvrage deBede lui attira des reproches de quelques
ignorans qui le trairoient d’heretique, juiques
à faire contre lui des chanibns:prétendant qu’il difoit
que N . S. ne s’étoit pas incarné dans le iixiéme âge du
monde. Le fondement de cette calomnie étoit que
Bede préférant avec faint Jerôme l’original Hebreu
à la verfion des iéptante, comptoit moins de cinq
mille ans julques à la venue de J. C. ainiî c’étoit la même
objeétion des Juifs refutée environ quarante ans
L i v r e q u a r a n t e - d e u x i e ’ m ï . 233
auparavant par S. Julien de Tolede. Bedefénfible-
ment allarmé de cette accuiàtion d’hereiie , écrivit
une lettre apologétique à un moine nommé Plegoüin
où il juftifie doéiement là Chronologie ; & montre
qu’il n’y a aucun fondement à l’opinion vulgaire qui
couroit alors, que le monde devoir durer fix mille
ans. En un mot que l’on ne doit chercher par aucune
conjecture le tems de la fin du monde que Dieu a
voulu nous tenir caché.
Bede écrivit auiïi la vie des cinq abbez qui a-
voient gouvernez jufques alors les deux monafteres
de Yiremouth & de Jarou : fçavoir iàint Benoît
Bifcop, iàint Ceolfrid, Eftervin , Sigefrid
& Vitbert, ce qui comprend l’hiftoire de ces monafteres.
L ’hiftoire ecclefiaftique des Anglois fut un de
fes derniers ouvrages. Il y fut principalement exci- CcoU
té & aidé par l’abbé Albin diiciple de iàint Théodore
& d’Adrien, qui étant très-inftruit de tout ce
qui regardoit l’églife de Cantorberi & les pays voi-
fins , en envoya de bons mémoires à Bede parNor-
thelme prêtre de Londres,qui lui rapporta encore
plufieurs choies de vive voix. Northelme alla enfuite
à Rome, & avec la permiffion du pape Grégoire
III. chercha dans les archives de l’égliiè, & en tira
plufieurs lettres de S. Grégoire & des autres papes,
qu’il apporta à Bede pour les inférer dans ion hif-
toire. Daniel évêque de Vinceftre lui fournit quelques
mémoires touchant l’hiftoire ecclefiaftique des
provinces d’OüeiTex & de SuiTex & de l’iile deOüiéb.
Il apprit des moines de Leftinguen la converfion
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