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414 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
■------------- ■ pour embrafTer la vie monaftique. Il changea Ton
A N. 763- nom en celui d’Anne, la prit pour fa fille fpirituelle,
& la mit au monaftere des femmes, qui
étoit au bas de la montagne , la recommandant
particulièrement à la fuperieure. Les calomniateurs
fubornerent une efclave qui la fervoit, lui promettant
de l’affranchir & de la marier à un officier du
palais, afin de lui faire dire ce qu’ils vouloient contre
fa maîtreffe & contre Etienne,
? • ! Ils envoïerent le libelle d’accufation par un Courier,
à l’empereur en Scytie. L’aïant lû , il écrivit
aufïi tôt en ces termes au patrice Anthés, qu’il avoir
laiffé fon lieutenant à C .P . Nous vous ordonnons
d’aller au plus vite au mont d’Auxence,çù demeurent
des femmes corrompues, qui feignent d’être
t- 4«j- pieufes. Emmenez de là une nommée Anne,& nous
l’envoïez au camp par ces mêmes couriers, en diligence,
Anthés exécuta l’ordre ponéluellement. Il
arriva au monaftere , comme les religieufes chan-
toient tierce. Les foldats qui l’accompagnoient
entrèrent infofemment dans l’églife , à grand bruit,
faifant briller en l’air leurs épées nues. Léchant fut
changé en cris pitoïables ; l’une fe refugioit dans la
baluftradè du fanétuaire, une autre fe cachoit fous
l’autel, une autre couroit vers la montagne. L’abbef-
fe qui étoit en retraite dans une cellule > aïant appris
ce defordre, vint hardiment, & dit à ces hommes ;
chrétiens, fi vous efperez en Dieu pourquoi faites-
vous comme les barbares infidèles ? Ils lui répon-
ÿ.4«j. dirent doucement: Donnez -nous Anne l’amie d’E-
tienne; l’empereur enabefoinàl’armée. Lafuperieu-
L i v r e q u a r a n t e - t r o i s i e ’m e . 41 j
re l’appella avec une autre nomméeTheophano, & --------------
leur dit : Ailes mes enfans, vers l’empereur, & ré- A n . 763.
pondez fagement à fes interrogations. Allez en ?• 4«4-
paix , allez : le Seigneur foit avec vous. Elles prirent
leurs manteaux, fe mirent à genoux, reçurent
fa benediéfion, & partirent.
Quand elles furent arrivées à l ’armée,l’empereur
les fit féparer ; &c aïant fait venir Anne , il lui dit :
Je fuis perfuadé de ce que l’on m’a dit de vous , je
connois la foiblefTe des femmes. Dites-moi donc
comment cet iropofteur vous a fait renoncer à la
fplendeur de votre famille, pour prendre cet habit
de tenebres ? Il nommoit ainfi l’habit monaftique ,
parce qu’il étoit noir. Anne lui répondit: Seigneur, p. 4«î< ,
je fuis devant vous : tourmentez-moi, tuez-moi,
faites ce qu’il vous plaira, vous-n’entendrez de moi
que la vérité. Je ne connois cet homme que comme
un faint, qui me conduit dans la voie du falut.
L’empereur ne fçut que lui dire ; il demeura aflis,
fe mordantle bout du doigt,& remuant l’autre main
en l’air ,-qui étoit fon gelle ordinaire. Il fit garder
Anne , & renvoïa fa compagne malgré elle au mo-
naftere où elle raconta tout ce qui s’étoit paffé à
l’abbeffe & à faint Etienne.
L’empereur étant re venu à C.P. fit enfermer An- p. 4«,
ne dans la prifon du bain, qui étoit très-obfcure ,
avec des fers aux mains. Voulant l’interroger, il lui
envoïa la veille un des eunuques de fa chambre ,
pour lui perfuader par menaces & par promeffes,
d’avoüer publiquement le commerce criminel,dont
on l’accufoit avec Etienne , puifqu’elle étoit déjà