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SS.Ben. f . j u .
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194 H i s t o i r e E c c e e s i a s t i q u ê .
riva à Païens autrement Fajz près de Treves o ù Âcfeîe
a vo it fondé un monaftere dont elle étoit abbeflè. Il .
v.tom. j.p. s,i. y fu t reçu avec grande ch a r ité , & aprcs qu’il eût célébré
la meffe, comme il faifoit prefque tous les jours ,•
il fe mit à table avec l’abbelïè & là famill e. Pendant
le repas on fit lire l’écriture fàinte par le jeune G ré goire
âgé d’environ quinze a n s , revenu depuis peu
des écoles & de la c o u r , & encore laïque ; on lui
donna le livre , & après a vo ir reçu la bénédiction
il commença à lire & s’en acquitta fo r t bien. A lo r s
le faint prêtre lui dit : V o u s liiez bien , mon fils ,<
fi vo u s entendez ce que vou s lifez. Le jeune h om me
dit qu’il le fa vo it bien , & recommença à lire.
Le prêtre l’arrêta , & lui dit : M o n fils , ce n’è fi pas
ce que je demande, mais que vous m’expliquiez ce
que vous liiez en vô tre langue maternelle. II a voü a
qu’ il ne le p o u vo ir ; & le faintprêtre lui dit | V o u lez
vous que je le faflfe ; Je vous en p r ie , répondit-
il. Alors O ü in frid lui dit r Recommencez & liiez
d iftin é lem en t, d’o ù il prit oc cafion d ïnftru ire l’ ab-
beffe & tou te là famille. A in fi on v o it que ces
leétures fe faifbient en latin. Grégo ire fu t fi to u ch é
du difcours d’O ü in f r id , qu’au ffi-tô t il alla tro u v e r
l’abbefTe fon ayeule , & lui dit qtx’il v o u lo it aller
avec le faint homme p o u r apprendre l’écriture fàinte
& devenir ion difciple. Elle lui refufà d’abord de le'
laiilèr fuivre un homme qu’elle ne conn o fifo it p o in t ,
& ne fâ vo it o ù il a lloit. Si vous ne me donnez
po int de c h e v a l, dit Grégo ire , je le fuivrai à pied.
Enfin il tint fi ferme qu’elle lu i donna des valets ÔC
des c h e v a u x , & lui permit d’aller.
L i v r e q ü a r a n t ï -ü n i e *w e . 19^
C e v o y a g e fu t très-rude principalement pour un
jeune homme nourri dans les délices delà mailonde
fo n pere : car quand ils entrèrent dans la Turinge
ils la trouvèrent brûlée & ruinée par les Saxons païens
qui étoient vo ifins. Le peuple é toit fi pauvre qu’à peine
avoit-il de qu oi viv re , encore falloit-il le faire ve nir
de lo in : ainfi les millionnaires étoient réduits à
fubfifter du travail de leurs mains. Souvent la crainte
des païens les ob ligeo it à le réfugier dans la ville
avec les gens du païs, Sc y viv re long-tems fo r t à l’étro
it : jufqu’à ce que l’on eût alfemblé des troupes fuf-
filàntc spou rles repoulïèr.
Après a vo ir ainfi travaillé quelque tems O ü in frid
en v o y a à Rome un des liens avec une lettre o ù il ren-
d o it compte au pape du fuccés de là m illio n , & le
eo n fu lto it fur quelques diffieultez. Le pape par là
réponfe l ’invita à venir : il o b é i t , & arriva à Rome
po u r la féconde fois , accompagné de plufieurs de
lès dilciples. Le pape l’ayant appris ordonna q u ’il
fû t bien reçû dans la mailbn d’holpitalité , puis
l ’ayant fait venir à làint Pierre il l’interrogea fur la
fo i de Péglilè, O ü in fr id lui demanda du tems pour
écrire là confe lfion de f o i , & l a lui apporta. Le pape
la lui rendit quelques jours après , & l’ayant fait
alfeoir l ’exhorta à conferver cette doétrine & à
l’enlèigner aux autres. Il pafla prefque tou t le jour
à conférer avec l u i , lui faifant plufieurs queftions
fur les matières de la religion &. fur la conv erfion
des infidèles.
Enfin il lui déclara qu’il v o u lo it le faire évêque
po y r çes peuples qui n’avoient po int dé pafteur. Le
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A n. 72 j
X X X V I I .
S a in t Bonifâc©
é v ê q u e .