
388 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
partient, à caufe d’pne petite églife dans U t r e d ,
queV illebrod trouva ruinée jufquesaiys fondemens,
& l’aïant rebâtie , la dédia en l’honneur de faint
Martin. Il rapporte que le.roiDagobert avoit donné
la ville d’Utre&avec cette églife ruinée a l’églife
de C ologne, à condition que Tévêque de Cologne-
convertiroit les Friions, c e q u il n a point fait. Il
ne les a pas même prêchez, &i ils font demeurez
païens jufques à la million de Villebrod. Maintenant
l’évêque de Cologne veut s’attribuer Utrcét ,
& en fupprimer le fiége épifcopal. Je lui ai repondu
, que la commiifion du faint fiége pour y établit
un évêque qui prêche a la nation des Frifons, etoit
plus confiderable que la fondation d’une petite églife
ruinée, & abandonnée par la négligence des évêques
de Cologne : mais il n’en demeure pas d’accord.
Aïez donc la bonté de me' mander fi vous
coint. *n. Tjj. ». approuvez ma réponfe ; & de faire copier dans Igs
, archives de votre églife tout ce que le pape Sergius Ann.Fuld. an. . P 1,/ a 1 1 r I , 7n- a écrit fur cefujet a i eveque Villebrod : ou li vous
en jugez autrement, me le faire fçavoir , afin que
je m’y conforme. L’évêque de Cologne etoit alors
Hildebert, qui venoit de fucceder à Hildegaire tué
par les Saxons, aufquels le roi Pépin l’avoit envoie
pour traiter de la paix,
xx. Ce fut peut -être cette entreprife de l’évêque de
Cologne qui obligea S. Boniface à retourner en
Frife , bien que chargé d’années &c d’infirmitez.
Mais il n’entreprit ce voïage que de concert avec le
roi ; & après avoir converti & baptifé en Frife
grand nombre de païens, il revint au bout d un
L i v r e q j i .a r a n t e - t r o i s IiE -V e , ,389 _ _ _ _ _ _
allez longtemps à fes églïfes de Germanie, la dixie- ^ L ,-
nie année de la fondation de Fulde, c eit-.a-direl an
7 f4. L’année fuivante il retourna en Frife : mais
avant •que de -partir il fe pourvut d un fucceiTcut
dans le fiége de-Maïence, &. ce.fut le prê.t;e Lulle A c la fanft. Fen*
un de fes plus fidelés difciples. Il étoit né en A nr ^-4-
gleterre , ôc avoit ete moine dans le monaftere de
Maldube ou Malmeiburi. Il paiTa en Germanie vers,
l’an 731. avec quelques autres, a la priere de faint
Boniface, pour l’aider en fes travaux apoilpliques. Sup. llV. Ï L ï î » »
Etant déjà prêtre il fut envoïé à Rome par S. Boni- S7>
face vers le pape Zacharie en 751. comme il a été
dit ; & trois ans après ordonné éyêque en 7*4. fui-
vant la petmiffion que le même pape avoit donnée
à S. Boniface, de fe choifir un fucceiTeur. Pour faire
agréer ce choix au roi Pépin, S. Boniface écrivit a
l’abbé Fulrad en ces termes :
Je ne puis allez vous rendre grâces de l’amitié
que vous m'avez fouvent témoignée dans mes be-
foins : mais je vous prie d’achevercc que vous avez,
fi bien commencé, & de rapporter au roi, que mes
amis ôi moi, nouscroïons que mes i'nfirmitcz doivent
bientôt terminer ma vie, Ç eft pourquoi.je . le
conjure de me faire fçavoi-r des—arpGÎènt, quelle
grâce il veut faire à mes difcipiès ^pres ma mort.
Car ils font prefquc to u s étrangers : quelques-uns
prêtres, répandus en divers lieux pour le fervice de
l’églife : d’autres font moines, établis dans nos petits
monafteres, où ils prennent foin d’inftruire les
enfans. Il y a des vieillards qui ont long-tèfnps vécu
avecmoi,mefoulageant dans mon travail. Je fuis-
C c c iij,