
An. 69 4.
ff. 117.
L V I .
S e iz ièm e c o n c
i le d e T o l e d e .
tom. 6, conc• /.
117.
122 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
églife. Leonce avec fès deux moines 8c les principaux
de fon parti alla trouver le patriarche, déjà
troublé de l’ordre qu’avoit reçu le patrice Etienne.
Leonce lui perfuada de venir au baptiftere, 8c
décrier : C’efticile jour qu’a fait le feigneur. Tout
le peuple s’écria : Q u ’on déterre les os de Juftir
nien : comme s’il eut été déjà mort ; 8c ils coururent
tous à l’Hippodrome. Le jour étant venu on
y amena Juftinien. Le peuple crioit qu’on le fit
mourir : mais Leonce épargna fa vie , à caufe de
l’amitié qu’il avoit portée à fon pefe Conftantinl
Il fe contenta de lui faire couper le nez, 8c de l’envoyer
en exil à la ville Cherfonne. Il avoit régné
dix ans ; 8c c’étoit l’an 694. Leonce fut auffi-tôt
proclamé empereur.
En Elpagne cependant il ie tint deux conciles,
le feiziéme 8c le dix-feptiéme deJTolede. Le premier
fe tint la fixiéme année du roi Egica , Ere 73 1 .
c’eft-à dire l’an 69 3. le fécond jour de May. Cinquante
neuf évêques y affîfterent avec cinq abbez,
8c trois députez d’évêqués abfens. Le roi y étoit en
perfonne accompagné de feize comtes. On y fit
dix canons de difeipline , dont le premier ordonne
que les Juifs, qui fe convertiront fincerement, feront
exempts des tributs qu’ils payoient au fife: confirmant
au furplus les loix précédentes contre ceux
qui demeureront endurcis. On défend tous les refîtes
d’idolâtrie : d’honorer des pierres, des fontaines,
ou des arbres : d’obferver les augures, ou pratiquer
des enchântemens. L’execution en eft recommandée
aux évêques, aux prêtres ou aux juges.
L i v r e q u a r a n t i e ’m ë . 123
Ceux qui pechent contre la nature font condamnez
à être feparez des Chrétiens pour toute leur vie,
recevoir cent coups de fo ü e t, être rafez par infamie
, 8c bannis à perpétuité. Ceux-ci non plus que
les idolâtres, ne recevront la communion qu’à là
mort : 8c encore après une digne peniténee. Celui
qui aura voulu fe tuer par defefpoir , fera privé de
la communion poiir deux mois. f
Il y avoit en Elpagne plufieurs églifès abandonnées,
parce qu’elles étoient trop pauvres, pour entretenir
un prêtre. On y offrôit rarement le fàcrifice
8c elles tomboient en ruine. En forte que les Juifs
s’en moquoient, 8c difoient qu’on n’avoit rien gagné
à détruire leurs fynagogues, puifque les églifes
des Chrétiens étoient en plus mauvais état. Pour y
remedier , le concile ordonne aux évêques d’employer
en réparations le tiers du revenu des églifès
de la campagne que les canons leur accordoient.
Que s’ils ne prennent point ce tiers, les prêtres qiii
fervent ces églifès ën feront les réparations. Nous
avons vû que faint Anfhert archevêque de Roüén
pratiquoit ce qu’ordonne ce concile. Il continue :
On ne donnera point plufieurs églifès à un même
prêtre: mais celles qui auront moins de dixferfs feront
unies à d’autres.Quelques prêtres employoient
pour leur fàcrifice leur pain ordinaire, dont ils cou-
poient une croûte ronde, 8c l’offroient fur l’autel.
Le concile ordonne de ne fe fervir pour ce faint
uiàge , que d’un pain entier , qui foit blanc, fait
exprès 8c en petite quantité : puifqu’il ne doit pas
charger l’eftomac, n’étant que pour la nourriture