
240 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
des affaires eccleiiaftiques, Sc Te conrenrer de celles
qui leur font confiées. Mais la concorde des empe-,
reurs & des évêques fait une feule puiflànce , quand
Qn traite les affaires avec paix 8c charité.
Vous nous avez écrit d’affembler un concile oe cuménique
: il ne nous femble pas à propos. C ’eft vous
qui perfecutezles images : arrêtez , & voustenezen
repos: le monde fera en paix , 8c les feandales cefi
feront. Suppofez que le concile eftaffemblé:oii eft
l’empereur pieux pour y prendre feanee fuivant la
coûtume, recompenfer ceux qui parleront b ien , 8c
pourfuivre ceux qui s’écartent de la vérité ? Vous
même êtes rebelle, 8c agitiez en barbare. Ne voyez-«
vous pas que votre entrcprife contre les images n’eft
que révolté 8c préfomption ? Les eglifes joüifloient
d’une paix profonde , quand vous avez excite les
combats 8c les feandales. Ceffez, & il n’eft point
befoin de concile. Il lui marque enfuite comme
tout l’Occident eft révolté contre lu i, depuis qu on
y a appris les violences qu’il a commifesà Ç. P. O n
a jette, d it - il, par terre vos images, on lésa fou-,
lées au pied. Les Lombards,. les Sarmates, 8c les
autres peuples du Nord ont fait des courfes dans la
malheureufe Decapole , 8c ont prisRavenne meme
dont ils ont chaffévosmagiftrats, 8c en ont mis de
leur part. Ils veulent traiter de même vos places les
plus proches de nous 8c Romeaulli, fans que vous
puifliez nous défendre. Vo ilà ce que vous vous
êtes attiré par votre imprudence. j
Vous croyez nous épouvanter, en difent : J en-
voverai à Rome brifer l’image de iaint Pierre j &
Y i’eipï
L i v r e q u a r a n t e - d e u x i e ’me. 241
j’en ferai enlever le pape Grégoire chargé de chaînes
, comme Conftantius fit à Martin. Sçachez que
les papes font les médiateurs, 8c les arbitres de la
paix entre l’Orient 8c l’Occident:nous ne craignons
point vos menaces, à une lieuë de Rome vers laCam-
panie nous fommes en fureté. La Décapole dont
parle ici le pape Grégoire III. eft la même province
que l’on appelloit plus ordinairement Pentapole, 8c
dont Ravenne étoir la capitale.
L ’empereur Léon écrivit encore au pape qui lui
répondit en ces termes : J’ai reçû vôtre lettre par
Ruffin vôtreambaffadeur, 8c la vie m’eft devenue
infuportable , voyant que loin de vous, repentir,
vous demeurez dans vos mauvaifes diipofitions.
Vous dites : J’ai l’empire 8c le iàcerdoce. Vos pré-
deceffeurs le pouvoient dire, eux qui ontfondé8c
orné les églifes, 8c les ont protégées de concert
avec les évêques. Au contraire vous avez dépoüillé
8cdéfiguré les églifes que vous avez trouvées magnifiquement
ornees. Que font nos églifes, finon les
ouvrages des hommes ? des pierres, du bo is , de la
chaux, du mortier ? Mais elles font ornées par les
peintures 8c les hiftoires de Jefus-Chrift 8cdes faints.
Les Chrétiens y employent leurs biens : les peres 8c
les meres tenant entre leurs bras leurs petits enfans
nouveaux baptifez y leur montrent du doigt les
hiftoires, ou aux jeûnes gens ou aux gentils convertis
: Ainfi ils les édifient, 8c élevent leur efprit
Scieur coeur à Dieu. Vous en avez détourné le fim-‘
pie peuple pour le jetter dans l’oifivete, les chan-
fons, les fables, le fon des lyres, des flûtes 5 8c de
Baudr, Lex*
IX.
Seconde lettre
du pape x
l'empereur.
tom,7 ,conc.j>.ii