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du même fleuve , avec une maifon pour leur habitation,
au lieu nommé Daventrie , deDavonami
de S. Lebvin. Quelque temps après les Saxons irritez
du progrès qu’ils faifoient, brûlèrent l’églife Si
la maifon, &i chafferent les chrétiens qu’ils y trouvèrent.
Mais S. Lebvin s’en fauva, Si ne laiffa pas
de continuer à prêcher.
Aïant appris que les Saxons alloient tenir leur
affemblée generale fur le V e fe r , il y alla Si logea
chez un des plus puiifans d’entre eux , qui fit fon
poifible pour le détourner de fon deiféin, l’affurant
que fa vie ne feroit pas en sûreté. S. Lebvin ne laif-
fa pas de fe préfenter à l’aifemblée des Saxons, revêtu
de fes habits facerdotaux, portant à fes mains
la croix & l’évangile. L’aifemblée commença,felon
la coutume,par des facrifices aux faux dieux : d’où S.
Lebvin prit occafion de les prêcher, s’avançant au
milieu d’eux , & les exhortant à haute voix à quitter
ces fuperftitions, Si à adorer le vrai Dieu : Si
vous ne le faites, ajouta-t’i l , vous fentirez bientôt
des maux que vous n’attendez pas. Un roi puif-
fant qui n’eft pas éloigné de vous, Si que vous avez
toujours irrité, viendra ravager votre païs,enlever
en captivité vos femmes Si vosenfans, Si vousfou-
mettre à fa puiifance. A ces mots les Saxons pouffèrent
de tous côtcz-des cris confus,& commencèrent
à arracher dans les haïes voifines des bâtons qu’ils
aiguifoient, pour le percer de coups, quand un des
plus venerables d’entre eux nommé Buto monta fur
une hauteur Si leur dit : Ecoutez-moi, vous qui êtes
les plus fages. Il nous vient fouvent des ambaffadeura
L i v r e q u a r a n t e - q u a t r i e ’m e . 489
deursdes nations vofines, Normands, Sclaves, Friions
: nous les avons toujours reçus paifiblement,
nous avons écouté leurs propofitions, Si les avons
renvoyez avec des prefens. Voici un ambaffadeur
du grand Dieu, qui vous apporte de fa part des pro-
meffes falutaircs j & vous le rejettez Si le voulez
faire mourir: vous devez craindre fa colere. Cedif-
cours les arrêta, Si ils réfolurentde laiffer aller Lebvin
en sûreté. L’effet de fa menace fuivit de près ;
Si l’on croit que ce fut la première expédition de
Charles contre lesSaxonsen 7 7 1 . où il abattitl’ido-
le d’Irmenful. Saint Lebvin profitant de cette victoire
, revint, rebâtit l’églife que les Saxons avoient
brûlée, &: continua d’y prêcher jufqua fa mort ,
qui arriva le lendemain de la faint Martin douzième
de Novembre, & comme l’on croit l’an 773.
Deux ans après les Saxons ravagèrent encore Daventrie,
brûlèrent l’ég life , & cherchèrent trois
jours durant le corps de faint Lebvin qui y étoit enterré
; mais ils ne purent le trouver. Le roi Charles
vengea cette irruption , vainquit les Saxons fur le
V e fe r , les fournit Si rapporta un grand butin la
même année 775.
L’année précédente 774. tandis que Charles étoit
en Italie , les Saxons qu’il avoit quittez fans les engager
par aucun traité, entrèrent avec une grande
armée fur les terres des François, Si vinrent à Frif-
lar en Heffe voulant brûler l’églife que faint Boniface
y avoit bâtie près le château de Buribourg ,'
où les François s’étoient réfugiez. Mais ils ne purent
mettre le feu à cette églife, ni par dehors, ni par
Tome IX . Q_qq
Sup. n. 1.'
Vit a S*. L u d , to. y.
actaB.p. 25.
An». Vetav. Loi-
ft l. an. 77/.
X I I .
C o n v e r lïo n des
S a x o n s .
An. Loifel. 774.