
XXXI.
Lettres du pape
Paul à Pépin.
Sup. I. x xix . n.
34. 55. liv. xxx.
*?. 2.7 , 4 ?.
408 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Etienne d’Auxence,s’étoient retirez à Rome, pour
éviter la perfécution de l'empereur Conftantin. Le
pape Paul fit bâtir une autre églife a Rome, dans
la rue facrée, près du temple de Romulus, a 1 honneur
des apôtres S. Pierre & S. Paul, en un lieu ou
ils avoient prié au temps de leur martyre ; & où l’on
prétendoit voir encore la marque de leurs genoux
fur la pierre. Il fit auffi au Vatican, dans l’enceinte
de l’églife de faint Pierre, un oratoire de la fainte
Vierge , qu’il orna de mofaïques &de métaux précieux
; entr’autres d’une ftatuë de la Vierge , d’argent
doré , du poids de cent livres ; & il y bâtit fa
fépulture.
La plupart des lettres du pape Paul que nous
avons font adreifées au roi Pépin, pour demander
fecours, tantôt contre les Grecs, qui d’intelligence
avec les Lombards vouloient reprendre Ravenne :
tantôt contre les Lombards 8c le roi Didier , qui
chicanoit toujours fur la reftitution des places pro-
mifesparfon traité. Jen’entrerai point dans le détail
de ces affaires qui ne font que temporelles :
quoique ce pape à l’exemple de fon prédeceffeur ,
les confonde .toujours avec le fpirituel. Comme fi
les Lombards chrétiens & catholiques depuis plus
de cent cinquante ans, euffent été les ennemis de
la religion : plûtôt que les Herules 8c les Goths
Ariens, à qui les papes n’avoient point fait difficulté
d’obéir. Ou comme fi le roi de France n’eût pas
été libre, d’examiner s’il étoit jufteen foi & utile
à fon état de faire la guerre aux Lombards. Ce qui
eft de remarquable , c’eft que les lettres de ce par
• pç
L i v r e q u a r a n t e - t r o i s i e’ m e . 40^
pe , auffi-bien quedes autres, font dattéesdu regne
de l’empereur de C. P. comme étant toujours le
vrai fouverain de Rome : 8c le fenat 8c le peuple f c - x y i -ù J
de Rome écrivant à Pépin , ne nomment point le
pape leur feigneur ; mais feulement leur pafteur 8c
leur pere.
Il eft vrai que le pape écrivant à Pépin contre les zp. 7. cod.Ca.roU
Grecs, n’oublia pas l’intérêt de la religion, qu’ils ’4’
perfécutoient en Orient. Et pour le lui mieux faire cod.cmi.ep.
connoître , il lui envoïa copie d’une lettre qu’il
avoit reçue du patriarche d’Alexandrie, par un
moine nommé Cofme : qui montroit l’intégrité de
la foi des évêques Orientaux, 8c leur zele pour fa
confervation. Il apprit que Marin prêtre de l’églife
Romaine fe trouvant en France avoit donné à
George ambaffadeur de l’empereur Conftantin des
confeils contraires aux intérêts du roi Pépin 8c aux
fiens. C ’eft pourquoi il pria le roi de faire ordonner
évêque le prêtre Marin , pour telle ville qu’il plai-
roit au roi de choifir dans fes états. Afin , ajoute
le pape , qu’il fe repente de fon crime , 8c de peur
que le démon trouvant fon efprit égaré, ne le perde
fous prétexte de l’élever. C ’eft une efpece de pénitence
allez finguliere : mais un évêché fi éloigné
paroifloit un exil à un prêtre de l’églife Romaine.
Auffi le roi Pépin , qui étoit content de Marin,
pria le pape de lui donner le titre de faint Chryfo-
gone , &c le pape lui en envoïa les provifions, té- cad.cmi.op.*j.
moignant qu’il ne defiroit que de iatisfaire le roi. 43.
On voit encore dans l’affaire fuivante , combien le
pape Paul çraignoit de déplaire à Pépin. Reme-
Tome IX.. . F f f