
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .’
n u tU *». i (. Adriatique. Sa fureur en augmenta : il hauiîa du tiers
la capitation de Calabre & de Sicile , failànt tenir
regiftre de tous les enfans mâles qui nailïoient ;
& il confiiqua dans les terres .de ion obéïflance les
patrimoines de iàint Pierre de Rome montant à trois
talens d’or & demi qui font 2 24000. livres. En
Orient il perfecuta violemment ceux qui foute-
noient l’honneur des iàintes images ; mais il ne les
faifoit pas mourir , de peur qu’ils ne fuiTent honorez
comme martyrs. Il fe contentoit ordinairement
de les bannir, après les avoir emprifonnez & tourmentez.
Les Grecs n’ont pas laifle de conferver la
mémoire de ceux qui fouifrirent dans cette perfe-
cution des Iconoclaftes ; & on les trouve la plu-
*ù. § H h H Part dans le menologe de l’empereur Baille. Mais il
n’eft pas toujours aiie de diicerner fous quel empereur
ils ont iouffert ; & on a quelquefois confondu
Léon Iiàurien avec Léon Arménien , qui ne régna
que dans le fiécle fuivanr.
xviti. 11 y avoit en Orient un grand défenfeur des iàin-
s.jcanDamare t£S imaaeS , mais il étoit hors de la puiiTànce de
é c r i t p o u r Jes- o ^ ^ m f ^ 1
im a g e s . 1 empereur. C étoit Jean ne a Damas d une famille
illùftre & chrétienne, & d’un pere vertueux qui le
<e?' fît inftruire dans -toutes les Îciences profanes , 8c
dans les iàintes lettres. Eniuite il renonça aux ri-
cheiTes de fon pere, & fe fît moine avec Coime depuis
évêque de Majume. Ils entrèrent tous deux
dans le monaftere de iàint Sabas près de Jeruiàlem,
v . Gr. & Jean y paiïà ià vie. Il fut fîirnommé Manfour 8c
Chryiorroas : le premier nom fignifîe Racheté , le
fécond Fleuve d’or > 8c c’e il le nom grec d’un des;
L i v r e q u a r a n t e - d e u x i e ’me . %6n
fleuves qui paflènt à Damas. O n l’attribua à Jean
pour fon éloquence : mais il eft plus connu parmi u
nous ibus le nom de Damaicene.^
Quand il eut appris l’ordre que l’empereur Léon
a voit donné en 7 50 . contre les iàintes images, il
écrivit pour leur défeniè un premier diicours, qui
commence par ces paroles convenables à l’humilité
de la profeiîion monaftique : Je devois plutôt,con-
noiiïànt mon indignité,garder un perpétuel fîlence,
& mè contenter de confeflèr à Dieu mes pechez.
Mais voyant l’égliiè fondée iur la pierre, agitée d’une
violente tempête, je ne crois pas devoir me taire,
parce que je crains Dieu plus que je ne crains l ’empereur.
Au contraire, c’eft ce qui m’excite : car
l ’autorité des princes eft d’un grand poids pouriè-
duire les fujets. Il y en a peu qui méprifent leurs
commandemens injuftes, & qui confiderent que les
rois de la terre font fournis au roi celefte, & doivent
obéir aux loix. Il met pour fondement de fon
diicours que l’églife ne peut errer, & qu’il n’eft pas
permis de la foupçonner d’un abus auffi groffier
que l’idolâtrie : puis entrant en matière.
I e ’ d it-il, que celui qui ne ment point a
dit : T u n auras point de dieux étrangers, 8c tu ne
te feras point de icuipture ni d’images de ce qui eft
au ciel ou iur la terre. A u fli je n’adore qu’un icul
Dieu, & je n’attribué qu’à lui ieul le culte de latrie.
Je n adore point la créature : mais le Créateur qui
s eft fait créature pour être ièmblable à moi. J’adore
avec ce grand roi le corps qui eft pour ainfi d ire ,
ta pourpre. J’ofe faire une image de Dieu invifible,