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® ----- Tandis que l’on menoit faint Etienne au lieu de
A n . 767. lexecution, l’empereur fortit du palais, & vintà
f . cm g - L - c ■? ■ là place publique , où étoic un bâtiment nommé le
i-r-u- Mille On y avoit autrefois peint les fix conciles
oecuméniques, pour l’inftruétion du peuple ; ¿nais
il les fit effacer, & peindre à la place des courfés de
chevaux. En ce lieu donc, comme tout le monde
vitap. 5 1 3 . le félicitoit ,il dit : Mon ame eft fans confolation,
àcaufc de ces abominables. Un de fes courtifans
s’écria : Et quelle trace en refte-t-il, feigneur3 foit
à C.P. foit dans les autres pais? Nefont ils pastous
détruits ? Voilà que je viens encore aujourd'hui de
rencontre l’ennemi de la vérité, Etienne d’Auxcnce,
que l’on menoit pour être puni par le glaive. L’em-
pereur lui dit : Et qu’y a-t-il de plus doux pour
f. jH- Etienne,que d’avoir la tête coupée ? Je fuis perfua-
dé qu’il l’a déliré dès qu’il a été arrêté. Il lui faut
une mort plus difficile. Aülfi-tôt il commanda que
l’on remît Etienne en prifon.
Le foir il appella deux freres conftituez en dignité
, fi bien faits de corps & d’e fp r it, que depuis il les
fit mourir de jaloufie: lesaïant donc fait venir pendant
fon fouper , il leur dit : Alle z au prétoire
dites de ma part à Etienne d’Auxence : Vous voïez
combien j’ai foin de vous : je vous ai tiré des portes
de la mort. A u moins en cette extrémité , aïez
de la complaifance pour moi. Je fça i, ajouta-t-il,
fa dureté, il me dira des injures. Alors donnez-lui
tant de coups fur le vifage & fur le d os, qu’il expire
quand vous fortirez. Les deux freres étant arrivez
au prétoire, dirent bien au faint homme ce
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M a r ty r e de fa in t
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que l’empereur leur avoit ordonné de dire : mais-----------
voïant qu’il n’en étoit que plus ferme dans la f o i , A. n . 76
ils lui baiferent les pieds, & reçurent fa benediétion.
Etant de retour, ils dirent à l’empereur : Comme
nous l’ayons trouvé opiniâtre ,nous, l’avons déchiré
de coups. Il eft étendu fans voix, & nous vous affu-
rons qu’il ne vivra pas jufqqes à demain. L’empereur
fit un grand éclat de rire,& continua fon feftin.
Le matin faint Etienne dit adieu aux moines, fe
recommandant à leurs prières, & fe fit ôter le fea- Eti2!
pulaire, l’écharpe & la ceinture. Il vouloit quitter p. f i t .
auffi la cuculle : mais ils lui dirent, qu’il devoir mourir
avec l’habit monaftique. Il répondit : On fe dépouille
pour çombatre , & il n’eft pas jufte, que ce
faint habit foit déshonoré par le peuple infolent. Il
ne garda donc que la tunique de peau ; & affis avec
eux, il les entretenoit de pieté. L’empereur aïant
appris que les deux freres i’avoient trompé , fe leva
fur les huit heures, & courant au veftibule du
palais,crioit : A l’aide, tout le monde m’abandonne
: qu’ai-je affaire des abominables ? Et comme
fes courtifans venoient pour manger avec lu i , &
continuer la fête , il leur dit : Je ne fuis plus votre t-sv.
empereur, vous en avez un autre ; dont vousbaifez
les pieds, & dont vous demandez la benediétion.
Perionne ne prend mon parti., pour le faire mourir
, & me mettre l’efprit en repos. Comme ils lui
demandoient, qui étoit donc cet autre empereur,
il leur, dit : C ’eft Enenne d’Auxence , le chef des
abominables'. :
A peine l’eut-il nommé, que cette troupe, fortit