LA P L A IN E P IC A R D E
autres artificielles, fonctionne comme un seul et même organisme ;
il existe un rapport étroit entre l’altitude des sources et le niveau des
puits ; les unes et les autres puisent au même réservoir. L ’Escaut
sort de terre à 90 mètres; tous les puits de sa vallée descendent à ce
niveau (ferme de Macquencourt, 94 mètres ; Vendhuille et Gouy,
88 mètres) ; le puits de la râperie à Beaurevoir dans le canal des Torrents
descend à la cote 88. Montons sur les plateaux voisins. La
nappe y occupe un niveau plus élevé ; comme elle s’écoule vers les
vallées et que cet écoulement ne peut se faire sans une certaine
pente, elle se relève donc à partir des thalwegs ; on l’atteint par
96 mètres à Fresnoy-le-Grand, 103 mètres à la sucrerie de Montbre-
hain et 112 mètres à la sucrerie de Bohain. Autour de la Somme, la
surface hydrostatique demeure aussi en relation avec l’altitude de la
source (86 mètres); dans la vallée, au puits de la sucrerie de Cour-
celles-Fonsomme, l’eau se trouve à 83 mètres; sur les plateaux, elle
atteint la cote 87 à Étaves, 92 à Beautroux-Étaves, 90 à Montigny-
Carotte. A mesure que la vallée descend, le niveau de l’eau dans les
Duits du plateau descend : 72 et 80 mètres à Fieulaine ; 53, 62, 66,
74 à Homblières ; 78 à Mesnil-Saint-Laurent ; 73 à Neuville-Saint-
Amand ; 69 à Seraucourt ; 67 à Montescourt; 72 à Flavy-le-Martel.
De même, à considérer des ensembles plus grands, on observe que
la nappe se tient à 8 6 - 1 12 mètres sur les plateaux qui séparent l’Escaut
de la Somme, à 67-92 mètres entre la Somme et l’Oise, à
64-76 mètres entre la Somme et l’Omignon, à 55-78 mètres de chaque
côté de la Somme1. C’est l’altitude du niveau de base qui règle
l’altitude du sommet de la nappe. Si la surface topographique ne
s’abaisse pas en même temps que le niveau de base, on conçoit alors
que les plateaux puissent rester très éloignés de la nappe souterraine
et que, pour l’atteindre, il soit nécessaire de creuser profondément.
Les points les plus hauts ont en général les puits les plus profonds|
loin des vallées, loin de l’eau ; à cet égard, on peut remarquer le
contraste saisissant qui oppose le Santerre aux plateaux d’altitude
beaucoup plus grande qui s’étendent vers l’Ouest, depuis l’Avre ju squ’à
la Bresle (fig. 13). En certains points élevés, la profondeur des
puits dépasse 100 mètres. Seuls des plateaux élevés comme ceux du
Gambrésis échappent à cette nécessité parce que la craie marneuse
qui retient la nappe se trouve à une faible profondeur.
1 Nous devons les profondeurs des puits, soit à nos enquêtes personnelles, soit aux
documents fournis p ar les instituteurs de la Somme et du Pas-de-Calais, soit aux documents
des Ponts et Chaussées (arrondissement de Saint-Quentin sur les sources) et les
puits.
Les puits creusés dans ces conditions deviennent de coûteux
ouvrages dont la dépense arrête le cultivateur isolé. Peu de puits
sur les plateaux appartiennent aux particuliers ; seuls les plus riches
peuvent en construire. A Nauroy (canton du Catelet), sur 13 puits
5 appartiennent à des particuliers (deux brasseries, un tissage, une
sucrerie, un cultivateur); les autres sont communaux; en 1819, la
commune n’en possédait que 5, pour lesquels le seigneur avait fondé
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une rente d entretien de 174 livres; le dernier, que la commune fit
construire et qui descend à 65 mètres, coûta 2.500 francs. Ailleurs,
dans certains villages de l’Oise, les puits sont la propriété de plusieurs
feux qui seuls ont le droit d’eau; les réparations de la corde,
la « soûle » ou la « herse », se paient en commun. L’entretien et la
protection des puits prennent souvent l’importance d’un service
public ; jadis, dans les villages de la Somme, par exemple à Sains,
à Saint-Saufheu, à Grattepanche, un homme par commune était
chargé de veiller à l’entretien des « soûles » ; aujourd’hui elles sont
remplacées par des cordages solides en fil de fer. La coutume de
Brucamps (1507)1 règle que les réparations aux puits se font à frais
communs et que les dépenses sont réparties par les marguilliers de la
paroisse sur les « manoirs et masures ». A Gerberoy2, petit bourg
* Bouthors, 504,1, p. 479.
! Arch. Nat. Div bis, 17, 284, 26.