qu’on peut voir aux environs d’Arras avec leurs épais murs en grès
et leurs colombiers monumentaux. Souvent elles ont gardé leur territoire
de culture ; seuls les propriétaires ont changé ; ainsi, près
d’Estrées-Saint-Denis, les fermes d’Éloge (160 hectares), d’Éreuse
(200), de Saint-Julien (150), qui jadis appartenaient respectivement
à l’Hôpital de Liancourt, à la duchesse d’Estissac et à l’archevêque
de Bordeaux. L’abbaye d’Ourscamps possédait la ferme de Warna-
villers (400 hectares) ; l’abbaye de Wariville, une grosse ferme de
320 hectares à Litz. Le canton de Glermont renferme un assez grand
nombre de ces exploitations solitaires. On continue à les rencontrer
sur le pourtour du massif tertiaire depuis Montdidier jusqu’à Laon :
cette région, jadis fort boisée, fut défrichée à différentes époques;
beaucoup de fermes proviennent de ces clairières : ainsi, les fermes
des Grandes-Beines et du Parc-à-Pourceaux établies vers 1830 dans
la forêt de Beine, près de Villeselve (Oise). Entre Montdidier et Saint-
Just, Abbémont, La Fosse-Thibault (300 hectares), La Morlière sont
d’anciennes propriétés ecclésiastiques. A l’Est de l’Oise, de Laon jusqu’à
Marie, se poursuit une longue série de grosses fermes : Cau-
mont, Haudreville, Behaine (250 hectares), Berlancourt, Cuirieux,
Marcy. Tandis que le Yimeu demeure un domaine de petite et de
moyenne culture, toute la région autrefois couverte de bois, qui s’étend
entre la Somme et le Haut-Boulonnais, conserve une forte proportion
de grosses fermes : la ferme des Chartreux près de Forest-1’Abbaye,
Blanche-Abbaye près de Neuilly-l’Hôpital, la ferme des Moines au
Nord du Nouvion, Brunèhautpré (350 hectares) près de Campagne-
lès-Hesdin, Dommartin, Saint-André, le Mouflet, Don Germel,
Ruisseauville, Le Vert-Bois (300 hectares), Saint-Josse, La Ramo-
nière (100 hectares), La Campagnette près d’Hucqueliers, Longue-
roye. Dans le Haut-Boulonnais que sillonnent des vallées nombreuses
et profondes, beaucoup de ces fermes occupent le sommet des
plateaux tandis que les villages restent dans les vallées (pl. XII.)
Il semble que ces grands établissements agricoles aient représenté
la forme primitive de l’exploitation méthodique du sol; par
la puissance de leurs moyens d’action et l’unité de leur direction,
c’étaient des outils puissants et efficaces; nous les rencontrons le
plus souvent sur des terres nouvellement défrichées; leur nom est
parfois significatif : la ferme du Bois-des-Dames, près de Domart;
le Bois-Riquier, au Sud-Ouest de Saint-Léger-lès-Domart. Après la
construction des digues du Marquenterre au x v i i i 6 siècle, c’est la
ferme de Ghâteauneuf avec ses 1.200 arpents, ses 100 chevaux,
ses 150 vaches, ses 1.000 moutons qui prend possession des terres