durci, ou bien lorsque, dans les conditions normales, il reçoit un
gros orage; il se forme alors des « avalasses » dont les effets peuvent
être terribles. Lorsqu’elles arrivent en été, elles causent de grandes
ruines parce que les récoltes couvrent encore la terre. Les orages
ont souvent éprouvé les plateaux argileux des environs de Marseille-
le-Petit; le village de Fontaine-Lavaganne, situé jadis dans le vallon
d’Herboval, fut emporté par une de ces inondations; Marseille lui-
même fut détruit en 1645 a la suite d’un grand orage; les registres
de l’abbaye de Beaupré mentionnent des débordements qui renversaient
les bâtiments et les murs. En Juin 1746, un torrent d’orage
envahit le ravin d Ainval ; les habitants durent se réfugier dans leurs
grenie rs1. En Juillet 1792, à Hangest-sur-Somme, les chanvrières
furent embourbées par un déluge d’eaux sauvages2. Mais l’hiver
surtout, avec ses brusques dégels, est la raison des inondations. En
Février 1635, de grandes eaux provenant de la fonte des neiges couvrirent
la vallée de la Somme à Amiens pendant huit jours, ébranlant
des maisons et ruinant des routes. En Février 1658, ponts,
moulins, murailles, maisons cédèrent sous la violence d’une avalasse,
à Amiens. En Janvier 1757, l’Authie et la Grouche3, transformées en
torrents furieux, se précipitèrent à travers les rues de Doullens ; il
fallut en 1759 curer tous les fossés que l’inondation avait comblés de
vase. C’est aussi en Janvier 1757, qu’un dégel subit surprit les bas
quartiers de Beauvais, que l’eau monta jusqu’au premier étage de
1 abbaye Saint-Quentin et noya tous lés bestiaux des faubourgs; le
lendemain, elle avait disparu. En Février 1784, après soixante-dix
jours de gelée et vingt-quatre jours de neige, une crue énorme ravina
toutes les pentes du bassin de la Somme. Même phénomène en 1820,
1823, 1841, 1891'*. Il n’est point sur toute l’étendue du plateau
crayeux de ravin sec qui n’ait connu ces crises torrentielles. Parmi
les plus dangereux, on cite l’Erclin5, un riot du Cambrésis, qui
recueille les eaux sauvages jusqu’à Mauroy et Honnechy; ses inondations
terribles, lancées par une forte pente entre Saint-Waast et
Inchy, ont à maintes reprises dévasté Iwuy et plusieurs villages
voisins; même en ouvrant toutes les écluses, on ne peut maintenir
cette trombe dans le lit de l’Escaut et toute la vallée se trouve submergée
(pl. VIII).
* Graves, 545, p. 4 5.
s Nombreux exemples dans Duchaussoy, 168 et 170 passim.
3 Delgove, 532, p. 183-184.
3 Yoy. note 2.
‘ Dehaisnes, 532, p. 5-6.
Comme ces inondations menacent les champs et les villages, on
leur oppose des ouvrages de défense; ces plaines tranquilles exigent
aussi leurs corrections de torrents. ïroissereux, près de Beauvais,
est établi à 1 entrée d un ravin qui écoule les eaux de Verderol, de
Juvignies et de Jauquesne ; en 1776 l, on dut creuser un large
fossé N. S. pour détourner les eaux du village et les porter dans les
marais de Fouquenies et de Notre-Dame-du-Thil. Aux environs de
Froissy, on protège les pentes contre la dégradation des eaux sauvages
par des plantations (Oursel-Maison et Puits-la-Vallée), ou bien
en donnant au fond des ravins un profil longitudinal en escalier
(Bucamp et Breuil-sur-Brèche). Ailleurs il a fallu de longs travaux
pour protéger les riverains; vers le milieu du xvme siècle, les fossés
usiniers qui écoulaient à l’Escaut les eaux sauvages depuis Bohain
jusqu’à Gouy se trouvaient comblés par des apports de terre ; au
moindre orage, les champs des paroisses voisines souffraient de
graves dommages; aussi, de 1741 à 1748, on construisit le canal des
Torrents ou Fossé Usinier qui put recueillir toutes ces eaux. Malheureusement
il devint dangereux pour les parties inférieures de son
cours; le Conseil d’État enjoignit alors aux paroisses de retenir les
eaux chacune à 1 extrémité de son territoire par une digue transversale,
le vallon se trouvait transformé en une succession d’étangs ou
de lacs isolés-sans issue; le danger, supprimé pour l’aval, subsistait
pour l’amont; à la limite de Bohain et de Fresnoy-le-Grand, à la
cote 114, on peut encore voir, sur le fond de la dépression des Torrents
de vastes étendues d’eau dormante qui séjournent longtemps
après les pluies ou les orages 2.
Mais toutes ces apparitions d’eau, à la surface des plateaux, sont
éphémères ; elles s écoulent vite etle sol redevient sec. Pour retrouver
l’eau sur place, il faut creuser des puits profonds. La recherche de
l’eau devient un travail dont le puits est l’outil indispensable. Lehuits
est un organe essentiel dans la vie de tous les centres ruraux; mais
il dépend lui-même de toutes les conditions de l’hydrographie.5
Les puits.
Les puits des plateaux descendent jusqu’à la nappe qui alimente
les sources. Cet ensemble de prises d’eau, les unes naturelles, les
1 Graves, 545 (1830) p. 6.
,, Su r le canal des Torrents, voy. Champion 210, V. LXXVII • Braver 506 il n qk
i S B a e£le H r major écrit « Posse-Usigny » au 3l0ie18u ddee «1 ,JFi"oosIseé dUessinier ».
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