par des sables maigres (36 par kilomètre carré) et le canton de Crécy-
sur-Serre où les terres de limon portent des betteraves (32 par kilomètre
carré) ; le contraste éclate encore davantage si l’on choisit le canton
de Neuchâtel-sur-Aisne (31 par kilomètre carré) où commencent
les plaines de la craie champenoise. Entre des terres d’égale fertilité,
les différences dans les modes de propriété et de culture peuvent aussi
Fig. 38. — Diminution de la population dans l’arrondissement d’Amiens, de 1804 à 185L
La diminution porte surtout sur la région de l’Ouest, c’est-à-dire l’ancien domaine dp
la sayetterie.
créer des différences dans la capacité de peuplement; sur les arrondissements
de Château-Thierry et de Soissons où s’étendent de
grandes cultures, on rencontre moins d’hommes que dans les pays de
propriété plus morcelée et de culture plus divisée;'la propriété est
un lien solide qui attache l’homme à la glèbe : elle est, dans nos
plaines agricoles, une source partout présente de travail et de bien-
être; les hommes multiplient avec elle.
Si le paysan pullule, ce n’est pas seulement parce qu’il peut
vivre d’une terre féconde, mais encore parce qu’il trouve des ressources
dans le travail de l’atelier. C’est au développement des industries
rurales et à leur enchevêtrement dans la vie agricole qu’il faut
attribuer le peuplement compact de certaines campagnes. Le Yimeu,
le Santerre, le Yermandois, le Cambrésis présentent à l ’égard des
campagnes qui sont restées purement agricoles ou qui le sont redevenues
un remarquable excès de population. Si nous comparons
deux territoires voisins, le pays des serruriers dans le Yimeu et le pays
de culture qui entoure Ailly-le-Haut-Clocher, nous obtenons pour
le second 34 habitants par kilomètre carré el pour le premier 1041.
Dans le Santerre, la densité s’élève à 74, tandis que, vers le Sud-
Ouest, autour de Maignelay, de Saint-Just et de Breteuil elle tombe
Fig. 39. — Augmentation de la population dans l’arrondissement d ’Amiens, de 1804
à 1831. L’augmentation porte surtout sur le domaine de l’industrie Amiénoise,
villages de tisseurs sur les plateaux et les vallées industrieuses.
à 42. Dans le Cambrésis, le canton de Cambrai mis à part, elle
atteint le chiffre étonnant de 199 ; nulle part on ne rencontre de
centres ruraux comparables à ces villages de tisseurs, répandus
entre Bapaume, Cambrai, Sainl-Quentin et Péronne, dont la population
dépasse celle de nombreuses sous-préfectures ; nulle part les
produits d’une terre plantureuse collaborant avec les revenus d’un
métier n’ont attiré sur des campagnes pareille foule humaine.
Ce phénomène de surpopulation, résultat d’une alliance fructueuse
entre le travail de la terre et le travail de l’atelier, nous le
trouvons à l’origine des principaux mouvements de population qu’on
puisse étudier sur notre territoire. Si la fertilité de la terre exerça
sur le peuplement une influence uniforme et lente, l’essor ou le déclin
1 Nous avons éliminé du calcul tout ce qui n est pas population rurale pour Mers,
Cayeux, etc.