tants. Mais les progrès modernes de l’art militaire rendent inutiles
les anciennes fortifications. Partout les remparts tombent, à Bou-
cliain, à Cambrai, à Yalenciennes, à Aire, à Doullens, à Arras, à
Amiens. Les villes reprennent leur liberté ; l’espace s’ouvre devant
elles. Les cites fortifiées, encerclées de murailles, paraissent des êtres
fossiles, epaves d un autre âge. Une fois démantelées, leur première
démarche est de s’étendre selon le principe naturel du moindre effort.
Au pied des villes hautes ou, dans le cadre historique des monuments,
des églises et des hôtels de ville, la tradition maintient les fonctionnaires
et leurs bureaux, les villes basses s’allongent et s’étendent
auprès des gares et des routes. Pendant des siècles, le plateau de
Laon était demeuré presque inaccessible; jusqu’au xvm6 siècle, on y
parvenait par six rampes rapides, appelées vieilles montagnes, qu’on
ne pouvait gravir qu a pied et difficilement à cheval; on ne transportait
les marchandises qu à dos d’une et de mulet. Depuis la fin du
x m i i siecle,.les conditions d accès se sont améliorées; les promeneurs
y montent par un escalier, les voitures par une route en lacet, les
gens affairés par un funiculaire. Mais ce ne sont là que des améliorations.
L ’accès de cette ville qui étouffe sur son plateau en déLourne
le commerce et le travail. Tandis que, là-haut sur le piédestal gigantesque
qui porte la cathédrale, tout rappelle encore l’antique résidence
des évêques-ducs et la cité officielle, la plaine en bas se garnit
des créations du présent, usines, faubourgs ouvriers, gare gigantesque,
cette gare occupe 1 un des carrefours les plus fréquentés de
France et même d Europe Occidentale ; le long de ses quais s’arrêtent
les rapides internationaux de Calais à Bâle, les trains de Reims à
Rouen, de Paris à Ilirson, de Laon à Yalenciennes; avec ce transit
qui atteint environ 800.000 tonnes, elle est, avec Hirson, Feignies,
Jeumont, Blanc-Misseron, Tourcoing, Rouen et Paris l’un des principaux
points de suture entre le réseau du Nord et les réseaux voisin
s1. A Cambrai, c’est en étoile le long d’une vingtaine de routes,
vers tous les points de l’horizon, que déborde la populatiort en dehors
de 1 ancienne enceinte. Dans les vallées marécageuses, c’est le long
des berges que se répandent les villes en longs faubourgs qui paraissent
à Beauvais et à Abbeville, comme les quatre tentacules d’un puissant
corps (fig. 37).
Ce phénomène se développe à Amiens d’une manière parfaite.
Aujourdhui la ville forme en réalité une immense agglomération
Poui un exemple d étude de ville, voyez Antoine Vacher, Montluçon. Essai de
géographie urbaine. A. de G., 15 mars 1904, 13» année, p. 121-138; Fig. 37. — Abbeville et Beauvais. Exemples de développement urbain
dans une vallée marécageuse.