Le synclinal de la Somme.
Entre l’axe du Bray et l ’axe d’Artois, à distance presque égale de
l’un et de l’autre (53 kilomètres), la vallée de la Somme occupe le
fond d’un remarquable synclinal qui mesure 68 kilomètres de longueur
depuis la Manche jusqu’à Longueau et qui se continue sous le
Santerre vers Roye et Noyon. Le dessin de cette dépression tectonique
remonte à l’époque crétacée, comme le prouve l’étude1 du
contact de la craie et des terrains tertiaires autour de Péronne et de
Saint-Quentin ; avant la constitution du réseau des rivières actuelles,
elle recueillait les eaux d’un bassin hydrographique dont la surface
devait s’étendre bien au delà des limites actuelles ; on peut supposer
avec vraisemblance qu’il possédait, en amont du bassin delà Somme,
des racines autrefois lointaines2 qui réunissaient l’Oise, l’Aisne et une
partie de la Meuse et qui trouvaient leur issue rationnelle par le synclinal
de la Somme ; à la suite de l’affaissement du Bassin de Paris,
l’Oise" inférieure se lança par régression à la conquête des pays
d’amont ; traversant l’axe du Bray, elle capturait le Thérain et la
Brèche ; au delà de l’axe de la forêt d’Eu, elle recueillait l’Autonne ;
franchissant l’axe de Margny-lès-Compiègne, elle s’annexait l’Aisne
et l’Aronde, puis l’Oise supérieure. Réduit maintenant à d’humbles
proportions, le bassin de la Somme n’en reste pas moins un type de
synclinal dont l’influence règle l ’écoulement d’un réseau hydrographique
conformément aux lois de la tectonique. En débouchant normalement
à la mer, il oblige la côte à s’infléchir vers l’Est ; de là, le
rentrant profond où la Somme vient se terminer3; un large dépôt
d’alluvions masque aujourd’hui cette concavité de la topographie littorale
; mais si l’on ne considère que le bord du plateau de craie, elle
apparaît nettement dans le contour de-l’ancienne côte et s’oppose au
large promontoire que la zone anticlinale du Boulonnais met en
saillie entre la Manche et la mer du Nord. Mais, en amont d’Amiens,
la direction de la vallée de la Somme ne semble plus en harmonie
avec l’architecture de la craie ; la rivière n’occupe plus le fond du
synclinal ; cette place est prise par l’Avre.
Les autres plis.
Entre le synclinal de la Somme et l’anticlinal du Rray, se suc-
1 M. Bertrand, 13, p. 33.
! Dollfus, 38, p. 45-4G et 40, p. 317 et 414.
3 Barré, 3 bis, p. 379.
cèdent d’autres plis parallèles : l’axe de Grandvillers qui passe par
Grèvecoeur, Maisoncelle, Nourard, Saint-Rémy-en-l’Eau Noroy
Bailleul-le-Soc, Fayel, Rivecourt et l’axe de Gamaches qu’on suit
par Blangy, Hornoy, Poix, Conty, Maignelay, Margny-lès-Com-
piègne1. Très souvent le relief ne les traduit pas à la surface - il
est nécessaire, pour les mettre.en évidence, de noter les niveaux
relatifs des couches de craie. Mais parfois la topographie les révèle.
Près de Grandvillers, ils se resserrent; et de leur faisceau résulté
une région haute et massive qui sépare le bassin de la Somme et le
bassin du Thérain; un manteau d’argile à silex, un relief accidenté
et souvent sauvage, des vallées profondes qui s’encaissent jusqu’à la
nappe deau, les sources de nombreuses rivières, Petit-Thérain
Brèche, Arrêt, Noye, Selle, Liger, Bresle, tels sont les caractères dé
ce plateau elevé. La profondeur des puits dans les gros villag-es oui
occupent le sommet des plateaux atteste leur position au-dessus d’un
axe anticlinal et 1 eloignement de la nappe aquifère; le fait est très
remarquable à Erquinvillers, à Noroy, à Fouilleuse, à Bailleul-le-Soc
sui 1 axe de Grandvillers ; plus saisissant encore à Maignelay, Méry
et Lataule sur axe de Gamaches (fîg. 13). Vers l ’Est, en approchant
de 1 (hse c est le tracé de l’hydrographie qui s’ordonne en harmonie
avec le phssement : 1 Aronde coule sur une bande de craie, orientée
b. E.-N 0. et formant anticlinal ; le bombement de la craie, en soul
e v a n t 1 ancienne couverture de sables tertiaires, les a exposés à
1 érosion ; sur le passage de l’axe, ils ont disparu et découvert la
■ B l i l B I i f l i H rfans la région do la forêt de Tholle.
eme travail de dénudation et de déblaiement à la traversée de l’Oise
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plissement'«’. M H a"S un synclinal >. Mais vers l ’Est le
ement s amomdnt; les saillies de l'architecture s’effacent sous
1 Dollfus, 38, p. 39.
! Lasne, 105, p. 472-474.
3 Dollfus, 38, p. 47-48.
p l a in e p ic a r d e .