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couloir de la Meuse, (Vireux 720 millimètres) etles plateaux ardennais
(Rocroy 949) ; entre une île de la Seine à Rouen (690 millimètres) et
l’un des quartiers élevés de la ville (828).
Entre toutes les anomalies de la distribution des pluies, il importe
de noter la bande de terrain relativement peu arrosée qui suit la côte
de la Manche depuis Fécamp jusqu’au delà de Dunkerque, mince
lisière à Fécamp et au Havre, ruban plus large dans les Bas-Champs,
zone étendue dans la plaine flamande. Épaisse de 686 millimètres
sur le rivage du Havre, la tranche de pluie atteint 866 millimètres
à Sanvic, sur la ialaise. Les nuages pluvieux ne se condensent pas
immédiatement au premier contact de la terre ; la mer est trop voisine
; c’est à l’intérieur des terres à la rencontre du premier relief
qu’ils déposent leur pluie ; ils passent sur la plage, franchissent les
terrains bas qui bordent la côte où rien ne les arrête et portent leurs
ondées au sommet des falaises et des plateaux.
Le relief ne détermine pas seul la répartition de la pluie. Quand
on la suit mois par mois, on y retrouve le conflit des deux grandes
influences déjà révélé par l’étude des vents et de la température. Nos
cartes mensuelles et nos cartes faites à l’aide des écarts pluvio-
métriques relatifs pour Juillet et Octobre traduisent aux yeux là
compétition des deux influences qui tour à tour prennent l’hégémonie
du climat (carte n° I). D'Avril à Juillet, le continent qui
s échauffé 1 emporte peu à peu, attirant à lui le maximum des pluies ;
en Juillet, l’Ardenne porte le maximum absolu. Puis la mer prend
sa revanche ; le maximum se transporte graduellement sur la côte
pour devenir énorme et puissant en Octobre sur le Boulonnais ; il y
reste en Novembre encore ; puis, dès Décembre, s’opère un partage
équitable ; les maxima s abaissent et se disséminent pour occuper
jusqu’en Mai les places que le relief leur assigne ; c’est de Décembre
à Mai que les cartes de pluie mensuelles ressemblent le plus à la
carte annuelle ; il y a équilibre entre les deux influences et arrêt
dans leur mouvement d’oscillation ; pendant ce répit, c’est le relief
qui impose sa loi. (Yoy. nos tableaux de pluie à l’Appendice.)
Le nombre des jours de pluie montre le jeu des mêmes causes. Il
augmente naturellement du Sud au Nord à mesure que les températures
s’abaissent : Rouen 137 jours, Amiens 159, Arras 207, Laven-
tie 235 l. Même progression de Beauvais (135) à Cambrai (153)2.
L’éloignement de la mer diminue la fréquence des pluies, et le nombre
des jours pluvieux décroît vers l’intérieur : cet élément, si important
* Moyennes de 1886-1897.
! Id. de 1875 à 1890.
pour la physionomie de l’année météorologique, achève de différencier
les régions qui bordent la Manche et les régions qui touchent à
la Champagne. Abbeville voit 181 jours de pluie, Amiens 159,
Laon 145. Si l’on considère l’automne, l’opposition éclate davantage
encore :
Nombre cles jo u r s p lum e u x .
Octobre. Novembre.
A b b e v ille ........................... .... . ............................... 2 0 ,5 18,5
Amien s. . ................................ . . . . . . . 18,1 1 7 ,4
L a o n ......................................... . 1 13,4
Enfin si l’on choisit deux villes plus rapprochées encore, Montdidier
et Abbeville (1840 à 1859), la différence persiste, attestant la
puissance des vents marins sur toute la côte ; en moyenne, Abbeville
a vu, durant cette période, 174 jours de pluie, Montdidier 153.
L ’année la plus humide a donné 220 jours de pluie à Abbeville (1841),
191 à Montdidier (1845) ; l’année la plus sèche, 145 jours de pluie à
Abbeville (1855), 117 à Montdidier (1857) h II n’est point jusqu’à
l’intensité des pluies qui ne varie sur cet espace limité. Les pluies
fines qui rendent si maussades les fins d’automne et les hivers d’Abbe-
ville et même d’Amiens sont plus rares à Laon. En dix ans, on
compte pour Septembre 58 pluies de 0 à 1 millimètre à Abbeville
contre 19 à Laon ; pour Octobre, on trouve respectivement 88 et 3 9 2.
Ce dernier trait achève de peindre l’évolution d’un climat qu’on
aurait peut-être tout d’abord hésité à croire si nette sur des distances
si petites. Au travers de ces plaines de la Somme qu’assombrissent
les bruines de l’automne, on s’achemine progressivement vers un
ciel moins souillé de nuages, vers une atmosphère plus limpide et
plus chaude où Septembre et Octobre restent volontiers souriants ; on
laisse derrière soi les plaines du houblon et des pommiers pour les
coteaux où la vigne n’a plus peur de mûrir.
II
L 'AS PEC T DES SAISONS. L’HIVER. LE PRINTEMPS. L’ÉTÉ. L’AUTOMNE
Il ne suffit pas d’analyser les causes générales d’un climat pour
en reconstituer toute la réalité; il faut encore les suivre à travers
leurs combinaisons et leurs vicissitudes durant l’année. On pourra
' Pour Abbeville, Hecquet, 176. Pour Montdidier, Duchaussoy, 172.
! Calculé d’après les A.B.C.M, 1886-1897.