LES LIMONS
La répartition des limons.
On trouve le limon des plateaux à des niveaux très bas ; il descend
jusqu’au fond des vallées; aux environs d’Airaines et de Molliens-
Vidame, son épaisseur croît à mesure qu’on descend dans la vallée
de la Somme. Mais le plus souvent le ruissellement l’a chassé des
pentes, de sorte qu’il paraît réfugié sur les hauteurs. Sur les plateaux
voisins de la Somme, on en voit à toutes les altitudes, de 30 mètres
à 170 mètres1; il manque sur les régions hautes comme le Bray et
le Boulonnais ; entre la Sambre et l’Ardenne, on n ’en observe plus
au-dessus de 240 mè tres2. Les plateaux jurassiques de l’Aisne et des
Ardennes et les terrains primaires de l’Ardenne n’en portent point :
ou bien la roche reste à nu, ou bien elle est recouverte d’un limon
qui paraît provenir uniquement de son altération. D’une manière
générale, le limon des plateaux paraît donc se maintenir aux altitudes
inférieures à 200 mètres.
Il ne présente pas partout la môme épaisseur. Il atteint sa plus
grande puissance dans la partie' orientale de la région crayeuse où
l’on peut voir des chemins creux s’enfoncer entre des parois verticales
de limon, hautes de 5 à 6 mètres (cote 150 à l’Ouest du Gateau,
sortie N. de Naves près Cambrai, cote 140 au Sud de Marie). On
note entre Jenlain, Priseau et Curgies au Sud de Yalenciennes des
tranches de limon épaisses de 10, 13, 17 et même 25 mètres ; de 12
à 16 mètres à la Yallée-aux-Bleds (N. O. de Yervins) ; de 13 mètres
à Bonjon (S. de Buironfosse), de 17 mètres à Dorengt (O. de La
Capelle). Cette importance du limon dans la région de Cambrai, du
Cateau et de Yervins, coïncide avec l’importance des dépôts argilo-
sableux tertiaires dans le même périmètre; nous sommes sur l’emplacement
du détroit qui joignait le bassin Belge et le bassin Parisien8.
A mesure qu’on avance vers l’Ouest, le limon s’amincit; des
coupes relèvent encore 12 mètres à Briarre, 8 mètres à Ercheu,
7 à 8 mètres en d’autres points du Santèrre; 10 mètres même à
Lieuvillers et à Mesnil-Saint-Firmin (Oise) ; mais entre le Thérain et
la Brèche, on n’observe plus que 4 mètres ; entre Formerie et Sarcus,
5 mètres ; aux environs de Molliens-Vidame et d’Airaines 5 mètres
au maximum et bien souvent lm,50 (pl. VI).
Un autre trait de la répartition du limon des plateaux, c’est le
1 Ladrière, 92, p. 268-276.
! Id., 92, p. 212-213.
3 De Lapparent. Traité de Géologie, p. 1612-1613.