tions, on en compte 13 de 1 hectare, 17 de 2, 23 de 3, 13 de 4, 14
de S, 9 de 6, 7 de 7, 24 de 8 à 15. En 1898, pour 5.111 parcelles il
y avait 3.718 planteurs de tabac dans'le Pas-de-Calais1; l’étendue
moyenne de l'exploitation ne dépassait pas 25 ares. Bien souvent
même, on peut observer un contraste curieux; quand le territoire
d’une commune occupe à la fois le fond d’une vallée et la plaine qui
domine, on voit les exploitations des petits cultivateurs se partager
les terres de la vallée, les jardins et les enclos s’y disputer l’espace,
tandis qu’au contraire le haut du territoire, les champs de la plaine
sont cultivés par une ou deux grosses fermes : on peut faire cette
observation d’un bout à l’autre de la vallée de la Canche.
Par leur sol limoneux, compact et uni, les plaines de Picardie,
d Artois, de Cambresis se prêtaient moins que des terres plus faciles,
plus meubles ou plus accidentées, à la multiplication des cultures, au
foisonnement des exploitations.
L e s g r a n d e s e x p lo ita t io n s .
Réfractaires aux très petites exploitations, ces plaines ne semblent
pas avoir favorise davantage les grandes cultures. Elles ne possèdent
pas cet ensemble de grosses fermes qui distingue la culture du
boissonnais, de la Brie, du ATexin. Ce fait ne laisse pas de surprendre;
car, dans la Picardie, 1 Artois, le Cambrésis, le Beauvaisis, les terres
de limon ne se montrent guère différentes de ce qu’elles sont dans
l’Ile-de-France et la Normandie. Et pourtant, .tandis que dans l’arrondissement
de Saint-Quentin la moyenne des exploitations oscille
autour de 40 hectares, elle atteint et même dépassé 100 hectares
dans 1 arrondissement de Soissons. En 1811, les exploitations d’une
etendue supérieure à une charrue (25 à 30 hectares) s’y répartissaient
ainsi d’après leur étendue2.
EXPLOITATION DE :
1 ch. 2 ch. 3 ch. 4 ch. 5 ch. 6 ch. 7 ch. 8ch. lOcharrues.
Saint-Quentin . . . 397 201 58 ' 20 3 2 1
Soissons........................ 172 113 96 67 26 24 3 3 1
Depuis cette epoque, la situation n’a pas beaucoup changé. Comment
expliquer que la constitution de grandes fermes qui est la distinction
agricole des parties méridionales de l’Aisne et de l’Oise, se
soit arrêtée sur le sol picard, malgré la similitude des conditions
naturelles ? La réponse ne vient pas de l’étude de ces conditions
physiques, mais bien de l’étude des conditions de la propriété.
Ce sont les formes de la propriété qui ont déterminé les formes
de la culture ; à l’origine du fait agricole se trouve le fait social. A
mesure qu’on approche de Paris, la grande propriété s’accroît. De
tout temps, l’aristocratie de naissance et l’aristocratie de fortune y
ont maintenu de grands domaines; ces domaines ont parfois changé
de propriétaires, mais sans se diviser. La culture y prit très tôt le
caractère d’une entreprise à grands capitaux et à grands profits. Le
nombre des grosses cotes foncières exprime cet état de la propriété ;
tandis que, près de Beauvais, dans le canton de Nivillers, l ’ensemble
des propriétés imposées de 500 à 1.000 francs représente à peu près
le huitième du contingent total, il en forme au contraire la moitié dans
le canton de Nanteuil-le-Haudouin. Sauf de rares exceptions, les
grands propriétaires louent leurs terres à de gros fermiers de sorte
que la culture reflète l’état de la propriété.
De même, si les plaines de Picardie, d’Artois, de Cambrésis et de
Beauvaisis présentent moins de grandes exploitations que des régions
voisines et analogues, c’est qu’elles contiennent moins de grandes
propriétés. Si l’exploitation y prend des proportions plus modestes,
c’est que le développement de la propriété paysanne, en multipliant
le nombre des cultivateurs indépendants, a, par le fait même, réduit
l’étendue des exploitations. Aussi, lorsque nous rencontrons de
grandes exploitations, nous constatons qu’elles correspondent aux
grandes propriétés qui ont échappé au démembrement ou bien
qu’elles doivent leur existence récente à l’influence de quelque industrie.
On trouve de grandes fermes un peu partout, à la surface de nos
plaines de craie, mais elles sont sensiblement plus nombreuses
d’abord au Sud-Est, c’est-à-dire à l’Est de Clermont, au Sud de Mont-
didier et dans le Laonnais jusqu’à Marie, ensuite au Nord-Ouest, c’est-
à-dire au Nord de la Somme depuis Abbeville jusque dans le Haut-
Boulonnais. De part et d’autre, ce sont pour la plupart d’anciennes
fermes d’abbayes, épaves de la grande liquidation révolutionnaire.
Beaucoup de fermes ont disparu à cette époque ; leurs bâtiments
démolis ont fourni des pierres à plus d’une chaumière ; leurs domaines
dépecés ont arrondi plus d’un héritage. Mais d’autres ont survécu ;
leurs bâtiments spacieux et solides constituent à eux seuls un capital
agricole assez important pour imposer le maintien d’une exploitation
proportionnée ; tel est le cas de certaines fermes de Saint-Waast