agricole qui contient l’atelier; ce trait révèle la double condition du
paysan partagé entre le travail de la terré et la manoeuvre du
métier. Dans les vallées, beaucoup de ces ouvriers deviennent tour-
biers pendant la belle saison; lorsque durant l’hiver le métier chôme,
plus d’un se loue pour battre le grain dans les granges.
Les étoffes du « Vermandois » e t du « Cambrésis ».
Sur un large territoire qui 's’étend entre Saint-Quentin, Wassi-
gny, Solesmes, Haspres, Cambrai, Crèvecoeur, Bapaume, Roisel et
Yermand, on remarque avec étonnement un nombre considérable
de gros villages, souvent fort rapprochés les uns des autres. En
songeant à d’autres régions aussi fertiles, mais moins peuplées, on se
demande comment le pays peut nourrir tant d’hommes. En réalité,
depuis longtemps ces campagnes doublent leurs ressources en alliant
la culture et l ’industrie. Tandis qu’à l’intérieur de la maison du tisserand
le métier occupe la plus grande pièce et qu’il exige parfois la
construction d’une salle souterraine, tout près de l’habitation se
range le jardin amoureusement cultivé où poussent les légumes du
ménage. Deux cas peuvent se présenter. Ou bien, comme on le voit
fréquemment dans le Cambrésis, l’habitant ne possède que sa chaumière
et un carré de choux, de poireaux et de pommes de terre, et
alors il les laisse pendant la belle saison; il se loue comme travailleur
agricole jusque dans la Brie et la Beauce; il en rapporte le pécule
qui assurera l’existence de sa famille pendant l’hiver et qui, peut-
être, préservé à force de privations, permettra d’agrandir le jardin et
d’acheter un champ. Ou bien l’habitant de la chaumière possède un
morceau de terre qu’il cultive; alors il demeure auprès de son
champ, il le cultive et le moissonne, puis il cherche à s’occuper ju squ’à
l’hiver dans les briqueteries et les sucreries. L’hiver venu, tout
le monde s’enferme dans l’étroit atelier, dans la cave humide pour
y peiner jusqu’au retour du soleil. Les industries qui viennent
puiser à cette réserve humaine sont très variées; nous étions jadis
ici sur le domaine de la toile; mais ce domaine a été démembré et
partagé (pl. XI).
A l’Est de Cambrai, l’industrie des toiles fines, batistes et linons,
persiste dans un groupe de villages autour d’Avesnes-les-Aubert. Le
lin qu’on tirait jadis de la Flandre vient aujourd’hui d’Irlande. On
ne conserve que certains genres qui ne se prêtent pas à la production
mécanique, les mouchoirs à vignettes, les toiles fines légères pour
les mouchoirs ourlés à jo u r; c’est à ces gracieuses étoffes que s’occu-
IfiiERS. A F eu<