ou 6 vaches. A Lanchères, la ferme Courtillet ne cultive plus que
15 hectares. Autour de Cayeux, comme de Rue et de Groffliers, le
grand nombre cultive des fermes de 8 à 9 hectares, avec 1 ou 2 chevaux,
plus rarement 3.
Derrière le rideau des arbres du village, le long des fossés où
coule l’eau des « égouts », viennent se ranger les habitations. A
part quelques grosses fermes qui s’écartent, les maisons ne quittent
pas les routes. Elles trouvent dans le ruisseau qui passe à leur
porte leur provision d’eau; en beaucoup d’endroits, c’est encore
l’eau des courses qu’on boit, et, lorsqu’on possède des puits, c’est
toujours elle qui abreuve les bestiaux. Dans ces terres argileuses,
la circulation est impossible ; si l’on ne veut pas y être bloqué pendant
la mauvaise saison, il faut se rapprocher des chemins, même
exécrables. Jusqu’à ces derniers temps, ils étaient restés dans un
triste état ; mais peu à peu ils s’améliorent ; aux galets ronds qui ne
se macadamisent pas, on substitue, au moins sur les grandes routes,
la pierre de Belgique ; mais les bonnes communications sont encore
rares. Le chemin de Rue à Saint-Quentin ne date que de 1899. Si
l’on veut du Crotoy gagner Saint-Quentin ou de Becquerelle Saint-
Firmin, on doit suivre un atroce chemin de sable et de galets. Pour
aller sur une bonne route du Crotoy à Saint-Firmin, il faut passer
par Rue ; presque partout des chemins de traverse, au sol incohérent,
mal empierrés, insuffisants même pour l’accès des champs. Aussi les
maisons évitent de se perdre dans la campagne; la plupart viennent
joindre les chaussées, les digues, les routes. Leur répartition
n’est pas un éparpillement comme dans la vallée de la Lys ou le
Bas-Boulonnais, mais une agglomération allongée, esclave des voies
de circulation et des fossés d’écoulement, où les habitations, séparées
entre elles par des pâtures, viennent, sans se serrer, côtoyer la route
(Hurt, Wathiéhurt, Favières, Quend, Rang-du-Fliers), Rien n’y
rappelle le groupement compact et fermé des plateaux; c’est, au
contraire, entre des haies touffues et des fossés pleins d’eau courante,
une succession de pâtures encloses et de petites cours carrées dans
lesquelles on aperçoit, à travers la barrière, les murs de torchis ou
de brique badigeonnés à la cbaux, et de nouveau revient à l’esprit le
souvenir des chaumières flamandes entrevues à Saint-Omer.
L’exploitation de la mer1.
Le pays est exploité et peuplé surtout pour sa terre. La mer y
1 SurEtaples, voyez Ports maritimes, 266, p. 325-327; Lefils, 558, p. 80-81.
est moins généreuse. Le commerce fuit de plus en plus cette côte
inhospitalière, ces estuaires ensablés dont les ports dépérissent.
Étaples, le port delaCanche, ne voit plus que des bateaux de pêche,
et pourtant l’antique Quentovic connut de brillantes destinées. Résidence
d’un « præfectus imperii », station d’une division de la flotte
romaine au ve siècle, point d’attache de relations actives avec la
Grande-Bretagne d’où lui Venaient la lame et le plomb Quentovic
attira les Normands qui le détruisirent (842). Etaples, fondée se on
toute vraisemblance sur son emplacement, recevait en 1193 ta lotte
de Philippe-Auguste et fournissait dix vaisseaux a la bataille e
l’Écluse en 1339. Auxxv9 etxvi6 siècles, les vins destinés àMontreuil
passaient par son port. A la fin du M Ê siècle, Etaples armait
encore des bâtiments de commerce de 40 a 50 tonneaux qui tra î
quaient jusqu’à La Rochelle. Mais déjà les navires n’entraient dans
le port qu’avec peine et ils attendaient la vive eau a Dieppe.
Le trafic d’Étaples n’a pas cessé de décroître | son importance
commerciale n’est plus qu’un souvenir; en 1854 il recevait encore
40 navires et 2.590 tonnes ; en 1901, le mouvement du port était de
8 tonne s1. . . .
Les ports de la Somme, entretenus par des travaux coûteux, mettent
plus de temps à mourir. Mais leur activité présente n’est q u u n
pâle souvenir de leur antique splendeur. Pendant de longs siècles, la
Somme fut considérée comme la voie d’accès la meilleure et a
plus directe vers le coeur de la France du Nord; ses ports ne le
cédaient point aux ports normands ; les marchandises a destination
de Paris débarquaient à Saint-Valery et non pas au Havre ; on
préférait la baie de Somme à l’embouchure de la Seine ; à la fin du
x v m e-siècle encore, on voulait faire de la vallée de la Somme e
débouché de Paris vers la mer | L’ensablement de l’estuaire a déçu
ces espérances. L’estuaire reste une impasse pour hî commerce;
pas une tonne de marchandise ne figure pour le transit dans le tonnage
de la Somme, d’Amiens à Saint-Valery. De Boulogne à Dieppe,
' la côte de la Manche se ferme au commerce maritime. j
Tous les ports de la Somme, Abbeville, Le Grotôy, Saint-Valery,
ont subi le même sort, à des degrés différents. Abbeville, jadis
visité par la marée, a perdu pour toujours le contact, direct avec la
mer I ce fut autrefois un port de pêche et un port de commerce. En
1451, unédit de Charles VII règle l’achat des poissons de mer sur le
‘ On trouvera les renseignements statistiques sur le commerce maritime et su r la
pêche dans Tableau général... 274.
- Arr»h R nm m f i . C. 1504.