amoureux de scènes grandioses et mouvementées, provient d’une
réelle uniformité de paysage ; presque rien à sa surface, ni dans la
nature, ni dans la vie, ne surgit qui puisse surprendre ou charmer
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Échelle de 1/2 200 000.
Fig. 1. — Coup d ’oeil d'ensemble de la plaine picarde. (Les surfaces que le pointillé
ne recouvre pas, correspondent à l’étendue de là craie blanche. Sur la craie, on n ’a
représenté, ni les témoins tertiaires, ni les dépôts pléistocènes, à l ’exception des alluvions
marines. Les hachures représentent les surfaces boisées. Les gros traits noirs
représentent les principales voies navigables.)
les yeux. Toute cette terre se partage entre trois provinces de l’ancienne
France : la Picardie, l’Artois et le Cambrésis; mais de l’une
à l’autre on passe sans éprouver le sentiment d’une différence ; de
chaque côté, ce sont les mêmes champs, les mêmes rivières, les
mêmes villages. Et pourtant, les hommes qui l’habitent ne semblent
point avoir jamais eu la notion de cetle unité; jamais dans l’histoire,
elle n’a porté un nom unique ; il est impossible de trouver dans le
langage un mot savant ou populaire, officiel ou familier qui l ’embrasse
èt la définisse tout entière ; aucune province, aucun État,
aucun groupement humain ne lui doit l’existence, l’individualité.
Ouverte à tout venant, privée de frontières naturelles, elle ne pouvait
s’isoler, ni se défendre ; entre la France et la Flandre, elle fut
durant des siècles un champ disputé pour sa fertilité et sa population,
D’autre part, flanquée de régions humides plus propres aux
pâtures qu’aux moissons, plus apte elle-même à la récolte des
céréales qu’à la production de l’herbe, l’homme ne pouvait l’utiliser
vraiment, sans la répartir ou sans la compléter; aussi la voit-on se
dissocier et se fragmenter au contact du Boulonnais, de la Normandie
et du Hainaut. Mais, si elle ne connut pas la personnalité
historique, sa personnalité géographique éclate de toutes parts,
fondée sur l’unité de sa nature physique et consolidée par les
oeuvres de ses habitants. Avant toute autre recherche, nous nous
attacherons à la bien définir. En voyageant sur les limites de ces
campagnes cultivées, terres à blé au sous-sol de craie, nous les
observerons au contact des régions voisines et nous verrons comment
elles passent soit aux pâtures de la Thiérache, du Boulonnais et du
Bray, soit aux plaines industrieuses des Flandres, soit aux plateaux
bordés de bois qui s’étendent jusqu’aux approches de Paris (fig. 1).
LES LIMITES DE LA PLAINE VERS L ’EST
Joignons par une ligne Solesmes, Le Cateau et Marie, et par une
autre ligne Le Quesnoy, Catillon, Yervins et Rozoy-sur-Serre. C’est
dans leur intervalle que s’opère la transition entre deux régions
différentes, entre les plaines de craie blanche et de limon à l’Ouest
et les plateaux de craie marneuse recouverts d’argile à silex et de
sables argileux à l’Est; entre les grands espaces découverts, les
champs cultivés de Cambrai et de Saint-Quentin à l’Ouest et les
forêts de Mormal et du Nouvion, les herbages de la Thiérache à l’Est.
La raison de cette transformation se trouve dans le relèvement
progressif du sol vers l’Est, vers l’Ardenne, qui amène à la surface
Jés couches successives de la profondeur; la craie blanche, épaisse
d une vingtaine de mètres à Havrincourt, s’amincit vers l’Orient et se
termine en biseau sur les bords de la Selle, laissant la place à la craie