Mais celte action n'explique pas tous les rideaux. D'abord 011
rencontre des rideaux dont le relief dépasse dix mètres; à cotte
dimension, il parait impossible de les attribuer à la culture. Ensuite,
ou ne comprend pas quel intérêt la culture aurait ou t\ créer uno profusion
de rideaux inutiles le long de certaines pentes; au Nord do
Hibemonl (Somme), on en compte quatre, séparés par une distance
de 15 à 20 mètres, élevés chacun de 7 à 10 métrosx; dans les vallons
au Nord-Ouest de Saint-Saullieu. huit, rideaux étagés sur un étroit
espace donnent l'impression d'un escalier géant dont los marches
atteignent 3.1. et 5 métrés (pl. 1\ ). De plus, des rideaux se sont formés
même sur des pentes non cultivées : ils étaient autrefois plus nombreux
et la culture en a rasé beaucoup; les archives du xvm0 siècle-
contiennent de fréquentes demandes de concession ayant pour but le
défrichement et la mise en culture des rideaux. Mais ii en reste encore
partout ; pour en donner des exemples, on n ’a que l’embarras du
choix. En général, leur forme est très caractéristique ; à leur base,
la craie se présente presque à nu et ce soubassement de craie porte
un couronnement de terrains meubles; en bas, le profil du rideau est
convexe et la pente se couvre d’une herbe maigre et courte; en haut,
le profil devient presque vertical, l’herbe pousse plus drue sur cette
partie terreuse : des buissons et parfois quelques arbres en marquent
la crête. En haut, nous avons la partie artificielle et récente du
rideau; en bas, nous en voyons la partie naturelle et fondamentale,
épaisse de plusieurs mètres. A moins de supposer un travail de déblai
dont aucun texte, ni aucun homme n'a gardé le souvenir et dont
l'idée seule semble une folie, il faut se résoudre à admettre une dénivellation
naturelle. On observe enfin, par exemple au grand rideau
d Or ville, une dénivellation brusque des couches qui abaisse la craie
grise au-dessous de la craie blancheAnférieure ; le rideau de la vallée
Toussaint à Orville correspond même à un abaissement de 20 mètres
an moins dans le niveau de la craie grise 3. Dès lors, pour expliquer
ces accidents de terrain, nous devons faire appel à ce que nous
savons de la structure de la craie.
L ’étude des diaclases montre quel rôle jouent dans la physionomie
de la craie les actions mécaniques que cette roche a subies depuis sa
formation. Des observations de Daubrée et de Lasne4, il résulte que
les diaclases se répartissent suivant certaines directions dominantes,
' Lasne, 40g, p. 35.
' Archives civiles, Somme. A, 60.
1 GoiaeJet, -U, p. 466-167.
* La¿ne, 108 p. iSl et 106.