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pent en hiver les tisseurs d’Haspres, de Saulzoir, de Villers-en-
Gauchie, d’Avësnes-les-Aubert. C’est tout ce qui survit de 1 ancienne
mulquinerie. Encore ce refuge de la toile diminue-t-il beaucoup; à
quelques kilomètres de là, s’exerce l’attraction des usines et des
mines, et les fabriques de lainages du rayon de Fourmies.
A l’Est du Cambrésis, depuis le début du xixe siècle, la laine
retientune grande partie des bras. Cette région lainière1, qui s avance
jusqu’à Avesnes, Solre-le-Château, Trélon, Fourmies, Hirson, Sains
et Marie, empiète largement sur le Yermandois et le Cambrésis par
Guise, Solesmes et surtout par Le Cateau. Depuis 1816 Le Cateau est
devenu un centre de peignage, de filature, de retordage et de tissage
de la laine, une place de premier ordre pour la fabrication des tissus
mérinos; en 1853 cette fabrique répandait plus de 6.000 tisseurs dans
les cantons de Clary, du Cateau et de Solesmes. Depuis cette époque
le tissage à la main recule davant la machine; mais il se défend
avec vigueur; aujourd’hui encore, plus de 800 métiers à la main, à
Rieux, Béthencourt, Yiesly, Quiévy, Troisvilles, Beauvois, Inchy,
fabriquent pour les maisons du Cateau des articles de nouveauté,
barèges, grenadine, byzantine, foulard, crêpe anglais, guipures
mérinos, velours, laine, etc... Cette survivance du métier à domicile
complète la physionomie du Cambrésis dans une contrée où 1 industrie
lainière se confine presque tout entière dans les usines ; c est
un nouvel exemple de l’adaptation du travail industriel au milieu
rural.
C’est encore l’abondance de la main-d’oeuvre rurale qui depuis
1829 fixe à Caudry, au Sud de la région des toiles et à l’Ouest de la
région lainière, la fabrication des tulles et des guipures. Un ouvrier
de Saint-Pierre-lès-Calais, originaire de Caudry, eut l’idée d introduire,
dans ce monde d’ouvriers habitués au travail du tissu, des
métiers à tu lle2; l’innovation tombait sur une terre bien préparée;
aujourd’hui 8.000 à 10.000 personnes travaillent aux tulles de
Caudry. Mais l’évolution qui commence à transformer le travail de
la bonneterie n’a pas tardé à atteindre Caudry; depuis 1870 les
métiers à tulle fonctionnent dans des usines à vapeur ; ils ne travaillent
plus à domicile; c’est l’ouvrier qui vient les chercher en sorte
que seules des besognes accessoires, comme le découpage, s’exécutent
dans la maison de l’ouvrier. Mais l’industrie de Caudry conserve
des traits pittoresques qui tiennent à ces origines rurales; c’est, par
* Cf. Legeay, 350. Ardouin-Dumazet, 474,17« série, chap. xxra.
! Ardouin-Damazet, 474, 19« série, chap. xiv.