terrasse, on obtient une pente
qui se rapproche cle la pente actuelle
; en outre, les méandres de
la Somme entre Amiens et Pé-
ronne indiquent une rivière lente.
Nous avons donc en ces graviers
les témoins les plus anciens de
l’activité des rivières actuelles.
§ En les rapprochant d’autres dé-
5- pôts semblables, nous pouvons
s même reconstituer toute une
| , phase de l’hydrographie régio-
« s -S nale. Des cailloux roulés et des
s ÿï sables couvrent de,grands espaces
| depuis Montreuil jusqu’à Abbep
ville ; ils forment le long de la
^ Canche et de l’Authie des ter-
| rasses qui dépassent de plus de
| 40 mètres le niveau des vallées;
e à la gare de Wailly, au Sud de
.§ Montreuil, on les'exploite dans
:§ de grandes carrières de ballast.
S On ne les rencontre pas dans
les ravins qui débouchent aux
o, rivières; ils ont donc été déposés
§ | avant l’approfondissement des
S | vallées. Nous les retrouvons aussi
^ o sur le versant septentrional du
| t.;, plateau de craie, sur les bords de
§ la Scarpe vers Monchy-le-Preux,
| au camp d’Helfaut, au bois de
| Ruminghen i; ils rappellent une
« époque où le niveau des rivières
qui descendent vers le Nord était
plus élevé, et le creusement des
vallées à peine commencé. Au
camp d’Helfaut, on a découvert
les débris de la faune à Elephas
Antiquus et Rhinocéros Merkii.
' Potier, 134, p. 376-377. Gosselet, 74.
Si nous supposons, ce qui est vraisemblable, que tous ces anciens
cailloutis sont à peu près contemporains, nous pouvons dire qu’ils
remontent aux tout premiers temps du Pléistocène à l’époque Reuté-
lienne et Mesvinienne de M. Rutot, à l’époque Chelleenne de M. de
Mortillet.
Le c r e u s em e n t d e s v a l l é e s ; s e s é ta p e s .
Après le dépôt des hauts graviers, commença une longue période
marquée en fin de compte par un soulèvement de la craie ou bien
par un abaissement du niveau de base qui aboutit au creusement
définitif des vallées. Ce mouvement ne fut pas continu; il y eut des
intervalles de repos pendant lesquels le dépôt l’emportait sur l’érosion.
Mais bientôt la rivière, reprenant le creusement, s’enfonçait
dans ses alluvions et s’acheminait vers l’état d’équilibre qui devait
résulter un jour de la stabilité de son niveau de base et de la régularisation
de son profil. Cette période de creusement peut être datée
grâce aux ossements de mammifères et aux silex travaillés dont la
vallée de la Somme possède les gisements les plus célèbres ; elle est
contemporaine de l’Elephas Primigenius, du Rhinocéros Tichorhinus
de l’Ursus spelaeus et des silex en fer de lance taillés sur les deux
faces; elle tire de Saint-Acheul, faubourg d’Amiens, son appellation
d’Acheuléenne. ,
Cette seconde nappe d’alluvions fluviátiles se rencontre par masses
assez importantes dans la vallée de la Somme, sur les emplacements
d’Amiens et d’Abbeville; aux confluents de rivières les matériaux
tendent toujours à s’arrêter; aussi les voyons-nous accumulés à
Saint-Acheulentre la Somme et l’Avre, à Montières entre la Selle
e tla Somme, à Menchecourt et au Moulin-Quignon près d’Abbeville
entre la Somme et la rivière de Drucat. La Somme Supérieure en
présente peu parce qu’elle est creusée dans de la craie plus pure.
Leur répartition, le long de l’Escaut, s’explique pour des raisons
analogues : tandis que les alluvions ne*se sont pas arrêtées au confluent
de la Selle et de l’Erclain qui tombent obliquement dans
l’Escaut, elles forment d’épais dépôts au confluent des ruisseaux
d’Esnes et de Ribécourt qui sont perpendiculaires à l’Escaut : ce sont
ces remous violents qui ont précipité les masses du diluvium de
Crèvecoeur. Il est à remarquer que dans les vallées de la Bresle, de
la Somme, de l’Authie et de la Canche, ces dépôts se trouvent presque
toujours localisés sur la rive gauche; sous l’influence des vents
dominants, les rivières tendenL à attaquer leur rive droite, en laissant
leurs alluvions sur la rive gauche.