cation séduisante néglige les gisements isolés que nous n’avons pu
rattacher à aucun groupe.
En somme, si l’on peut admettre comme connu le niveau géologique
des gisements de craie phosphatée, on sait peu de chose sur
la raison de leur répartition géographique ; d’abord on ne peut
affirmer aucune loi générale pour la direction des traînées de craie à
Belemnitelles où l’on trouve la craie phosphatée ; ensuite, ces traînées
n étant pas continues, nous ne possédons pas le moyen d’en
localiser rationnellement les lambeaux; enfin même si l’on connaissait
l’emplacement de ces lambeaux, il faudrait encore savoir
s ils contiennent de la craie phosphatée. Dans ces conditions, il reste
beaucoup de hasard dans la recherche des gisements de phosphate et
d imprévu dans leur exploitation. Leur description nous m'ene aux
mêmes conclusions.
| Gisements. — On trouve le phosphate sous deux formes ;• la forme
originelle est une craie grise contenant disséminés de nombreux
grains de phosphate ; par décalcification, il se produit dans les poches
de la craie une forme dérivée qui est le sable phosphaté.
La craie phosphatée présente beaucoup de praticularités comme
roche et comme gîte. A l’aspect, c’est une craie grise. A la loupe,
on voit que cette couleur lui vient d’une multitude de petits grains
bruns de phosphate de chaux, de S à 10 centièmes de millimètre, qui
se trouvent répandus au milieu d’une pâte calcaire blanche : un très
grand nombre de ces grains sont des moules de foraminifères.
Gomme la pâte ne contient pas de phosphate, la richesse de la roche
rabondance des ffrains phosphatés; elle dépasse parfois
50 p. 100, mais elle se tient en général entre 10 et 50 p. 100. Les
gîtes de craie phosphatée affectent une-forme lenticulaire et reposent
sur un fond de bateau dont le profil n’est d’ailleurs pas toujours régulier;
les assises phosphatées ont leur épaisseur maximum au centre
; ^ gisement; en moyenne, elle est de 6 mètres; on a trouvé 25 mètres
a Orville et 13 mètres à Hardivillers. L’épaisseur va diminuant vers
les bords, ou les bancs successifs se terminent en biseau allongé •
l e u r largeur va de 30 à 150 mètres, et leur longueur de 150 à
500 métrés1. Les cuvettes ou bassins synclinaux, dans lesquels reposent
les gisements, semblent bien avoir existé à l’époque du dépôt;
souvent elles sont recouvertes, en stratification discordante par
diverses couches de craie blanche. Tantôt la cuvette ne forme qu’une
légère dépréssion, comme à Templeux-le-Guérard et Templeux-la-
1 Aubert, 3, p. 313-315.
Fosse. Tantôt, comme à Ëtaves, Hargicourt, Éclusier, elle présente
des parois très inclinées qui dessinent un pli très aigu provenant
peut-être de moüvements tectoniques postérieurs au dépôt de la craie
phosphatée. Le gisement ne se définit pas seulement par sa forme,
mais encore par la répartition du phosphate. La richesse de la craie
en phosphate y varie dans le sèns horizontal et dans le sens vertical.
Elle diminue d’abord dans toutes les directions autour de son
maximum ; à Fresnoy-le-Grand, elle passe latéralement du titre
40-50 au titre 10, pour cesser bientôt d’être exploitable. Même variation
de bas en haut. Le contact entre la craie phosphatée et la craie
inférieure est toujours constitué par un banc'de craie dure, criblé
dé perforations larges de 3 à 15 millimètres et rempli de phosphate
riche, semblable à une brèche quand ces perforations sont nombreuses
: le titre du phosphate y atteint parfois 80 p. 100. Au-dessus
de ce banc commencent les assises de craie phosphatée dont les plus
riches occupent généralement la base, les plus pauvres le sommet ;
mais cette décroissance n’est pas régulière et l’on observe souvent
des alternances de craie riche et de craie p auvre1.
Dans la craie phosphatée sé sont creusées les poches de sables
phosphatés. A l’origine de ce phénomène nous retrouvons la structure
fèûdillée de la craie. Plus rares dans la craie grise que dans la
craie blanche, les fissures y sont plus continues ; elles offrent aux
eaux d’infiltration une route facile qui s’élargit sans cesse par les
progrès delà dissolution. Comme la force dissolvante de l’eau diminue
avec la profondeur, les poches qu’elle creuse à la longue se terminent
en pointe vers le bas. Les poches les plus larges se produisent à la
rencontre de plusieurs diaclases ; lorsqu’une même diaclase est traversée
par des diaclases transversales, on voit les poches se ranger
le long de la ligne principale aux points d’intersection des lignes
secondaires; on a compté dix poches Je long d’une diaclase mise à
nu sur une longueur de 100 mètres. La profondeur des poches est
en rapport avec la force érosive de l’eau; elle diminue dans les
endroits où des terrains tertiaires assez épais recouvrent la craie. De
toutes ces conditions fort complexes, résulte pour les poches à
phosphate une très grande variété de formes ; mais, quelle que soit
cette forme, nous voyons que l’existence de ces curieuses cavités est
un phénomène particulier dû à la structure et à la nature même de
la craie. La description schématique d’une poche éclaire cette
1 Gosselet, 62. Lasne 112 (Cf. pour la description détaillée des gisements de phosphate).