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longueur d’un ancien anticlinal primaire dirigé du S. E. au N. 0.
et connu sous le nom d’axe de l’Artois, affecte tout l’ensemble des
dépôts crétacés compris entre le Bassin Parisien et le Bassin Belge.
Ce bombement du sol séparant deux aires synclinales donne à la
région de craie sa valeur définitive dans la géographie de la région
Anglo-Française; entre deux zones affaissées, elle forme un territoire
surélevé dont la permanence est assurée pour toujours. Fortement
accusé vers l’Ouest, dans le dôme Wealdo-Boulonnais, le soulèvement
s’atténue entre Arras et Cambrai ; c’est par cette zone surbaissée
que le Bassin Belge communiquera avec le Bassin Parisien
pendant l ’époque tertiaire ; détroit de profondeur et de largeur variables
entre l’Ardenne et le Boulonnais, elle est demeurée le seuil de
passage entre la région Flamande et la région Française. L’altitude
de cette haute région de craie par rapport aux deux dépressions voisines
a souvent varié ; elle dépendait à tout moment des mouvements
du sol; mais elle a toujours conservé une valeur positive.
Après une longue période d’émersion pendant laquelle elle fut soumise
à une intense dénudation dont témoigne encore l’argile à silex,
la craie s’abaissa de nouveau et fut couverte au début du tertiaire
par une invasion marine. Le Bassin de Paris formait un golfe de la
mer tertiaire du Nord. Il subit les vicissitudes d’une région, sans
cesse disputée entre l’eau et la terre. Après une première transgression
qui couvre la craie de sables marins jusqu’aux environs de
Beauvais (thanétien), la mer se retire ; des argiles et des lignites se
déposent dans des eaux douces; mêmes mouvements de transgression
à la fin du sparnacien moyen, de l’yprésien, du lutétien supérieur,
du bartonien moyen, du bartonien supérieur1. Jusqu’à
l’époque des sables de Fontainebleau qui marquent la dernière
avancée de la mer dans le coeur du Bassin de Paris, on assiste à cet
incessant conflit qui se traduit par une variété inouïe des dépôts et
une incertitude perpétuelle des contours géographiques. De tous ces
dépôts, qu’est-il resté sur la craie? D’abord, tous n’y ont pas été
répandus. On a retrouvé partout les formations tlianétiennes et spar-
naciennes; les sables tertiaires de l’âge des sables de Bracheux ont
recouvert presque toute la Picardie et tout l’Artois, à l’exception,
peut-être, des environs du Boulonnais et du Bray ; les sables de
« l’argile plastique » ont dépassé vers l’Est l’extension de la craie;
on les observe sur les terrains jurassiques et même sur les terrains
paléozoïques de l’Ardenne2. Il n ’en est plus de même des dépôts
1 Munier-Chalmas, 128.
1 Légende de la carte géologique (Feuille deRethel).
yprésiens dont l’extension fut beaucoup plus localisée. La découverte
de grès à nummulites faite près d’Hargicourt et de Prémont
(Aisne)1 permet de conclure qu’il existait à l’époque yprésienne une
communication directe entre le Bassin Belge et le Bassin Parisien ;
mais comme ces témoins d’une assise aujourd’hui démantelée n’ont
été rencontrés que dans les parages de la Haute-Somme et de la
Haute-Oise, on doit admettre que cette communication avait lieu
par un simple détroit2 établi entre l ’Ardenne et le Boulonnais dans
la zone abaissée du bombement crayeux ; cet emplacement plus profond
est encore marqué aujourd’hui, dans les environs de Cambrai,
de Samt-Quentin et de Yervins, par l’abondance des dépôts argileux
et sablonneux dispersés à la surface de la craie.
De tous ces dépôts tertiaires qui se placent par leur âge entre les
sables de Bracheux et le calcaire grossier inférieur, il ne reste
que des témoins. Vers l ’époque des soulèvements alpins, l’axe
i e 1 Artois et les autres plis de la craie rejouèrent. Tandis qu’ils
étaient portes a de fortes altitudes, les aires synclinales, suivant la
oi, s affaissaient. La dénivellation atteignit des proportions considérables.
Les couches y présiennes avaient été en effet déposées horizontalement;
or, leur sommet se trouve à une altitude de — 45 mètres à
aint-Dems et de + 40 à Bruxelles; comme les blocs épars sur les
plateaux de la Haute-Picardie se rencontrent à environ 150 mètres
on peut admettre que cette région a ,été relevée de 200 mètres à peu
près par rapport à Paris et de 100 par rapport à Bruxelles. En s’élevant,
elle donnait prise à l’érosion. Ce phénomène s’est traduit jusqu’à
epoque actuelle par un conflithydrographique entre la région de craie
et les deux h as sms qui la limitent au Nord et au Sud; dans cette lutte
les rivières indépendantes de la craie ont perdu du terrain au profit
c es cours d eau plus actifs qui descendent au Nord et au Sud vers
es niveaux de base plus rapprochés; la vallée de la Somme, jadis
S J H P , r H eaux I rAisne, a été décapitée par l’Oise au profit
eine , Escaut s est avancé par régression jusqu’à la HautevPrTTn
C° f qaérant une Partie du domaine de la craie, tandis que
rmoehp I f nvieres comme la Deûle, la Lys et l’Aa par une
Fn H rogra e de même nature s’v taillaient aussi leur part.
M me te,nJ s lesAeaux courantes poursuivaient leur travail de
„ r .n e . entraînement ; les assises tertiaires, démantelées par
osion intense, furent dispersées ou détruites ; il en disparut
1 Leriche, 113.
* Gosselet, 71. Dollfus, 36, p. 324.
3 Dollfus, 40, p. 336 et 38, p. 57. Barré, 3 bis, p. 84.