la lutte n’a pas été partout poussée avec cette méthode; elle s’est
poursuivie un peu partout, mais sur des points isolés, à la merci des
propriétaires. Ainsi furent desséchés au déhut du xixe siècle les
marais de Sacy-le-Grand1 et les marais de la Souche entre Sissonne
et Froidmont. Sur les bords de la Sensée8, beaucoup de marais sont
cultivés depuis cinquante ans, mais la vallée demeure encore le
domaine de l’eau; tout écoulement naturel doit échouer; car le
niveau du canal navigable de la Sensée est près de 2 mètres plus
élevé que le lit de l’ancienne Sensée; pour enlever l’eau, il faudrait
des machines élévatoires comme en Hollande; d’autre part l’entente
semble difficile, car les eaux des marais, au sud d’Arleux, appartiennent
aux usiniers ët les marais sont tantôt propriétés communales,
tantôt propriétés privées; enfin certaines communes riveraines
tiennent à leurs marais parce qu’elles rouissent leur lin dans les
clairs (pl. Vil).
Malgré les efforts des hommes, les vallées de la craie forment
encore un milieu géographique original. Les rivières n’y représentent
qn’une faible partie de l’étendue aquatique; leur personnalité
disparaît souvent au milieu des marécages ; elles se trouvent impuissantes
a commander tout l’écoulement; la vallée devient une plaine
humide et inondee entre les plateaux arides.
' 1 Graves, 555 (1837), p. 129-130.
s Blin, 206, p. 172-174.
CHAPITRE VI I
L ’H YDROGRAPHI E ET LE M I L I E U HUMAIN
I. L’eau su r les p la te au x . Les ph én omèn e s de ru isse llem en t. Les p u its : p ro fo n d
eu r e t e n tre tie n . Disettes d ’eau. Mares, c ite rn e s e t forages., — II- L’eau dans
les vallées. Tourbières e t to u rb ie rs . J a rd in s : les H o rtillo n n ag e s. P ra irie s . ■—
III. Moulins e t usines h y d rau liq u e s. V aleu r des riv iè re s comme p ro d u c tric e s
d ’énergie.
Entre les vallées humides et les plateaux arides, l’eau est le
principe de la différenciation géographique. Par son abondance ou
sa rareté, elle crée deux aspects de la nature que l’oeil distingue
bientôt dans le paysage, deux milieux physiques où l’activité des
hommes évolue différemment. Sur les plateaux, on ne connaît l’eau
-courante que sous la forme de ruissellements temporaires, redoutés
bien plutôt qu’attendus; l’eau manque à ces terres fertiles et peuplées;
pour l’avoir, il faut péniblement l’extraire des profondeurs du sol ou
bien la préserver avec peine contre l’infiltration et l ’évaporation.
Dans les vallées, tout évoque au contraire la présence de l’eau : les
tourbières, les jardins, les prairies, les moulins; quand elle a cessé
d être par ses excès mêmes l’ennemie de l’homme, elle devient l’auxiliaire
de sa culture et de son industrie (pl. VII).
I
L’EAU SUR LES PLATEAUX
Le ruissellement.
Les plateaux ne connaissent les eaux courantes que par les ruissellements
qui suivent les grandes chutes de pluie ou de neige. Les
vallons secs de la craie s’animent alors et laissent passer des torrents.
Par leurs ravages, certains « riots » du Cambrésis méritent la même
mauvaise réputation que certains torrents de montagne. Tout ce sol
perméable peut à l’occasion devenir impénétrable à l’eau et l’obliger
à ruisseler; c’est, ou bien lorsque la gelée ou la sécheresse l’ont