docteur Chandon1 remarque que l’orage a épargné les champs dans
tous les terroirs traversés contenant des bois. Certaines dépressions
échappent aux ravages de la grêle : ainsi la vallée de la Somme
autour d’Amiens, de Boves, de Corbie et de Bray ; il semble que les
orages à grêle, comme les trombes, rasent les plateaux et franchis,
sent les vallées sans y descendre. Un autre exemple curieux de
dépression protégée se présente prés de Beauvais : les orages venant
du Sud-Ouest et traversant le canton de Chaumont-en-Vexin sont
arrêtes par la falaise du Bray; ils versent leur grêle sur les plateaux
de Chaumont et d’Auneuil ; une fois la rampe franchie, ils négligent
a dépression du Bray et la vallée du Thérain et s’en vont dévaster
les plateaux de Nivillers, de Froissy et de Breteuil.
Le bord de la mer semble exempt des chutes de grêle; on les
connaît peu dans les Bas-Champs et dans le Boulonnais. Par contre,
certains territoires paraissent prédestinés au fléau; parfois la grêle
s acharne sur les campagnes où elle peut faire le plus de mal; elle
s abat sur les plateaux fertiles qui séparent les vallées des rivières et
marque d’une tramée de désastres les cantons d’Aumale, de Forme-
rie, de Nivillers, de Beauvais, de Clermont, de Breteuil, de Mai-
gnelay, de Saint-Just, d’Estrées-Saint-Denis,’de Ressons, de Mont-
didier, de Rosières, de Roye, de Ham, de Roisel, de Combles; elle
continue ses ravages entre la Somme et l’Authie* t(Albert, Acheux,
Doullens), puis entre la Somme et l’Oise (arrondissement de Saint-
Quentin) ; dans-le Pas-de-Calais, elle revient souvent sur les plateaux
qui bordent la partie supérieure des vallées de l’Authie, de la
Canche et de la Ternoise.
Parfois l’averse seule est aussi redoutable que la grêle. Les
grosses pluies, ruisselant sur les pentes,, se rassemblent dans les
îavins, entraînant les terres; débouchant dans les vallées, elles
mondent les prairies, envasent les ch am p s . Les eaux sauvages
d hiver nuisent rarement aux cultures; mais les orages d’été tombent
au moment où l’herbe déjà.forte attend la fenaison; les prés sont
embourbés, les fourrages gâtés. Parfois les eaux furieuses surprennent
les villages, entraînent les habitations, submergent hommes et
bêtes : mais ce sont là les rares fantaisies d’un climat paisible. Au
reste, ces phénomènes violents, exceptionnels en été, deviennent
plus rares encore à l’automne qui est, de toutes, la saison la plus
belle et la plus régulière.
D u e h a u s so y , 172, p , 528.
L’automne.
Le printemps montre une progression rapide vers-les chaleurs.
L’automne s’achemine lentement vers les froids. La température
décroît de mois en mois, de 15°,50 en Septembre à 10“,64 en Octobre,
30,37 en Novembre, 2°,73 en Décembre1. La lenteur de ce refroidis-
ment fait de l’automne une saison relativement encore chaude, propice
à la maturité des fruits, surtout en Septembre ; rien de violent
dans le climat; presque plus d’orages, ni de journées lourdes et brûlantes
■ les récoltes et les cueillettes se continuent dans la douceur
de cet arrière-été. Mais déjà diminue la longueur des jours ; les
veillées vont commencer :
« Al’ s a in t Gilles, s a in t Leu
E l lam p e a ch ’ cleu. »
Le rayonnement nocturne augmente sur ce sol qui se refroidit,
sous un ciel encore calme. C’est le moment des brouillards, des
fortes rosées, des gelées blanches. A Amiens, c’est Octobre et Septembre
qui donnent le plus de brouillards; Novembre, le plus de
gelées blanches. Le long des vallées marécageuses, l’air refroidi des
plateaux tombe dans les fonds plus chauds et humides dont la
vapeur d’eau se condense en brouillards. Ces brumes ne durent pas ;
elles s’élèvent lentement vers le ciel dès que le soleil a récliauf e
l’air.
« Du b ro u illa rd dins chés m a ra is
Ch’e s t du bieu tem p s po u r chés v a rle ts . »
Dans la vie agricole, l’automne montre en contact intime et se
pénétrant l’une l’autre, l’année qui finit et l’année qui s’en vient.
Alors tombent les premières pluies qui profitent à la terre ; elles préparent
la terre aux labours et facilitent l’arrachage des betteraves.
Parfois elles sont trop abondantes ; les terres argileuses se détrempent;
il faut voir alors la peine des ouvriers pour arracher d’une
boue grasse les lourdes racines, puis les efforts de 1 attelage poui
entraîner le gros chariot hors du champ défoncé. L’arrachage des
betteraves se prolonge souvent, retardant les labours et les semailles.
Au reste, depuis qu’on cultive les betteraves, la date de la préparation
des terres n’a pas cessé, de reculer.
« Ail’ s a in t Lu
Sème d ru . »
* M o y en n e s de M o n td id ie r, 1784-1869.