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genèse1. Une poche typique a la forme d’un cône renversé, d’un
entonnoir un peu évasé. Il arrive aussi qu’on rencontre la forme
d un puits a parois verticales ou d’une bouteille à paroi en surplomb.
a profondeur moyenne ne dépasse pas 15 mètres ; mais à Orville
on a mesure jusqu’à 27 et 31 mètres. Admettons comme type une
poche observée à la Solette près de Terramesnil. On y trouve de bas
en haut et de la circonférence au centre; 1“ Au contact de la craie
blanche, une couche d’argile noire; 2» une couche de sable phosphaté
qui s applique directement contre la craie phosphatée; il est formé
de grains de phosphate de chaux identiques à ceux de la craie grise •
les eaux pluvmles chargées d’acide carbonique ont dissous le carbonate
de chaux de la craie phosphatée et isolé le phosphate ; en général
a sa partie supérieure qui est en contact avec le bief à silex, le sable
présente une teinte rouge parce qu’il contient un peu d’argile ; mais
vers le bas d devient blanc jaunâtre; les sables rouges ne titrent à sec
que de 50 a /0 p. 100 de phosphate tribasique ; les sables blancs atteignent
70, 80 et même 85. Une poche peut en contenir de 50 à
500 métrés cubes ; 3» une argile noire avec silex entiers dont la patine
blanche est recouverte d’un enduit noir brillant de bioxyde de manganèse,
provenant de la décomposition de la craie blanche supérieure,
et épaisse de 0",50 ; 4° une seconde couche d’argile à silex
plus gros, couleur rouge vif, sans enduit noir sur les silex, épaisse de
,50, provenant aussi des couches de craie supérieure enlevées par
ecalcifîcation ; 5° un sable argileux, d’une couleur allant du rouge
au blanc; 1 argile est bleuâtre ; le tout,' entraîné dans la poche par
les eaux et par son propre poids, y a pénétré à mesure que le vide
s y agrandissait ; 6“ du bief à silex cassés ; T du limon des plateaux.
Les poches dont e type est rarement aussi régulier et complet
résultent donc de la lente dissolution de la craie par les eaux pluviales;
les matériaux qu’elles contiennent s’y sont affaissés progressivement
au fur et à mesure qu’elles s’approfondissaient.
Exploitation. — G’est la découverte des poches de sables phosphates
qui a été dans la Somme et le Pas-de-Calais le point de
( epart de 1 industrie phosphatière. On n’exploita pas d’abord la craie
phosphatée ; on se bornait à extraire le sable des poches. Cette
ecouverte fut un coup de fortune pour le pays ; mais elle n ’a pas eu
de profondes conséquences géographiques. Le phosphate n’a pas,
comme la houille et les métaux précieux, bouleversé les conditions
géologique), p0.0!!-1^ 12' GoSselet’ 50 ’ Légende de la feuille d’Amiens - et 78 (Guide
économiques des régions minières. En 1886, un ingénieur M. Merlel,
reconnut que certains sables, exploités à Beauval pour la fabrication
des briques et du mortier et pour le moulage de la fonte, éLaient
formés par du phosphate de chaux presque pur. Aussitôt habitants
et industriels se disputèrent à prix d’or la propriété des terrains. On
offrit jusqu’à 500.000 francs pour un hectare. Le précieux sable que
des briquetiers payaient trois francs le mètre cube se vendit tout
d’un coup 70 francs. On démolit des maisons, on déplaça un cimetière
et une église pour ouvrir des carrières; des voies ferrées furent
construites; on créa ces petits chemins de fer économiques au parcours
sinueux qui d’Albert gagnent Doullens par Acheux et Beau-
quesne, ou bien Ham par Péronne. Des pauvres deAÛnrent. riches en
un jour. On rappelle encore à Beauval et à Beauquesne l’époque où,
dans la fièvre dos marchés conclus, le champagne coulait à flots.
Beaucoup d’ouvriers italiens vinrent même s’occuper aux travaux
de terrassement. Mais toute cette animation a traversé le pays sans
le remuer profondément; partout où elle s’est déjà éteinte, il n’en
reste comme souvenir que l’apparence cossue de quelques maisons
où la richesse est entrée et le spectacle pittoresque des champs bouleversés
par les terrassiers, des poches éventrées et béantes à côté
des monceaux de sables, d’argile et de cailloux dont on les a vidées.
L’exploitation des phosphates n’a pas créé de phénomènes géographiques
durables et intenses. Le contraire surprendrait. Par leur
nature même, les gisements s’épuisent vite; pour le sable, il suffit de
vider les poches ; pour la craie, on sait qu’elle forme’ des lambeaux
très localisés. La décadence ne devait pas tarder à suivre la prospérité.
Tandis que la production reste stationnaire dans la Somme
et s’accroît dans l’Aisne parce qu’on a découvert de nouveaux gisements,
elle décroît dans l’Oise et le Pas-de-Calais où les gisements
s ’épuisent2. Si la nature des gisements met un obstacle au développement
économique des pays pliospliatiers, il en va de même de la
nature des travaux que nécessitent l’exploitation du phosphate et sa
préparation industrielle. La présence du sable phosphaté se reconnaît
par des sondages très simples qui n’exigent pas une grande
’ Olry, 129, p. 36-37.
. ° Production phosphatière, d’après la Statistique de l’industrie minérale, en tonnes :
Somme. Pas-de-Calais. Aisne. Oise.
1886. ............... ................ S 000 29 576
1889.................... . . . . ’ . 200000 179600 27000
1893. . . ; . . ................ 252000 102595 65000 11000
1898................... . . . . . 250000 142140 91600 24829
1901. . . . . . ................ 265200 64489 133143 20000