seront complètement déversés vers le Nord comme les plis anciens
et des fractures consécutives détermineront la formation de lames
de charriage qui se dirigeront vers Taire synclinale du Nord en voie
de formation1. ,»_.
On peut répartir les plis de la craie dans la Picardie, l’Artois et
le Cambrésis en deux faisceaux anticlinaux que sépare le synclinal
de la Somme. M. Dollfus2 leur donne le nom de faisceau delà Picardie
et de faisceau de l’Artois. Beaucoup de ces ondulations ne peuvent
guère être discernées que par l'observation minutieuse des
niveaux paléontologiques de la craie: mais on en compte quelques-
unes dont 1 importance se reflète dans le relief et dans l’hydrographie;
leur rôle géographique doit être analysé et défini.
L’axe de l’Artois.
L axe de l’Artois suit la direction d’un pli primaire ou axe du
Condroz auquel il est superposé3; c’est un fait constant que les plis
de l’écorce terrestre se reproduisent aux mêmes endroits. Mais c’est
à 1 époque tertiaire * que sur toute son étendue depuis l’Ouest de
1 Angleterre jusqu’à l’Ardenne, cette ride anticlinale prit sa place
définitive dans le relief de la région. L’effort du soulèvement, plus
violent dans le Boulonnais que dans le Weald, releva fortement les
couches et donna un pli plus aigu ; jurassique et primaire apparurent
à travers leur manteau de craie brisée; de cet accident tectonique
naquirent les collines d’Artois (pl. III) et le haut plateau du Boulonnais.
Lorsqu’on va de Lens à Béthune, on ne cesse d’apercevoir sur
la gauche une ligne de hauteurs qui s’élève peu à peu de 124 mètres
près de Farbus, à 184 mètres près d’Houdain, à 194 mètres près de
Fléchin et qui atteint 200 mètres au Nord-Ouest de Fauquembergues
et 216 mètres près de Coulomby; c’est le rebord abrupt du plateau
de craie, dominant la plaine flamande; en arrière de cet escarpement
se poursuit jusqu’à la Manche et jusqu’à la Candie une haute
terre de relief accidenté, rude d’aspect et de climat, couverte d’argile
à silex, découpée en dos de terrains étroits par les profondes vallées
La stabilité du sol n est pas complète. Le 2 septembre 1692, on ressentit à Lille un
tremblement de terre qui affecta aussi une partie de l’Allemagne, des Pays-Bas et de la
Grande-Bretagne (Archives du Nord. B. 3223).
8 Dollfus, 38.
3 Gosselet, 73, p. 34-36. M. Bertrand, 13. Barrois, 4, p. 97-99.
4 On n ’a pas encore pu fixer la date exactes ; Dollfus adopte fin tertiaire : Barrois,
fin éocène ; Potier, le calcaire grossier su p é rieu r; Hébert, le calcaire grossier inférieur ;
Gosselet, fin landénien. Cf. Gosselet, 73, p. 34-35.
de l’Huitrepin, de la Dordogne, de la Course, de la Lys et de TAa.
Cette ligne sinueuse de hauteurs qui sépare le Haut-Pays des Pays-
Bas marque le trajet de Taxe de l’Artois; au Sud, les couches re stent
presque horizontales; mais vers le Nord elles plongent rapidement
sous la plaine ; tantôt le plongement se fait par un pli brusque,
tantôt il se précipite par une faille.
On peut suivre une ligne de failles de Farbus à Fléchin ; par le
rejet qui atteint et surpasse même l’épaisseur du terrain crétacé, les
roches anciennes ont été ramenées au jo u r; au milieu de la craie, on
voit ainsi surgir près de Bouvigny, d’Houdain, de Pernes, de Febvin
et de Fléchin, des pitons de roches paléozoïques qui marquent le
parcours de la cassure ; lorsqu’on remonte la vallée de la Clarence,
de Camblain-Ghâtelain à Pernes, après avoir longé les bosses
crayeuses de la rive gauche, on découvre au delà du moulin de La
Ferté un escarpement de schistes bigarrés de rouge et de vert associés
à des grès très durs où pénètre la route; près d’Houdain, entre
Beugin et La Comté, les mêmes roches dévoniennes affleurent sur
un trajet de deux kilomètres où se pressent les carrières. Mais bientôt
au Nord-Ouest de Fléchin, la faille redevient un simple pli avec plongement
rapide vers le Nord1; tandis qu’à Febvin, les couches du
cénomanien supérieur se trouvent à la même hauteur que les marnes
à Terebratulina Gracilis, on observe à Fléchin ces mêmes marnes
au niveau des marnes à Inoceramus Labiatus : la faille se réduit
donc de plus en plus et passe au pli vers le Nord-Ouest. Mais quelle
que soit l’allure de cet accident tectonique, pli ou faille, il est curieux
d’en observer sur le terrain la plongée vers le Nord ; malgré la rapidité
de cette chute, elle ne s’opère pas régulièrement (fig. 6).
Du sommet de l’escarpement, on descend dans la plaine, soit par
un gradin de craie à l’Ouest, soit par un talus sableux à l’Est. Le
gradin de craie, presque continu d’Houdain à Thérouanne, repose sur
un terre-plein qui représente le côté affaissé de la ligne de failles ;
entre le haut plateau couvert d’argile à silex dont il s’est détaché et la
plaine humide d’alluvions qui s’étend à s.es pieds, il ménage un palier
intermédiaire, traversé perpendiculairement par les vallées qui s’échappent
du Sud vers le Nord et suivi d’un bout à l’autre, en droite
ligne, par la voie romaine d’Arras à Thérouanne (La Cauchiette,
Cauchy-la-Tour, Estrées-Cauchy). Le talus sableux, discontinu, se
présente par places, de Givenchy2 àMaisnil, sous la forme de petites
1 Potier, 135, pi 377. Parent,-132, p. 100. -
* Gosselet, 64, p. 105-6.