des évêques de Thérouanne; ensuite le territoire de sa cité ne forma
même pas un archidiaconé du diocèse de Thérouanne. Seules les divisions
civiles nous renseignent sur son ancienne étendue; car, à
1 époque franque, le diocèse de Thérouanne comprenait deux grands
pagus Taruanensis ou Ternois et pagus Bononiensis ou Boulenois,
Boulonnais, le rn o is et Boulonnais iîgurént encore sur les
cartes; on les observe dans les noms de lieux (Gouy-en-Ternois,
Monts-en-1 ernois, OEuf-en-lernois, la rivière de Ternoise — Cam-
pagne-les-Boulonnais). Mais que représentent-ils en réalité ? Le mot
Ternois1 s’est appliqué à deux circonscriptions bien différentes.
D abord le Ternois a signifié le pagus Taruanensis c’esLà-dire ce
qui reste du diocèse de Thérouanne quand on en a enlevé le Boulonnais
; rien n’est plus varié que les régions qu’il englobe (Aix-en-
lssa rt, Auchy-au-Bois, Blangy, Fauquembergues, Fressin, Nor-
dausques, Rollencourt, Saint-Omer, Tournehem, etc...). Mais dans
la suite le Ternois s’est restreint à la partie méridionale du pagus;
tandis que la partie septentrionale avec Thérouanne tombait sous la
domination des comtes de Flandre (châtellenies de Thérouanne et
de Saint-Omer), la partie méridionale devenait lè fief d’un comté,
le comté de Saint-Pol ou de Ternois ; par une anomalie remarquable,
c’est ce comté qui garda le nom de Ternois, quoiqu’il ne
contînt pas Thérouanne, capitale de l’ancien pagus. La rivière qui
arrose S'aint-Pol prit même le nom de Ternoise. Division féodale,
le Ternois ne représente qu’un groupement artificiél, limité par
des conventions politiques et non déterminé par des conditions
naturelles; il a perdu toute existence concrète i c’est un cadre
historique sans support matériel.
Comme le le rn o is, le Boulonnais2 (pagus Bononiensis) ne formait
pas un tout naturellement délimité ; vers le Sud, il s’arrêtait
à labasse vallée de la Candie, mais vers l’Est eL le. Nord il s’avançait
sur les hauts plateaux d’Hucqueliers et de Fauquembergues et
empiétait sur le bas pays de Guines; il subsista, légèrement modifié,
dans le comté féodal de Boulogne et dans le gouvernement de Boulonnais
qui ne comprenait plus Guines. Toujours il unit sous une
même administration deux régions de nature disparate, un haut pays
de craie, pauvre en rivières et propre à la culture et une dépression
de sables et d’argiles, riche en sources et propre à l’élevage. A l’intép.
ï B B Tern0iS’ V0yez Longrl0n’ 434> p- 1 $ et 432, p. 39-52 ; Desnoyers, 399,
Walkprnpr 43- ’ P- 23-36 '■ Desnoyers,Walkenaer, 469, I, p. 44o-447; Haignere, 417, p. XXXIII et LXX11. 399, p. 689-693 ;
rieur même du Boulonnais, on opposait et l’on oppose encore le
Haut-Boulonnais et le Bas-Boulonnais, le Mont et la Fosse1; tandis
que le Haut-Boulonnais se raccorde avec tout l’arrière-pays de
craie, c’est tout une nature nouvelle qui sort de terre à ses pieds
dans le Bas-Boulonnais, tout un coin de forêts, de bosquets et d’herbages
au milieu de la culture. Il n’en fallait pas davantage pour transmettre
au Boulonnais une force de durée dont jamais des causes
purement humaines n’auraient pu le doter. On retrouve cette stabilité
dans l’histoire du Boulonnais tout entier ; on a l’impression d’un
groupement que la nature a cimenté. Malgré l’absence de frontières
naturelles, il y eut toujours une profonde séparation entre les habitants
du Boulonnais et leurs voisins au point de vue des privilèges
politiques, du régime des impôts, des moeurs et même du langage.
Englobé dans l’intendance de Picardie, le Boulonnais conserva son
administration propre ; en 1187, son conseil administratif demandait
à rester séparé des départements qui députaient à l’assemblée provinciale
de Picardie; il exigeait le maintien de sa constitution et de
ses prérogatives; en 1790, il protestait avec violence contre la division
nouvelle qui le disloquait. Tandis que la vallée de Bray partagée
entre les contrées voisines ne forma jamais d’organisme indépendant,
la Fosse-Boulonnaise s’annexait sur les plateaux les terres à blé
auxiliaires indispensables d’une exploitation pastorale ; c est un
exemple d’association économique créée .par le contact de deux
natures d’aptitudes complémentaires. Ces liens, fort étroits au temps
où le manque de routes restreignait les relations, se sont peu à peu
relâchés à mesure que les progrès de la viabilité ont étendu les
débouchés et élargi les horizons. Mais l’adaptation naturelle du Boulonnais
à une économie rurale très particulière n en a pas été contrariée;
de la Fosse, les pâtures ont gravi le plateau; les herbages
ont chassé les céréales; au coeur de la Fosse et tout autour delle
c’est l’élevage qui revendique les campagnes; il reste la caractéristique,
la spécialité du Boulonnais. Aussi doit-on conserver le Boulonnais
dans la nomenclature géographique. <
Laonnais.
L’origine du Laonnais2, purement ecclésiastique, remonte aux
1 1 Le terme de « la Fosse » se trouve dans la carte de Nicolaï ; dans un texte de 15X7
cité par Deseille, Mém. Soc, Acad. Boulogne, VIII, p. 186 ; et dans le Mémoire de 1 in tendant
Bignon, p. 5-6.
* Pour le Laonnais, voyez Desnoyers, 399, p. 699-720.