Ces faits n ’apparaissent pas seulement dans les calculs ; ils s'impriment
dans la vie des plantes, dans les phénomènes de la végétation.
La feuillaison et la floraison sont plus précoces sur le bord de la mer
qu à l’intérieur : le voisinage de l’eau qui tempère les derniers jours
de froid favorise les jeunes pousses. Certaines années, l’aubépine a
des feuilles au Nouvion-en-Ponthieu le 6 Avril, à Acheux le 7 à
FiL e s' Courbe™ jo ig n en t les® fieux® où 1 É l l l au W Ê ^ la mer).
6 Août; 2 l Î 31 Juillet ; 202, 2* Juüîot dU ¡ g 86 à la même date- 21^
Réthonvillers le 10; les marronniers au Nouvion fin Avril et dans
1 E st de la Somme le 45 Mai2. Mais les pays de l’intérieur regagnent
ceA retar(l avec leurs fortes chaleurs ; les fruits et les grains v
mûrissent plus tôt. Dans la Somme, les dates de moisson reculent
a mesure qu’on approche de la côte ; en 1892, le blé d’hiver a été
coupé le 15 Juillet à Vermandovillers, Rollot, Remiencourt; le 25 à
ontaine; fin Juillet à Neuilly-le-Dien ; dans la première semaine
d Août au Nouvion. Le seigle a été moissonné le 26 Juin à Yerman-
' Les documents sont empruntés à Angot, 150.
* Bulletin, 162 (1893).
dovillers ; le 29 à Rollot; fin Juin àMoreuil; le 1er Juillet à Fontaine;
dans la première semaine de Juillet à Remiencourt; dans la
deuxième à Neuilly-le-Dien ; dans la quatrième au Nouvion1. Même
succession pour l’avoine. Si l’on considère l’ensemble de la région,
on retrouve la même loi. La moisson du blé est de plus en plus précoce
: 1° du Nord au Sud, c’est-à-dire à mesure que la température
de l’année augmente ; 2° de l’Ouest à l’Est, c’est-à-dire à mesure que
les étés sont plus chauds. Nous avons ainsi l’ordre su iv an t2 :
Du Nord au,Sud. ' ' Do I’0 u “ t à rEsL ' '
Lille . . 7 Août. R o u e n ............................... 5 Août.
A rra s * . . . . . . 6 — Beauvais. . . . ■ - 3 -
Am ien s...................... & — Laon . . . . . . . . .
B e a u v a is .................. 3 - Châlons 25 Ju ille t.
P a r i s . ' 26 Ju ille t,
La chaleur des étés qui hâte la moisson mûrit le raisin ; nous
sommes sur la limite sans cesse variable où la température de la
saison chaude commencé à permettre la culture de la vigne ; elle fuit
l’atmosphère de la côte trop fraîche et trop agitée ; en Normandie, on
la voit pour la dernière fois sqr les collines qui bordent la Seine, de
Gaillon à Mantes ;. elle s’aventure au Nord de Paris sous la protection
des Vallées de l’Oise et du Thérain ; mais elle ne paraît plus dans les
plaines découvertes qui s’étendent au Nord de Beauvais. Aux environs
de Laon, lorsqu’elle commencé à trouver de meilleures conditions
de chaleur et d’exposition, elle tapisse les coteaux, mais toujours
l’existence de la récolte et la qualité du vin sont subordonnées à la
chaleur des é té s; des observations recueillies à Montdidier par les
Chandon pendant presque un siècle, il résulte que seules les fins d été
lumineuses et sèches mûrissaient les raisins ; et cette circonstance
se réalise si rarement que les bonnes années sont consignées sur
leurs registres comme des événements célèbres. Évidemment la culture
de la vigne dans la région de la Somme n’a persisté si longtemps
que contrairement aux conditions climatériques ; 1 introduction d e là
vigne, et de nos jours sa disparition, s’expliquent surtout par des
raisons économiques.
Les variations de la température ne proviennent pas des influences
atmosphériques seules ; elles supposent, même dans un pays où les
plus grandes hauteurs ne dépassent guère 200 mètres, l’intervention
du relief. Le langage du peuple, tout imprégné de la nature, établit
* Bulletin, m (1893).
* ùngot, 150.