mer, en une lisière d’alluvions basses conquises sur l’eau : ce sont
les Bas-Champs. Enfin, les autres, le Bray, le Boulonnais, la Thié-
rache, bordures verdoyantes des terrains de craie, s’individualisent
par le développement de leurs aptitudes pastorales. Mais tous ces
pays ne se touchent pas ; ils parsèment la carte laissant entre eux des
intervalles impersonnels. L ’ensemble sur lequel ils se sont différenciés
ne porte pas de nom ; pour le désigner, nous avons dû choisir les
noms des anciennes divisions qui se rapprochent le plus de son
étendue entière : Picardie, Artois, Cambrésis,Beauvaisis, les réunir
avec leur extension du x v i i i 6 siècle, et créer une expression simple
qui peint exactement sa nature géographique : la Plaine Picarde.
CONCLUSION
En résumé, la Plaine Picarde est un type de région géographique,
issu de l’action commune de l’élément naturel et de l’élément humain.
Ses limites ne sont l’oeuvre exclusive ni de la nature ni de l’homme ;
elles ne coïncident exactement ni avec la ligne de contact de formations
géologiques, ni avec le tracé de divisions administratives. En
ce qui concerne les formations géologiques, on voit la craie blanche,
qui forme l’unité physique de cette plaine, déborder vers le Nord et
s’étendre autour de Lille et de Douai dans le pays flamand; vers le
Sud, elle forme le sous-sol du pays de Caux, domaine de grande
culture et de grande propriété; vers l’Est, dépourvue de limon, elle
étale les mornes horizons de la Champagne Pouilleuse. En ce qui
concerne les divisions administratives, on constate que l’unité physique
de la Plaine Picarde n’a pas engendré d’union politique ou
administrative; entre Péronne et Cambrai, au coeur même de la
région se donnent rendez-vous les confins de quatre départements,
le Nord, le Pas-de-Calais, la Somme et l’Aisne; là se rencontraient
les domaines autrichiens de l’Artois et du Cambrésis et les domaines
français de la Picardie. La Plaine Picarde ne correspond donc exactement
ni à l’étendue naturelle d’un terrain particulier, ni à la circonscription
artificielle d’un territoire administratif. Dans un pays
comme la France anciennement civilisé et peuplé, il arrive souvent
qu’une région géographique se définit plutôt par un ensemble de rapports
entre l’homme et le milieu naturel; c’est un phénomène où
ces deux éléments jouent tour à tour le rôle d’effet et de cause; c’est
une zone qu’une simple ligne ne saurait circonscrire; c’est la superposition,
sur le même territoire, d’un certain nombre de phénomènes
dominants dont la réunion crée une physionomie originale; les uns
sont naturels comme le sous-sol, le sol, le relief, l’hydrographie, le
climat; les autres sont humains comme la culture, la propriété, le
travail. L’originalité d’une physionomie géographique provient donc