ne s’en contentent pas, elle n’est qu’un faible appoint; les grosses
usines marchent à la vapeur, plus souple dans ses emplois, plus
susceptible de développement, plus mobile; l ’eau courante forme
une ressource accessoire qu’on ne méprise point, mais qui n’est
pas vitale. Le tableau suivant montre dans ces usines l’importance
relative des deu,x forces :
FORGE EN CHEVAU X-VA PEU R
l liv iè r e s . L o c a lité s . I n d u s t r ie s . E a u . V a p e u r.
Authie. Doullens. Papeterie. 2 1 1 2 0 — ‘— F abrique d’h u ile. 1 9 3 0 — — Filature de coton. 4 5 5 9 0
Somme (canal) . Ailly-s.-S. Filature et tissage. 4 8 1 5 0 0 — (rivière) . Pont-Rémy. Filature et tissage de jute. 1 7 0 . 1 7 0
Amiens. Filature de laine. 1 6 2 0 0 | B . i — ■ — Filature de coton. 4 2 2 9 0
Noye. Boyes. Fabrique d’accumulateurs. 2 0 1 5 0
Selle. Conty. Papeterie. 2 0 1 5 0
,— Papeterie. 3 1 1 0 0
Prouzel. Papeterie. 7 2 2 0 0 ■ ■— Saleux. Filature de lin. 4 3 3 5 0 — Amiens. Filature, tissage de lin et
chanvre. 7 9 , 5 0 0
Filature et tissage de laine. 2 4 2 0 0 - 1 Filature de lin, chanvre et
ju te . 9 0 1 5 0 0
Ancre. Corbie. Filature de la in e . 6 1 2 5
Nièvre. L’Etoile. Filature de lin et tissage. 3 5 1 2 0 0
Saint-Ouen. Filature de — lin et chanvre. 2 2 2 6 0 0 Berteaucourt. Filature et tissage de toile. 2 1 1 0 0 0
C anche. Boubers. Filature de laine. 4 0 1 5 0
Ternoise. Auchy. Filature de coton. 1 2 0 9 0 0
Les rivières de la craie restent donc incapables d’offrir les puis
santés réserves de force motrice que les torrents répandent dans
les montagnes. Dans les Alpes, la houille blanche devient la reine
de l ’industrie; ici, la houille verte se contente du rôle d’alliée
modeste.
Mais ce qui demeure leur originalité incontestable, c’est la régularité,
l’égalité, la constance de leur régime. En dehors de la région
des hautes sources, leur vallée n’est pas à l’entière merci d’une
saison sèche ou d u n e saison humide; onde constante qui ne baisse
ni ne s’enfle à l’excès, leur débit ne connaît ni les étiages où disparaît
tout courant, ni les crues qui mettent en danger les rives. Ce
sont des modèles de modération ; il n’existe pas de régime où l’écart
soit plus faible entre les eaux ordinaires, les étiages et les crues.
Représentons par 1 le débit en eaux ordinaires; voici quel sera, pour
quelques rivières, le rapport entre les chiffres représentant les trois
phases du régime :
Eaux
Vi res, . ' Crués. ordinaires. Éliage.
Somme, à A b b e v ille .................................... 2,07 1 0 82
à Amiens . . . . _....................... 2,11 1 o 47
à H â m ............................................. 2,20 1 0
^ r e ............................ 160 m
S e l l e ................................................................... 1,67 1 0 54
^Tvre • • ...................................................... 3,57 1 0,76
N °y e - • ...................................................... 1,75 1 0,70
I B ............................................................... ■ 2,39 1 0,65
A u tb ie , à Doullens............................... 1,43 1 0 55
- — à N am p o n t........................................ 3*49 t 0 ’65
Bresle, à Gau v ille........................................ 6,66 l 0 53
— à. Oust-Marais ..................... . 4,44 \ o’gg
T h é r a in ............................................................... 2,29 1 0,72
Brèche ...................................... 1>37 { 0>51
Aa, a S am t-O m e r....................... 20 1 O fin
Scarpe . . . . . . . . . . . . . . i 7>4 i 0 ,60
Points de comparaison.
P la in e . ..................................................... 54 l 0.23
lta b o d e a u . 22 ' 1 0 1 6
On voit par ce tableau que, sur presque toutes les rivières de la
craie, le débit d’étiage représente plus de la moitié du débit ordinaire;
de la, pour les moulins et les usines, la certitude de ne jamais
manquer totalement d eau. On remarque, en outre, excepté pour l’Aa
et la Bresle qui descendent de régions accidentées, pluvieuses et
argileuses, que le débit des crues est rarement le triple, plus souvent
le double du débit ordinaire; de là, pour les établissements
industriels, la sécurité. Grâce à leur facilité et à leur égalité d’humeur,
on peut utiliser ces rivières à peu de frais; il est, le plus souvent’
inutile de dériver le courant pour maîtriser sa force, de préparer
des déversoirs pour les crues. L’homme s’établit sur la rivière
meme; il construit un simple barrage pour ménager une chute d’eau.
Rien à craindre des crues; la manoeuvre des vannes suffit à faire
ecouler les eaux. De là, dans ces paisibles vqllées, une force motrice
a la portée des petits capitaux, un véritable foisonnement de moulins
Ils se pressent d’autant plus que la rivière, toutes choses
égales, d ailleurs, peut dépenser plus de chute ou rouler plus d’eau.
Certaines vallées sont de véritables chemins industriels où l’on tra vaille
à chaque pas. Le Thérain porte plus de 100 moulins et la
Brèche 41, l’Authie 60, l’Aa 80, l’Escaut 40 et la Selle 34, la