buttes plaquées contre la colline de craie; ce sont des paquets de
terrain tertiaire que la dépression flamande a laissés sur ses bords
en s’affaissant et que l’érosion a respectés; on les voit d’en haut,
pareils à des contreforts séparés par des ravins, étaler jusqu’à la
plaine leurs pentes douces couvertes de bois.
Mais que devient vers l’Ouest l’axe de l’Artois et quelle est sa
continuation exacte? De Flécliin, on peut suivre1 la ride crayeuse
jusqu’au plateau saillant d’Audincthun, de Dennebreucq et de Radin-
ghen ; là, rencontrant le dôme saillant du Boulonnais, elle se bifurque
; vers le Sud, elle se prolonge jusqu’à la mer par le bombement
de Bimont et d’Herly ; vers le Nord, elle se continue entre la
Lys e tl’Aapar Avroult, tourne au Nord-Ouest vers Remilly et rejoint
les sources de la Hem par Acquin et Bouvelinghen, après.avoir été
coupée par l’Aa à Lumbres. Elle embrasse donc entre ses deux
branches le massif Boulonnais et ne va pas s’y confondre; elle en
est isolée par une zone synclinale demi-circulaire, en sorte que
« le Boulonnais forme un massif saillant, sorte de lentille amygda-
loïde, accidentée elle-même de plis importants qui ne se continuent
pas au delà de la lentille 2 ».
Tel que nous venons de le suivre depuis Farbus jusqu’au Boulonnais,
1 axe de l’Artois ne coïncide pas avec la ligne de partage des
eaux entre la Manche et la mer du Nord; les vallées qui descendent
vers la Flandre le traversent par de profondes coupures. Ces traversées
hydrographiques sont en rapport avec des ondulations perpendiculaires
dont la plus saillante a ramené au jour le dévonien dans
la vallée de la Lys. La Lys, depuis sa source jusqu’à Dennebreucq
coule sur un anticlinal; la rivière de Fléchinelle suit aussi un anticlinal;
la Clarence, une faille; la rivière d’Houdain, un synclinal3.
Quant à la vallée de l ’Aa jusqu’à Lumbres, elle n’est pas établie,
comme le laisserait supposer à première vue sa direction S. O.-N. E.,
suivant un accident tectonique transversal à l ’axe de l’Artois, mais
dans la fosse synclinale qui entoure le Boulonnais et qui continue
la direction du plissement principal. Quoi qu’il en soit, dans l’Artois
comme dans le Weald et dansleBray, l’importance hydrographique
du soulèvement ne correspond pas à son importance topographique;
les hauteurs de l’Artois ne marquent pas les limites des bassins
fluviaux; c est en arrière des points culminants que les rivières vont
chercher leurs eaux de tête.
* M. Bertrand, 16, p. 612-621. Gosselet, 72. p. 4-7.
2 M. Bertrand, 16, p. 612-616.
3 Parent, 132, p. 102.
L’axe du Bray.
Dans l’axe du Bray, l’effort maximum du plissement date de
l’époque pliocène *; il y eut alors dans toute l’aire synclinale du bassin
de Paris un vaste mouvement d’élévation qui renforça les anticlinaux
et les mit en large saillie dans le relief; la craie soulevée devint la
proie de l’érosion; elle disparut des sommets, mettant à nu, entre
deux falaises comme entre les deux lèvres d’une boutonnière
entrouverte, les terrains jurassiques du pays de Bray. Ici, comme
dans l’Artois, le pli plonge brusquement vers le Nord ; brisé par cet
effort, il se résout sur une grande partie de son trajet en une faille2 ;
elle commence à Dieppe, suit la vallée de la Béthune, passe à Neuf-
châtel et Gaillefontaine, se transforme en un pli brusque, puis réapparaît
près de Saint-Martin-le-Noeud à 3 kilomètres au Sud de
Beauvais, à Abbecourt, à Noailles, à Tilly-Saint-Georges et à Crécy-
sur-Oise. Sur la route de Glatigny à Haucourt, elle fait buter la craie
à Inoceramus Labiatus contre les argiles du Gault; à Boncourt, près
de Noailles, elle ramène le bas de la craie marneuse à la hauteur de
la craie blanche à Micraster Gortestudinarium3. Vers le Sud-Est,
l’axe du Bray se continue en plongeant sous les couches tertiaires ;
c est lui qui soulève la craie entre le massif tertiaire de Clermont et
le massif tertiaire, du Vexin français et qui dessine le large dos de
terrain crayeux autrefois couvert par la forêt de Thelle ; c’est liai qui,
traversant la vallee de 1 Oise, permit à la rivière d’affouiller les
sables tertiaires jusqu a la craie et de déblayer entre Creil et Beau-
mont la plaine triangulaire où s’étend la forêt du Lys. Comme dans
lax e d e l Artois, la x e du Bray présente des abaissements transversaux,
parfois même des fra.ctures perpendiculaires à sa propre direction,
que suivent des vallées ; sans parler de l’Epte et de l’Andelle
qui s enfuient du pays de Bray normalement à la direction du plissement
principal, c est dans une fracture transversale que coule
l’Avelon, de Rainvillers à Beauvais ; à 800 mètres N. 0 . de Goin-
court, la base de la craie à Micraster Cortestudinarium se trouve à
l’altitude 144, tandis que 700 mètres à l’Est, sur la route de Beauvais
à Gisors, le sommet affleure à l’altitude 74 \
1 Munier-Chaimas, 127, p. 66.
2 Dollfus, 38, p. 36-38.
3 Thomas, 146.