une hauteur supérieure au niveau actuel de la vallée de la Somme.
Si la production de la tourbe correspond e un affaissement à l’époque
de la pierre polie, la formation des tufs permet donc d’admettre un
léger soulèvement à l’époque gallo-romaine.
De cette longue histoire, les vallées conservent l’empreinte profonde;
elles lui doivent les deux traits essentiels de leur nature
g ographique : d’abord, l’équilibre parfait du lit qui conditionne l’é-
quilihre du régime, ensuite le fond tourbeux et plat qui paralyse
1 écoulement des eaux et les oblige à former des marais
II
L ’H Y D R O L O G I E D E L A C R A I E
L hydrologie de la craie a un étroit rapport avec la nature de
la roche Le mécanisme des eaux courantes dépend de la manière
ont la pluie peut ruisseler sur la surface du sol et pénétrer dans ses
profondeurs; or, la craie présente des conditions de perméabilité
très particulières et forme pour les nappes souterraines un milieu
très spécial.
L a p e rm é a b ilit é d e l a c r a ie .
La craie est perméable, mais d’une perméabilité fort originale.
Par elle-même, elle constitue une masse compacte que les eaux ne
traversent que lentement. Elle peut contenir jusqu’à 36 p. 100 de son
poids en eau, mais c’est une eau hygroscopique qui ne peut se
déplacer que par dessèchement ou par pression *. D’après Beard-
m o re 2, 1 eau de pluie pénétrerait si malaisément dans un terrain
crayeux sans fissures qu’elle mettrait quatre à six mois pour atteindre
une profondeur de 60 à 90 mètres et qu’une forte pluie d’hiver ne pourrait
pas gagner le niveau des sources avant l ’été suivant. Il n’est
pas étonnant alors que la craie joue parfois le rôle d’une couche presque
étanche et détermine au-dessous de sables perméables la formation
d’une nappe.d’eau; ainsi naissent à la surface de la craie les
sources d’Ardon près de L ao n 3, et certaines autres des environs de
Lassigny (Oise).
1 Gosselet, 228 p. 272. D’après Boursault, 208, p. 16, le poids de l’eau hveros
l a c Z e b îL T e r» 0 « n o n ,° i f T " * à n,llj° H 24,5 P' 100 de la la craie blanche 20,6 , pour le calcaire grossier dur 3 ; pour le granroitcéh ed eh uSmemiduer [0J o4 u r
- Cite dans Daubrée, 2d3, p. 15.
3 Gosselet, 228. Bull. Soc. In d . Nord. p . 167. Cf. Légende de la feuille de Laon.
Si la craie est perméable, elle le doit aux innombrables cassures
ou diaclases qui débitent sa masse en fragments plus ou moins volumineux
et la traversent d'une multitude de canaux aquifères. L’abondance
des diaclases dans une craie donne la mesure de sa
richesse en eau. Le plus souvent, dans ses couches superficielles,
elle se trouve tellement fendillée qu’elle ressemble à une éponge ; en
creusant un puits, on rencontre toujours de l’eau, et, pour peu
qu’il s’épuise, on peut par des galeries horizontales atteindre d’autres
fissures très rapprochées et lui rendre l’abondance. Mais le fendillement
n’est uniforme ni à la surface, ni en profondeur; il peut
se développer localement suivant des lois connues, mais aussi disparaître
sans raison apparente. Toutes les vallées dont l’origine est
une fracture circulent sur une zone très fendillée en profondeur ; la
circulation souterraine s’y fait par des canaux nombreux, de plus
en plus largement ouverts par la dissolution chimique ; de deux
puits creusés dans une même nappe à moins de 100 mètres de distance,
l’un sur le plateau, l’autre dans la vallée, on a vu le premier
débiter quelques mètres cubes à l’heure, le second dépasser un rendement
de 200 mètres cubes 1 ; les eaux rencontrent donc dans le voisinage
des vallées et des vallons secs et, d’une manière générale,
dans tous les endroits où la masse crayeuse s’est brisée sous l’effort
des pressions tectoniques, des territoires profondément perméables,
sillonnés de canaux aquifères où les recherches des puisatiers sont
rarement infructueuses. Par contre, lorsque la craie contient des
masses compactes et faiblement fissurées, les forages qui tombent
sur ces îlots secs demeurent inutiles. Le forage de Montreuil-sous-
Laon2 fut poussé jusqu’à 287“ ,83 dans les formations crayeuses sans
fournir d’autre eau que celle qui vient de la tête de la roche; à la
sucrerie de Cologne8 près d’Hargicourt, à l’altitude 150, on creusa
jusqu’à 130 mètres de profondeur sans trouver d’eau. Mais souvent
lorsqu’un forage a échoué, si l’on tente la chance à côté, il arrive
qu’on trouve d’énormes venues d’eau. A Blingel4, sur la Ternoise,
de trois sondages entrepris en 1820, le premier jaillit en une belle
fontaine, les deux autres n’ont pas donné une goutte d’eau. A l’une
des fermes de Ferrières, près de La Ferté-Chevresis, un puits de
90 mètres est resté vide, tandis que dans la ferme voisine un puits de
30 à 40 mètres ne tarit pas. La sucrerie Say, à Saint-Just-en-Chaus-
* B o u r s a u lt, 208, p . 125-126.
3 Gosselet, 228 (Cf. n o te 14).
3 m , 62, p . 72.
* A rag o , 201, p . 247-248.