silex cornus (turonien); 2° la craie noduleuse, où l’on observe le
M. Cortestudinarium, se trouve toujours au-dessous de la craie à
Bélemnitelles quand elle existe, et au-dessous de la craie magnésienne
; 3° la craie magnésienne qui occupe le sommet de la craie à
M. C oranguinum; 4° la craie dure de la craie à Bélemnitelles; 5° le
calcaire de Laversines (montien).
Le calcaire de Laversines *, près de Beauvais, ne forme qu’une
petite éminence sur laquelle on a bâti l’église de Saint-Germain ; c’est
un lambeau des couches crétacées qu’on trouve plus largement représentées
en Belgique aux environs de Mons ; épais de 10 à 15 mètres,
long de 100 et large de 20, il présente à la base une roche très
pesante, tellement dure que jadis elle n’a pu être exploitée qu’à
la mine ; sa dureté proviendrait d’infiltrations siliceuses. Très réduit
et très localisé, il n’a qu’un intérêt géologique ; il révèle l ’un des
derniers épisodes des mers crétacées dans le Bassin de Paris. La
craie dure de la craie à Bélemnitelles 2 ne se présente aussi que par
lambeaux très localisés : au vallon Saint-Pierre entre Hardivillers et
Breteuil, à Paillart, à Ribemont (Aisne) ; à Paillart, les ouvriers la
nomment pierre de grain, à cause de sa ressemblance avec la véritable
pierre de grain (calcaire à miliolites), La Craie Magnésienne8,
provenant de la dolomitisation de la craie blanche, se rencontre à
Yillers-Carbonnel près de Péronne, à la colline de Bimont près de
Breteuil, à Do'méliers, aux environs de Croissy et dans le voisinage
de Marie et de Montcornet: c’est une craie jaune disposée par amas
lenticulaires horizontaux, qui passe latéralement à la craie blanche ;
comme résidu de sa décalcification, elle donne un sable contenant
des nodules tuberculeux, mamelonnés, très durs, contre lesquels les
outils des ouvriers viennent buter : de là, leur nom picard de
« buquanls ». La craie donne une bonne pierre de taille; les
buquants fournissent des matériaux d’empierrement. Les accidents
magnésiens, sont très développés à la colline de Bimont : dans le
pays, on donne aux nodules le nom de « rubis », au banc magnésien
le nom de « faux grès ». Aujourd’hui la butte de Bimont, éventrée
parles carrières, ne forme plus qu’un amas de débris qui, à distancé,
ressemble aux ruines d’un monument. Quant à la craie grise du
Cambrésis4, riche en glauconie et très compacte dans ses couches
profondes, elle donne des pierres de taille à Carnières, à Lesdains,
* Jan et et Bergeron, 86, p. 272. Graves, 555, 1830, p. 11.
5 Graves, 76, p. 131-132. Légende feuille de Beauvais.
3 Lévy, 114, p. 45-46. D’Archiac, 2, p. 193. Graves, 76, p. 133-136. Cayeux, 26, p . 245.
4 Cayeux, 25, p. 105. Savoye, 141, p. 434.
à Valenciennes; à Roisel, on fait des auges, des bornes, des appuis
de fenêtres.
Mais la plus connue des craies est la craie noduleuse, de couleur
jaunâtre, de texture grossière. D’après M. Cayeux1, c’est un commencement
de cristallisation locale du ciment qui a donné naissance à la
structure noduleuse ; les nodules sont des parties de la craie où la
calcite n’a pas disparu. Elle se montre en effet pétrie de parties
dures et compactes, un peu plus foncées, étroitement engagées dans
le reste de la roche. Ces accidents ou nodules empêchent de la
tailler parfaitement, mais l’ensemble possède une telle cohésion
qü’on en tire d’excellentes pierres de taille. « La roche est stratifiée
en bancs distincts d’une puissance moyenne d’un mètre. Lorsqu’elle
a été longtemps exposée à l’air, la gangue ou craie plus tendre se
décompose, tombe, tandis que les noeuds subsistent; les parois des
édifices paraissent alors criblés d’une multitude de cavités irrégulières
qui ressemblent grossièrement à certains ornements vermiculaires
d’architecture 2. » On trouve cette craie en différentes localités du
département de l’Oise sous le nom de banc de dalle, de pierre à carreaux,
de pierre .bâtarde. Parfois la pénétration des nodules et de la
gangue est telle qu’on doit la travailler à la scie. Ailleurs elle ressemble
assez à certains calèaires marneux du Jura; on. la polit comme
du marbre. Le long du Bray, entre Bongenoult et F rocourt3, on
l’exploite en des souterrains profonds appelés Carrière Saint-Pierre;
elle est traversée en tous sens par des filets d’un calcaire compact,
grisâtre que les ouvriers nomment des « oeils-de-perdrix ». Dans
l ’Aisne, elle fournit des seuils et des appuis de fenêtres; on a même
cherché, mais sans succès, à en faire une pierre lithographique. Dans
la Somme, elle apparaît à Etinehem, à Caix, à Ham, à Nesle et en
beaucoup d’autres localités : c’est dans une craie semblable, le long
de la vallée de la Noye, qu’on a pris les matériaux de la cathédrale
d’Amiens.
L ’importance économique de ces craies dures fut jadis beaucoup
plus grande qu’aujourd’hui. Quand on manquait de moyens de transport
et de voies de communication, elles fournissaient à peu près les
seuls matériaux solides dont on pût disposer dans la contrée. On les
exploitait pour la construction des édifices, des-abbayes, des églises;
presque toutes les abbayes avaient leur carrière, et l’on peut voir
1 Cayeùx, 23, p. 295-296.
1 Graves, 76, p. 436-142.
3 Id ., 76, p. 142-146.