une plaine presque uniforme. Une seule ligne de points hauts en
manifeste l’existence; elle sépare le bassin de l’Escaut du bassin de
la Somme. En considérant les variations d altitude de la craie glau-
conifère1, on reconnaît le passage de cet anticlinal à Wassigny,
Fresnoy-le-Grand, Joncourt, Epehy, Bapaume; vers le Sud, il envoie
à la Somme de longues vallées, l’Omignon, la Cologne, la Tortille,
le Doingt; vers le Nord, il s’étale à peine et plonge rapidement vers
la dépression du « Canal des Torrents »; des bois parsèment le
sommet de cette ondulation, bois de Busigny, forêt de Bohain, bois
de Tupigny, d’Arrouaise et d’Andigny, vestiges de l’antique forêt
d’Arrouaise; lorsque, de la plaine de Bapaume ou de Clary, le
regard se porte vers le Sud, il rencontre à l’horizon cette crête
boisée, interrompue maintenant par de larges clairières cultivées,
qui manifeste dans la topographie superficielle l’un des traits profonds
de l’architecture du sol.
Le rôle des diaclases.
L’étude des grands plis de la craie nous a révélé « la priorité et
l’action directrice2 » des traits de l’architecture sur les grandes
vallées. On se tromperait si l’on attribuait à 1 érosion seule tout le
travail postérieur qui devait aboutir à là constitution détaillée du
réseau hydrographique. La relation entre la tectonique et 1 hydrographie
pénètre jusque dans les tronçons et les éléments divers d’une
même vallée. '
Les cassures de la craie, qui sont au sein même de la roche les
échos des efforts orogéniques, ont dessiné à la surface du-sol les
éléments d’un réseau serré qui devait commander tout 1 écoulement
des .eaux. Ces cassures ou diaclases dont nous verrons le
rôle dans la topographie, se révèlent dans les carrières par des surfaces
de glissement; à Saint-Sauflieu sur un front de carrière de
30 mètres, nous avons pu en compter au moins trente, marquées dans
la masse blanche par autant de « miroirs », à surface jaunâtre polie
par le frottement. Il est impossible de ne pas remarquer sur une eartè
du^Nord de la France le grand nombre de vallées ou de tronçons de
vallées rectilignes, parallèles entre eux, sur lesquels viennent tombei
d’autres vallées ou tronçons de vallées également rectilignes et
parallèles entre eux. Leurs deux directions principales sont du Nord
au Sud en passant par l’Est : 1° 50» E. ; Oise, Basse-Ternoise, les
* Cayeux, 24.
* Daubrée, 32, p. 141 et ssq.
affluents de droite de la Canche, Haute-Lys,les affluents delà Somme,
Haute-Somme, les affluents de la rivière de Poix; 2° 127» E
Somme, Authie, Canche, Ilaute-Ternoise, Haute-Scarpe, la vallée
des Evoissons de Poix à Conty, Avre, Haute-Brèche, les affluents
de droite de l’Oise. Or, ce sont aussi les directions des diaclases,
observées soit dans les falaises de la côte, soit dans les carrières,5
soit dans les rideaux1. De cette double orientation résulte une disposition
réticulée de la surface qui explique les coudes brusques à
angles presque droits qui rendent si remarquable le tracé de certaines
vallées (la Somme, la- Ternoise, les Evoissons). Ces effets du
plissement peuvent se répercuter dans l ’orientation des moindres
fentes; s ils ont fait prévaloir dans le réseau hydrographique un type
curieux de tracé à éléments rectilignes, ils intéressent aussi la topographie
des versants par les vallons ou ravins secs. Comme la compacité
de la craie s’étend uniformément à de grandes profondeurs,
les fractures s’y développent plus régulièrement; elles favorisent la
formation de ces ravins, véritables échancrures, dont la direction
dessine avec la direction de la vallée principale les mêmes angles2.
Ces vallons secs présentent des parois fortement inclinées qui se
rencontrent avec la surface du plateau suivant une arête assez;vive,~
ce ne sont pas des versants modelés entièrement par l’érosion; on y
sent l’influence d’une action tout autre qui a précipité le creusement
e devancé l ’oeuvre des eaux. On peut dire que tousle s sillons qui
servent ou bien ont servi à l ’écoulement des eaux portent l’empreinte
piolonde de 1 action tectonique«,
La vallée de la Somme, artère maîtresse de la région, n’échappe
pas à cette influence. Depuis la mer jusqu’à Amiens, obéissant à la
irec ion d u n synclinal, elle demeure absolument rectiligne. En
amont d Amiens, elle se transforme en une vallée sinueuse, à méandres
encaissés, de direction générale rectiligne, puis elle tourne
brusquement vers le Sud à Péronne, puis enfin en amont de Saintr
» H » d;r ,? e | S- O-N. N- E. La haute Somme, depuis sa
ource jusqu a Saint-Simon, suit d’abord la pente N. N. E.-S. S. 0.
U OiSe et à dautre s vallées de la région. Vers Ham’
W ÊÈM H K * S. s. E.-N. N. O. jusqu'à Péronne; cette orientaparait
coïncider avec une ligne de fractures ; d’après M. Gosselet3,
n o u s -m L Î s o u v e ^ T e lÎ é ées°b3erVéeS fréquemment Par 32. Nous les avons
Lasne, donne S3» E et 126» E (106, p. 73-74).
i Gf- Boursault, 18, p. 23, 26 et 19.
3 Gosselet, 60.