dans une vallée. Dans les vallées, la forme des versants dépend encore
des caractères de la craie. Homogène sur une grande épaisseur, elle
dessine des versants à profil continu, sans les saillies et les abrupts
que provoquent, dans les ensembles de roches hétérogènes, les variations
de dureté.
Comme la craie manque de cohésion, les versants ne surgissent
pas en escarpements raides ; parcourue en tous sens par un réseau
serré de fentes, elle se désagrège„morceau par morceau. Pour qu’elle
se dresse en falaises verticales, il lui faut la violence d’une action
mécanique, telle que l ’assaut des vagues au bord de la mer, le
courant dune rivière sur les berges concaves ou bien la chute obstinée
des pluies sur les mêmes points; partout ailleurs, on peut dire
qu elle disparaît moins par démolition que par dissolution. Continuellement
émoussées par cette lente dégradation, les crêtes des versants
crayeux prennent un profil convexe, arrondi, intermédiaire
entre la-raideur des versants de calcaire dur et la douceur des versants
argileux. Sur la rive droite de la Bresle et de l’Avre, cette
convexité conserve une régularité parfaite, presque géométrique;
comme les eaux de pluie ruissellent faiblement sur ces pentes perméables,
les eboulis et les dépôts sont rares; aucun revêtement
étranger ne vient masquer, empâter le profil naturel de la roche ; du
haut en has le versant dessine une ligne courbe convexe sans aucune
rupture de pente (pl. III).
Toutes ces formes de la craie n’offrent évidemment pas une
pente unique : en des endroits divers, cette pente peut varier
suivant la valeur de l’érosion aux points considérés. Entre le.s deux
versants dune même vallee, il existe d’abord une différence de
pente due à la différence de l’orientation; le versant N. E., exposé
aux pluies du S. 0 . qui le frappent perpendiculairement et à la chaleur
du soleil qu’il reçoit en plein midi, descend en pente raide vers
le fond de la vallée, tandis que le versant S. 0 . mieux protégé contre
1 attaque des pluies et le souffle des vents,, plus constamment humide
et moins lavé par le ruissellement se dégrade avec lenteur, conserve
sur ses flancs un épais plaquage de terrains meubles et s’allonge en
une pente très douce. Peu de grandes vallées, dirigées S. E.-N. 0.
ou bien S. N. échappent à cette disposition ; dans la vallée de la
Bresle, tandis que les cultures et les bois descendent mollement sur
la rive gauche, ce sont des côtes de craie arides et désertes qui forment
la rive droite ; même contraste sur les bords de la Selle, de
l ’Ancre, de l’Hallue. Ce contraste n ’apparaît pas seulement dans le
profil transversal des versants, mais encore dans leur profil longitu