<|ui pei mit la construction d une digue en travers de l’embouchure :
la généralité de la Picardie supporta les frais du « grand barre-
ment » qui fut exécuté en 1751 et complété quelques années après.
ès 1 i52, les molières ainsi rencloses donnèrent sans engrais
de splendides moissons ; en outre, toutes celles qu’on avait déjà
mises en valeur en 1646, 1700, 1713 furent pour toujours sauvées
des inondations. Aujourd’hui il ne reste plus du hâble d’Ault qu’un
étang long et tortueux, rempli de roseaux et d’herbes, domaine du
gibier aquatique et rendez-vous des chasseurs à la hutte. Au Nord
du chemin de Sallenelle à Molière d’Amont, se succèdent la digue de
Molière d Amont, la digue de Guillaume Aubry, la digue de
Recousses, la chaussée Dubois. La route actuelle de Saint-'Valéry
au Hourdel jusqu au Sud de la ferme Yatel est établie sur la digue
de l’Enclos de Sallenelle, sur une partie de la digue de Recousses et
sur la digue Terratu, ensemble qui fut construit entre 1776, et 17821.
Le territoire de la ferme Yatel fut affermé en 1776 à Nicolas Yatel
çur des molières récemment rencloses. Grâce au progrès de la pointe
de galets, 60 arpents purent être renclos en 1782 au Sud du Hourdel
sous 1 administration du comte d’Artois2. C’est depuis cette époque
qu on a endigué les champs de fourrages qui bordent au Nord la
route de Saint-Valery au Hourdel. Enfin, au delà même de ces
champs, la construction d’une jetée basse de rive favorise l’atterris-
sement de nouvelles terres qu’on voit déjà émerger des eaux. Toute
la rive méridionale de l’estuaire de la Somme présente jusqu’au
delà de Saigneville l’aspect caractéristique des molières rencloses.
Certains font remonter jusqu’au xme siècle les renclôtures de Petit-
Port . Sur Boismont et Saigneville, on heurte de distance en distance
des vestiges de digues que le canal de la Somme a rendues inutiles. A
droite du canal, en face de la Bouillarderie et des Boucliers, des
terres ont été mises en pâture depuis la première édition de la carte
d etat-major ; enfin vers 1860 on a renclos 150 journaux de terre à
1 Est de la Ferté (renclôture Flandrin).
Sur la rive droite de la baie de Somme, le banc de galets du Crotoy
servit d’appui aux digues qui vers le Sud-Est gagnèrent Noyelles et
qui vers le Nord-Ouest barrèrent l’estuaire de la Maye. Toutes les
communes riveraines de la baie, Le Crotoy, Favières, Pontlioile,
Noyelles, possèdent une lisière de terrains renclos. Commencées à
une époque que nous n’avons pu fixer, les digues furent restaurées
■' Voÿ. note 36.
3 Arch. Nat. R4 103, 705, e t R1 95, 651.
’ Hecquet d ’Orval, 252, p. 296.
et complétées au x v i i i0 siècle par les soins des intendants royaux et
surtout de Chauvelin1. Un arrêt du 15 mai 1742 permit au comte
des Essarts la clôture des molières de Morlay, comprises entre
l’écluse du Crotoy et la ferme Dufour (banlieue de Ponthoile). Un
arrêt du 21 décembre 1746 concédait à M. de Nointel les molières
de Noyelles, comprises entre les précédentes et le territoire de Port.
Le premier de ces travaux fut achevé en 1748, le second en 1 /63.
Mais plus d’une fois, en 1750 et de 1773 à 1775, des digues rompues
par les tempêtes furent reconstruites et reportées en arrière.
En 1782, sous l’administration du comte d’Artois, une digue haute
de 3 mètres, large de 20 et longue de 4 kilomètres, fut menée du
Crotoy vers Favières, gagnant des terrains à l’Est du Crotoy ; en
1783, nouvelle renclôture en avant des digues de Favières et de
Morlay. Cette partie du rivage, exposée aux vents dominants, était
souvent éprouvée. En 1820, on dut encore d’urgence executer des
réparations aux digues comprises entre la ferme Dufour et la digue
neuve de Favières ; aussi l’entretien des digues à la mer, véritable
objet d’utilité publique, avait-il été organisé par le règlement du
19 vendémiaire an IX et confié, pour tout l’espace compris entre les
baies de Somme et d’Authie, à l’ensemble des propriétaires de chaque
commune ou association syndicale du Marquenterre. Quant à l’estuaire
delà Maye 2, il fut définitivement barré à la fin du xvme siècle.
Des cartes du milieu du xvne siècle le montrent encore noyé jusque
sous Saint-Firmin ; elles prolongent même la baie marine jusqu’à Rue ;
en 1780, la marée montait encore jusqu’à la ferme de la Haye-Penée
et la campagne n’était protégée que par la « digue du Pays » que suit
aujourd’hui la route de La Bassée à Saint-Firmin. En 1746, M. de
Forceville reçut l’autorisation de rencloreles molières sises entre La
Bassée, La Haye-Penée et les dunes de Saint-Quentin, mais il mourait
avant d’achever la digue. Repris en 1775 par des propriétaires
du Crotoy (Delahaye), en 1781 par le sieur Gobeault, les travaux
étaient terminés en 1783. La ferme du Champ-Neuf, dont le nom est
caractéristique, figure sur la carte d’état-major de 1836, mais ne paraît
pas sur la carte de Cassini.
Sur la rive droite de l’Authie3, chaque commune, Collines, Con-
4 Sur les renclôtures entre Le Crotoy et Noyelles, voyez Arch. Nat. Q1 1534 ; R1 93.
651 ; R4 103, 705; U4 10a ; F1 C III, 7, (Somme) ; et les plans N372 Somme; N822 Somme;
N3 74 Somme ; Leiîls, 559 p. 291-292.
8 Sur les renclôtures de l’estuaire de la Maye, voyez Arch. Nat. Q4 1534 ; R4 96, 661 ;
R4 105, Cf. Lefils, 559, p. 171 et 560, p. 314-315.
I Sur les renclôtures de la rive droite de l ’Authie, voyez Arch. Nat. R4 103, R4 95,
R4 96, 664, Q4 923.