CHAPITRE II
LA S T RU C TU R E DU SOL
L L ’évolution géographique. Influence de l ’Ardenne e t de l ’axe de l ’Artois.
Influence des dépressions te rtia ire s de F lan d re e t de P a ris. Les re la tio n s avec
l ’Océan : la Planche. — 11. La tecto n iq u e du sol. Le p lissem en t de la c ra ie e t
ses conséquences géographiques. L’axe de l’Artois. L’axe du Rray. Le synclinal
de la Somme. Le rôle des diaclases d an s la fo rm a tio n du ré se au h y d ro g ra phique.
L’ÉYOLUTION GÉOGRAPHIQUE
Le Bassin Parisien au Sud, le Bassin Flamand au Nord, l’Ardenne
à l’Est, la Manche à l’Ouest, telles sont les limites actuelles auxquelles
se termine de tous côtés la craie de la Picardie, de l’Artois et
du Cambrésis. Ces limites sont l’oeuvre des événements successifs
auxquels la région crayeuse doit son évolution géographique et sa
structure physique. On peut considérer cette région comme un fragment
des hautes terres qui relient l’Ardenne au massif ancien de
l ’Angleterre occidentale en séparant la dépression Parisienne de la
dépression Anglo-Flarqande. Quand nous aurons étudié, ses rapports
avec le massif Ardennais dont l’antique stabilité lui fournit vers l’Est
un point d’appui solide ; retracé ses relations avec les deux bassins
qu’elle sépare et qui plus d’une fois se rejoignirent à ses dépens ;
rappelé enfin son ancienne union avec les terres anglaises dont la
formation du Pas de Calais vient à peine de la détacher, nous saurons
les grandes lignes de son histoire et nous pourrons à l’aide de
■ce lointain passé expliquer le présent.
Influence de l’Ardenne.
Par la permanence de sa masse et l’altitude de son relief, l’Ar-
denne forma toujours vers le Nord-Est la limite des mers du Bassin
de Paris. On en retrouve l’influence profonde dans la nature,
L ’ÉVOLUTION GÉOGRAPHIQUE
l’épaisseur et la disposition des dépôts. En maints endroits, les sédiments
que les mers ont laissés sur les flancs de ce massif présentent
le caractère de formations littorales; le poudingue jurassique de
Loudier appartient à un rivage qui suivait le bord de l’Ardenne, de
10 . N. 0 à l ’E. S. E 1; à l’époque cénomanienne, on observe de
Tournai à Hirson, des dépôts du même g en re2 ; le poudingue
appelé Tourtia par les mineurs du Nord est la forme ordinaire du
cénomanien. A mesure qu on s éloigne de l’Ardenne, l’épaisseur
des couches crétacées augmente ; on se rapproche en effet du centre
du bassin ou les dépôts se sont accumulés en masses puissantes ;
l’épaisseur de la craie blanche qui dépasse 80 mètres à Maignelay
(Oise) et 50 mètres au Nord-Ouest de Saint-Quentin descend à une
vingtaine de mètres près de Guise (Aisne) et d’Havrincourt (Pas-
de-Calais), et tombe souvent à moins de 10 mètres dans le Cambrésis
; elle vient se terminer en biseau vers l’Est. A mesure que le
fond du bassin se comblait de sédiments, il s’affaissait lentement par
1 effet de mouvements orogéniques ; auss* ' 's lignes successives des
rivages crétacés, au lieu de déborder progressivement vers l’Est
reculaient vers 1 Ouest en découvrant Iqs couches plus anciennes;
par suite, les couches supérieures de la craie disparaissent vers
1 Est lune après 1 autre, et la série des couches qu’on traverse en
marchant de 1 Ouest à lE s t est la même que celle qu’on rencontre
dans 1 Ouest en creusant un puits profond. Ainsi, en se retirant vers
l’Ouest, la mer sénonienne dégagea les couches turoniennes. La craie
blanche elle-même, une fois émergée, perdit par la dénudation
atmosphérique une partie de son étendue et de son épaisseur;
1 affleurement des terrains argileux du turonien se trouva reporté*
à l’Ouest, jusqu’à la Selle, l’Oise eUm Serre ; de l’antique extension
de la craie blanche vers rArdenneL, il ne reste plus que les silex
empâtés d’argile qui couvrent les plateaux du Hainaut et de laThié-
rache; la limite actuelle de la craie blanche et de la craie marneuse
n occupe donc pas l’emplacement exact du rivage sénonien ; mais il en
reprodui t la direc tion; et, par là, il trahi t encore l’influence de l’Ardenne.
Influence des dépressions tertiaires de Flandre et de Paris.
A la^fin de la période crétacée, le Sud du continent Ardennais se
soulevé3. Cet exhaussement, qui se propage vers l’Ouest sur toute la
Légende de la carte géologique (Feuille dc'Rocroi).
* Gosselet, 69 bis, p. 816.
3 Gosselet, 69 bis, p. 818.
PLAINE PICARDE. |