cules de la pierre blanche émiettée, s’appellent des marlettes; au Nord
de Saint-Quentin, sur les plateaux qui séparent la Somme de l’Escaut,
on peut encore discerner au simple regard les terres franches
où s’enfonce la betterave, et les terres blanches et sèches où mûrit le
blé. Si la culture abandonnait à elles-mêmes ces terres améliorées
par le lent apport des générations, on les verrait bientôt revenir à
leur nature première ; les matières nuisibles et les éléments fertilisants
s’écouleraient avec les eaux de pluie et, délaissant les pentes,
descendraient au fond des vallées.
I I
LES VARIÉTÉS DE CRAIE
Les craies à bâtir.
Il n’est jamais difficile d’atteindre la craie; on la trouve partout
près de la surface. Mais le rôle qu’elle joue dans l’industrie humaine
a quelque chose de paradoxal ; impropre à la construction par sa
texture physique, elle est grâce à sa composition chimique un véritable
trésor pour l’agriculture. Dans beaucoup de pays, la roche
locale se révèle au seul aspect des maisons ; on sait le caractère
pittoresque que donne aux villages du calcaire grossier ou du basalte
l’abondance d’une bonne pierre à bâtir. Il n ’en est pas de même, à
part quelques exceptions, dans les pays de craie. Pour la construction,
la craie est trop tendre et trop gélive ; en outre les silex
empêchent de la tailler convenablement. Après un voyage dans ces
plaines de craie, c’est une impression inoubliable que la vue de ces
chaumières en bois et en torchis, si basses qu’elles semblent à peine
oser quitter le sol avec leurs murs de terre. La fabrication de la
chaux grasse même se ralentit peu à peu ; comme on veut construire
vite, on préfère des mortiers qui prennent rapidement et l’on
emploie la chaux hydraulique ; l’antique industrie des chaufourniers
s’éteint peu à peu ; les constructions rurales seules lui font encore
appel. On ne voit plus guère de belles carrières de craie qu’au voisinage
des sucreries qui demandent au calcaire l’acide carbonique
nécessaire à l’épuration des jus sucrés ; à Escaudoeuvres, une de
ces carrières entame les assises de craie sur une épaisseur de
15 mètres. Mais c’est dans la culture que là craie trouve son emploi
le plus ancien et le plus original. Les limons du Nord de la France
donnent souvent, à cause de leur nature argileuse, des terres fortes,
froides et humides. Or la craie constitue l’amendement exact de ce
•LES VARIÉTÉS DE CRAIE 51
sol; non seulement elle l ’ameublit, mais encore elle l’enrichit de
tout ce qu’elle peut contenir d’acide phosphorique. Aussi voit-on
souvent les cultivateurs creuser dans leurs champs, à travers le
mon et l’argile à silex, des puits jusqu’à la craie ; ils répandent la
« marne» sur leurs terres.et l ’y laissent pendant l’hiver pour fuser
et se dehter La pratique du marnage, fort ancienne, remonte à
1 époque gauloise; les Romains la trouvèrent à leur arrivée- elle
témoigné deja des habitudes agricoles qui valurent à ces territoires
leur antique renommée de fécondité. C’était un avantage inestimable
que la présence de l'amendement au-dessous même des terres à
amender. Nous retrouvons le marnage dans l’Artois au Moyen Affe •
il est mentionné dans les baux des abbayes de Mareuil et de Saint-
Waast . De nos jours il se pratique sur presque toutes les terres
argileuses, a raison de 50 à 100 mètres cubes par hectare, pour une
depense qui varie de 80 à 110 francs; ces frais qui sont ¿levés ne
reviennent qu à longue échéance ; mais c’est à ce prix qu’il faut
acheter la fertilité des champs ; c’est aux carrières de l’Artois que
les cultivateurs del à plaine flamande viennent s’approvisionner de
c au x , les marmcres de Norrent-Fontes en fournissent aux communes
voisines de la plaine de la L y s; celles de Saint-Omer aux
arrondissements d’Hazebrouck et de Dunkerque ; on comprend
pourquoi les autres régions de France, privées de calcaire comme la
retagne et le Plateau Central, plus éloignées des carrières et moins
lavorisees par les voies de communication, aient attendu le développement
des chemins de fer et des canaux pour perfectionner leur cul-
ture et creer des champs fertiles.
Par exception, la craie peut être propre à la construction. Il
existe dans sa masse des variétés dures, recherchées depuis longtemps
pour les édifices. Leur présence n’est pas constante au niveau
o jjeryo et ce niveau ne peut pas toujours être fixé avec précision.
Cehe irrégularité interdit toute règle dans l’exploration, toute certitude
dans 1 exploitation. Presque toutes les carrières se sont ouvertes
au hasard des observations. Pour déterminer la place de ces variétés
mméralogKjues de la craie dans l’ensemble des assises, il faut s’en
enir a des limites assez larges et imprécises. En partant des couches
i f i i t l “ C,ennes’ les f aies à LâLir peuvent se ranger comme il
S f f iH S T “ 6 gm e ’ dés,Snée aux a v iro n s de Cambrai sous le
om de tourteau; on y recueille le Micraster Breviporus, et elle se
P entre la craie a M. Cortestudinarium (àénonien) et la craie à
‘ Richard, 309, p. 403-404.