culture s’approvisionnent en chevaux de Irait; c’est de là surtout
que les chevaux se répandent dans le Santerre, dans l’Oise, dans
l’Artois, dans la Beauce K D’autres sont dirigés vers Paris pour servir
chez les fariniers et dans les services de transport. D’autres s’en
retournent même dans le Bas-Boulonnais comme reproducteurs.
C’est autour d’Oisemont que se concentre cet élevage intensif; dans
une seule commune, à Villeroy, on comptait en 1900,118 jeunes chevaux
entiers ; le territoire d’Oisemont, outre 130 chevaux de culture,
renfermait 80 poulains. Sous cette forme originale, l’élevage demeure
encore une dépendance de la culture (fig. 21).
Le porc et la vache.
L’élevage du porc ne se cantonne pas aussi strictement que l’élevage
du cheval. Mais il a son foyer principal dans la région d’élevage
intensif, autour de Saint-Pol et dans le Haut-Boulonnais. Les
profits qu’il donne l’emportent sur le produit des récoltes ; cette prospérité
vient de l’abondance des aliments que la culture peut lui
fournir. Dans le Haut-Boulonnais, il n ’est point d’exploitation sans
son étable à cochons ; tout le grain récolté passe à leur nourriture ;
on leur donne des bisailles, des warrats, du seigle, du méteil, de
l’escourgeon, des pommes de terre, du lait; il n’est point de produit
du sol qui ne contribue à leur entretien. Le moindre ménage possède
une coche dont la fécondité lui donne en deux portées environ
quinze petits par an. A cinq semaines, le cochon de lait se vend
25 francs; quand il a quatre mois, le prix atteint 45 à 50 francs.
Entre la Canche et le Bas-Pays flamand, pas de bourg important où
ne se tienne un marché de cochons. C’est à Lillers, Thérouanne,
Eruges, Fauquembergues, Hesdin et surtout Saint-Pol que viennent
s’approvisionner les gros marchands. De tous les côtés arrivent le
jour du marché les longues théories des voitures basses où se presse
la cohue hurlante ; bientôt les routes et les rues sont recouvertes d’un
véritable tapis de chair blanche; les bêtes, achetées par centaines et
1 On peut, p a r la comparaison de deux arrondissements de culture différente, apprécier
la différence essentielle de la population chevaline.
En 1894 A r r a s . Bo u lo g n e.
Chevaux entiers. . . . . . . . . . . . . . . . . 570 142
Hongres.................................................. 1 . 8 4 3
7 . 7 2 1
Poulains de 1 8 9 3 ....................... - .......................... . . '........................... 5 7 1 1 . 4 7 5
Poulains de 1 8 9 4 .................................................... ...................................................3 0 9 1 . 3 5 2
même par milliers, sont embarquées sur le chemin de fer pour les
Ardennes, pour la Seine-Inférieure et pour les plaines voisines où les
cultivateurs les engraissent. Comme le porc est un bétail fort accommodant,
nous le retrouvons un peu partout, mais en particulier
dans les campagnes de Songeons, de Formerie, d’Hornoy, d’Aumale;
on lui donne tous les déchets de laiterie. Dans le budget d un cultivateur,
la vente des porcelets et des porcs représente parfois le plus
o-ros bénéfice ; dans les campagnes de culture pénible, c est sur ce
calcul que repose l’existence de l’exploitation ; quand les produits de
la terre ne rendent point, on leur donne de la valeur en les transformant
en chair.
Les progrès de la culture, l’introduction des plantes sarclées et
des plantes fourragères, la suppression des jachères, l’emploi des
engrais chimiques, en accroissant les récoltés et les moyens d alimentation,
ont permis de développer partout la population des étables.
Dans la région occidentale, grâce aux pâtures, on peut élever les
jeunes ; on s’efforce de les faire naître pendant 1 hiver ou bien au
printemps afin que, une fois sevrés, ils grandissent dans les herbages.
Ainsi autour de Saint-Pol et dans le Haut-Boulonnais, on élève des
génisses qui deviendront des vaches à lait dans les environs d Arras
et de Saint-Omer et de jeunes boeufs qu’on engraissera dans les
pays de culture intensive. Mais la grande ressource, c’est partout la
production du lait. Certaines vaches peuvent donner dans les meilleures
conditions jusqu’à 40 litres par jour. Mais il existe diverses
combinaisons pour la vente du lait. Grâce aux écrémeuses centrifuges
dont l ’emploi devient commun chez les bons cultivateurs, on
peut fabriquer rapidement d’énormes quantités de beurre; en 1899,
l’arrondissement d’Arras en fournit 1.378.000 kilogrammes, celui de
Boulogne 384.000, celui de Montreuil 359.000l . De même sur la
lisière de la Normandie, les fermes herbagères picardes transforment
en beurre une grande partie de leur la it; elles l’expédient
tantôt vers le Tréport et l’Angleterre, tantôt vers Formerie, Neu-
châtel et Gournay. Parfois, au voisinage des grandes villes, on a
plus d’avantage à vendre le lait directement au consommateur ou
bien à l’expédier sur Paris comme le font les campagnes que tra verse
la ligne du Nord au Sud d’Amiens. Ailleurs on préfère avec le
lait engraisser les veaux pour la boucherie ; chaque semaine on les
porte au marché, à Aire-sur-la-Lys, à Saint-Pol, à Hesdin ou bien à
Aumale, à Songeons, à Beauvais, à Formerie, à Poix, à Blangy.