chil-le-Temple, Waben, Groffliers, Berck,possède son lot de molières.
La « digue du Pays » remonte à une époque éloignée que nous
n avons pu préciser. Mais, en avant de cette ancienne défense, des
lignes de digues parallèles s’élevèrent successivement au xvin° siècle.
La digue qui longe étroitement l’Authie sur Conchil se construisait
7ev7'aÈrv abandonné p a r la, m er
et donné' en, 1 7 2 9 à JW 'd e HaXloy,
duquel i l en, a été ôté3 0 0 arpents
en, 1731 p o u r semoir de- communes
a, B erck , e t Gro/fHers-
Ancien, écoulement- des eaux vers
Berck-
Petite.Arche, écoulem ent a ctu el
bers GnotJ'liens.
Fig. 18.: Ancien état de là côte à Bevck, d ’après un plan de 1731
(Archives nationales, Q1 923)
Nouvelle Ecluse
en 1778 : la ferme d’Authie exploite ces anciennes molières. En
1744, 35 mesures étaient rencloses sur Waben par M. Dupuis. En
1778, le sieur Bâillon, bailli de Waben, livrait à la culture 64
arpents de molières sur Waben et Groffiers; en Septembre 1786,
une tempête rompait ces digues et inondait ses récoltes; il fallut
reconstruire une digue en arrière des ruines et perdre plusieurs
arpents repris par la mer. En 1851, sur Groffliers, onze hectares
étaient enclos au Sud du royon de la Rocque. De tous côtés, la mer
recule pas à pas ; parfois elle revient avec violence ; mais, après ces
retours éphémères, la lente retraite recommence. Sur le territoire de
Berck, entre ce village et Groffliers, la marée baignait encore une
large baie, au début du xvme siècle ; tout ce terrain fut concède en
1729 au sieur Hacot du Halloy, desséché et mis en valeur ; 300
arpents en furent distraits en 1731 pour servir de communaux à
Berck et à Groffliers; on trouve encore sur ces terres une série de
mares qui présentent une flore halophile. Meme état du livagc sur
le côté gauche d e là baie de Canche, de Trépied à Villers et à Hur-
tebise; mêmes travaux au xvme siècle (1740 et 1778) et conquête
définitive de nouveaux champs.
Mais nulle part les travaux d’endiguement ne paraissent avoir
été menés depuis plus longtemps ni avec plus de méthode que dans
le Marquenterre, à gauche de la baie d’Authie. On donne souvent au
Marquenterre une étendue qu’il n’eut jamais; ce n est ni le pa^s
d’alluvions qui s’étend de la Canche à la Somme, ni même 1 espace
compris entre l’Authieet la Somme. Le Marquenterre n’englobait ni
Rue, ni Ponthoile, ni Noyelles, ni Le Crotoy ; il se composait exactement
des paroisses de Quendet de Saint-Quentin-en-Tourmont, et
des hameaux ou fermes de Haye-Penée, Froise, Mondiaux;, Rou-
thiauville, Royon, Vieux-Quend. La charte d’érection de sa commune
en 1199 en fixait déjà la circonscription1. Le Marquenterre est
un exemple de commune accordée non pas à une ville, à un bourg,
mais à un groupement rural de paroisses, de hameaux et de fermes.
Grâce à son organisation communale, grâce à l’administration de
ses maires et de ses échevins, il fut très tôt pourvu d’un service
hydraulique. La coutume y était de mettre en adjudication les
molières à renclore ; le prix servait à construire les digues. Le cens
payé par ces terres se percevait au profit du trésor communal. La
défense du pays contre les eaux prenait, comme en Hollande, les
proportions d’un service public. Une digue, « le Royon de Jean
Gruber » portait le nom d’un maire du Marquenterre (1462) ; plusieurs
renclôtures s’appelaient « Molières des Bourgeois jurés ».
Dans la construction des digues du Marquenterre, on peut distinguer
deux périodes, comprenant chacune deux séries de travaux2.
La première période revient à l’administration communale ; la
seconde, à l’administration royale. La première et la plus importante
digué du Marquenterre remonte certainement au xme siècle, peuti
Nous ignorons l’étymologie du mot Marquenterre. Mais l’étendue exacte du territoire
est nettement définie dans la Charte (Cartulaire du Ponthieu, p. 32-33) et d a n s .
les textes d’Archives, Cf. Arc h. Nat. R> 104, 705-10 (Registre, p. 2 et 3) ; Q’ 1534. Voy.
Darsy 527, II, p. 85-86.
- Sur les renclôtures du Marquenterre, voyez Arch. Nat. Q1 1534 (un gros et important
dossier) et N3 Somme n» 10. (une belle carte de 1737), N3 Somme 71 (1717) et R* 105,
706, Cf. Darsy, 527, II, p. 103-116.