valeurs de Flandre de disperser leurs habitations, la facilité de l’approvisionnement
èn eau, n’agit pas dans nos pays de culture. La
multitude des niveaux d’eau et la proximité des nappes souterraines
éliminent l’une des plus, grosses difficultés dont puissent s inquiéter
les établissements agricoles ; elles leur créent une possibilité d indépendance
dont ils profitent pour s’écarter. Il n ’en est pas de même
sur les plateaux de craie. La profondeur des nappes d eau dans la
craie entraîne la construction de puits coûteux et rares autour desquels
se groupent les habitations. L’agglomération qui s impose
comme une loi à l’établissement humain sur ces plateaux secs trouve
donc son principe dans une loi hydrologique. Seules peuvent vivre
à l’écart les fermes dont les propriétaires ont été assez riches pour
forer un puits et creuser une mare. Pour la masse des cultivateurs,
l’association fut une nécessité; l’agglomération devint la règle(fig. 28).
On pourrait croire que cette loi se relâche dans les vallées où
l’afflux constant des nappes souterraines concentre toutes les eaux
de la craie. L’eau, semble-t-il, doit s’y trouver presque à portée de
la main et les habitations doivent y reprendre leur liberté. C’est ce
qu’on observe en effet dans beaucoup de vallées ; mais il faut en
excepter toutes les vallées tourbeuses ; sur leur fond inconsistant et
marécageux, des maisons ne peuvent s’établir. Aussi remarque-t-on
que tous les villages les évitent et se fixent sur les versants, à mi-côte ;
suivons-les sur la carte, observons les villages des vallées de l Ancre,
de l’Hallue, de l’Avre, de la Noye, de la Selle (fig. 28) ; partout, et
presque sans exception, ils sont installés sur la pente crayeuse qui
descend à la rivière ; sur la carte, les petits ronds qui signalent les
églises prennent presque toujours position à droite ou à gauche de
la vallée, sur une croupe qui la domine; par leur emplacement, ils
indiquent que le village dont ils marquent le centre, le coeur, a recherché
un site élevé ; on observe des exemples typiques de cette disposition
sur l’Hallue, à Querrieu et Pont-Noyelles, sur l’Ancre à Méri-
court et à Ribemont, sur l’Avre àBecquigny, sur les Trois-Doms à
Hargicourt et Pierrepont ; ils abondent sur la Somme, de Saint-
Quentin à Amiens. Dès lors ces villages de vallées se trouvent placés
dans les mêmes conditions hydrologiques que les villages de plateaux.
Pour avoir de l’eau il leur faut creuser dans la craie des
puits moins rares et moins profonds que sur le plateau, mais encore
assez coûteux pour exiger le forage et l’entretien en commun ; de là,
sur le bord de nos vallées tourbeuses et marécageuses, ces agglomérations
agricoles qui ressemblent en tous points aux agglomérations
de la plaine.