Lorsque les vallées sont mieux drainées et que l’eau cesse d’être
un obstacle à l’établissement humain, on y voit les maisons s’épar-
piller, les villages s étendre à leur aise. Libérés de la tyrannie de
1 eau, ils peuvent s’alimenter à des puits peu profonds creusés dans
Les villages au Nord de la Çanche. Les habitations se disséminent dans les vallées :
seules, quelques grosses fermes occupent les terres des étroits plateaux.
les alluvions. On rencontre ces conditions nouvelles dans les vallées
de la Ternoise, de la Planquette, de la Créquoise, de la Bresle (fig. 29).
Les habitations s’y disséminent sans loi ; les villages et les hameaux se
rejoignent en traînées vagabondes ; sur ces espaces restreints, nous
voyons se reconstituer les conditions hydrologiques qui, sur un
domaine plus large, expliquent la répartition des habitations à la surface
des alluvions flamandes. Dès que nous quittons ces fonds de
vallée pour monter sur les plateaux, l’agglomération reparaît et les
villages compacts se reforment.
Dans ces agglomérations, le rapprochement des maisons constitue
pour chacune d’elles une perte de liberté. Il est rare qu elles
puissent rechercher une bonne orientation. Tandis qu’en Flandre
l’habitation rurale tourne le dos au Nord, qu’elle lui oppose un toit
très bas et que vers l’Ouest, contre les pluies fréquentes poussées
par les vents, elle tourne un pignon protégé par un toit en pente et
par une construction annexe, elle ne peut dans les villages agglomérés
que se tourner vers la rue ou la route, indifférente à toute
autre direction. Lorsque à l ’Est des plaines crayeuses on gagne la
Thiéraclie où les habitations s’espacent davantage, on constate un
souci plus grand de l’orientation ; entre Vervins et Hirson, les façades
regardent volontiers le Midi; au Nord, le toit descend presque ju squ’à
terre ; les murs, exposés au froid et à la pluie, se couvrent de
placages en bois ; c’est l’avantage d’une plus grande liberté individuelle
laissée à l’habitation.
Sur toute l’étendue des plateaux de craie, les habitations rurales
se présentent donc en villages agglomérés. Il reste à expliquer leur
emplacement et à montrer comment se sont localisés ces groupements
agricoles.
La position des villages.
Les villages, qui doivent leur emplacement à la proximité de
l’eau, sont rares ; mais cet avantage constituait pour des cultivateurs
une telle ressource que, toutes les fois qu’ils l’ont rencontré, ils
l’ont utilisé sans en chercher d’autres. Sur la craie, les circonstances
capables de donner des points d’eau naturels et de fixer des villages
peuvent se définir et se localiser très exactement.
Elles se rencontrent, d’abord lorsque dans les témoins tertiaires la
superposition d’une couche perméable, limon ou sable, à une couche
d’argile détermine une nappe souterraine facile à atteindre, ensuite
lorsque par le relèvement de la craie marneuse inférieure à la craie