beaucoup avec ses 8.000 litres les 4.200 litres de l’Avre. Le Thérain
et l’Aa présentent le môme avantage ; ils prennent leurs sources dans
les régions les plus pluvieuses de la contrée.
Dans ces pays tranquilles, l’absence de grands reliefs favorise la
douceur des pentes : pas de fortes dénivellations, ni de grandes hauteurs
de chute. Sur le moindre torrent des Vosges, l’énergie de la
masse d’eau s’accroît de toute la poussée que lui imprime une rapide
descente ; ici, le courant est plus calme. Tandis que la Plaine dévore
141 mètres de pente sur 22km,b de cours, soit une moyenne de 6m,26
par kilomètre, l’Ancre ne descend que de 57 mètres en 38 kilomètres,
soit une moyenne de l m,50 par kilomètre. De même, le
Rabodeau dévale de 8m,64 par kilomètre, prodiguant la vie à tout un
monde de scieries, de papeteries et d’usines, pressées les unes
contre les autres comme les cellules d’une ruche, Dans la Picardie
et l’Artois, les pentes sont plus molles, les rivières plus paresseuses,
comme le montre le tableau suivant :
Rivières. Pente p a r kilomètre,
B r e s l e ............................................................................ ' 2m 51
Selle (E sc au t) ........................................................................... 2m,45
— (S o m m e ) .................. .......................................................... 2m,40
Lys (ju sq u ’à Aire). ................................... . . .' 2m,20
Aa (jusqu’à S a in t-O m e r) .......................................................... 1111 90
Noye._.................................................................... ■........................ jm’74
T h é ra in ............................................................................... l m,72
Ancre . ..................................................................................... l m 50
Esc au t (jusqu’à B o u c h a in ) ...................................................... l m,25
A u th ie .............................................................................................. im 21
C an ch e .................................................................................... .... l m 03
A v re .............................................................................................. .... i
Somme (jusqu’à A b b ev ille )..................................................... 0m,48
On voit par ces chiffres que la pente, non moins que le volume
des eaux, crée des différences naturelles entre toutes les rivières
de la même contrée; de la combinaison de ces éléments divers dans
leur organisme, résulte leur valeur propre, leur rôle utile; les unes
rachètent par la hauteur des chutes, la faiblesse de leur volume;
les autres compensent par l’abondance de leurs eaux la lenteur du
courant (fîg. 44).
Jetons les yeux sur notre carte des ressources hydrauliques du
département de la Somme. Nous trouvons que la Selle, de Conty
à Amiens, alimente 29 moulins et usines, parmi lesquels 10 lui
empruntent en eaux moyennes plus de 30 chevaux-vapeurs ; pas un
établissement ne lui en demande moins de 1 0 ; c’est la rivière la plus
travailleuse du bassin de la Somme ; elle doit sa supériorité, d’abord
à sa pente kilométrique de 2m,40 presque uniforme sur tout son
trajet industriel, ensuite à son débit d’eaux moyennes relativement
fort; par là, elle est mieux partagée que la Noye (pente de lm,74,
débit de 1.140 litres) et surtout que l’Avre (pente de 1 mètre, débit
de 4.260 litres) dont le courant insensible ne peut accueillir que dé
petits moulins. On peut observer de même, autour d’Albert, un
grand nombre de chutes; elles coïncident avec un tronçon de l’Ancre
dont la pente est très forte. Sur la Somme, au cours si lent, nous
n’avons pas une chaîne industrielle semblable à la vallée de la Selle,
mais des barrages très espacés, à Péronne, Corbie, Daours, Amiens.
Ailly, Picquigny, Pont-Rémy; le large îlot de la rivière donne en
volume la force que son lit ne lui donne pas en pente. Sur l’Authie
c’est le cours moyen seul qui travaille, parce qu’il réunit un débit
suffisant et une pente utile; en amont, le débit manque; en aval, la
pente faiblit et la rivière forme des marais. Ainsi chaque rivière
possède un tempérament personnel qui la distingue des autres par
la pente et par le débit.
Mais leur caractère commun est partout l’insuffisance de cette pente
et de ce débit. Les établissements industriels qui se contentent de
la force hydraulique sont condamnés à rester faibles. Pour ceux qui
P LA IN E P IC A R D E .